25 juin 2022

Un joual de Troie?

 Depuis quatre ans, François Legault et sa CAQ font semblant d’être fédéralistes… même si à chaque tournant, leur nationalisme tricoté serré pointe le bout de l’oreille. Ça se sentait déjà dans leurs échanges avec PET junior… mais on pouvait toujours se dire que c’était dû à la niaiserie de ce dernier et à l’incompréhension du ROC. 

Avaient suivi la Loi sur la laïcité et celle sur la langue, qui marquaient déjà une sérieuse dissonance avec l’orchestre Canadian. Mais comme ça venait de fédéralistes proclamés, quoique un peu hors-normes, Ottawa et Calgary pouvaient fermer les yeux… ou se pincer le nez.

Or depuis un mois, c’est plus un bout d’oreille, c’est le loup tout entier et sa meute qui sont sortis du bois. Il y a eu la Célébration des Patriotes, le centenaire de René Lévesque, Jolin Barrette à l’Académie française, les spectacles de la Fête nationale et ceux des Premières Nations, les remarquables publicités sur la langue au travail et dans le quotidien, l’adhésion chaudement accueillie de péquistes convaincus au rang des candidats, la (belle) programmation de Télé-Québec sur le terroir, sur la culture, sur le passé social, l’étonnante émission «La Fin des faibles» et son métissage typiquement montréalais. Tout ça est  extraordinairement concentré pour ramener l’attention de toute la population (et pas seulement des «pure-laine») sur le Québec et sur le seul Québec. Quand je zappe vers RDI et le National avec son insistance sur tous les coins perdus du Canada, je me sens de plus en plus en terre étrangère. Sympathique, soit, mais étrangère.

On pourrait prétendre que cela trahit de pures préoccupations électorales… sauf que d’une part l’avance du parti dans les sondages est telle qu’il n‘avait aucune besoin d’un tel changement de cap, et d’autre part tous nos pundits (Joute et Mordus confondus) jurent que le thème national n’est pas un facteur majeur dans la campagne. Alors pourquoi?

J‘en viens à me demander si ce vieux renard de Legault ne vise pas à occuper tout l’espace politique québécois… en attendant une occasion qui, dans la tourmente des crises des années 2020, risque très fort de survenir pour lui permettre de répudier son nouveau et suspect «beau risque» et revenir à ses premières amours…