22 septembre 2007

Ouragan Dean et Mer Baltique

(26/08/2007) La dernière semaine de croisière a été sérieusement perturbée par les nouvelles de la Martinique. Comme nous allions quitter Saint-Pétersbourg, nous avons appris que Dean, le premier ouragan tropical de la saison 2007 fonçait tout droit sur notre île favorite et menaçait de tout y bouleverser... y compris la marina où niche le Bum chromé.
Le second du Seabourn Pride, constatant notre inquiétude, nous a promis de nous tenir au courant de la météo. Le lendemain du départ pour Stockholm, il nous a informés que Dean était passé du statut de force 2 (tempête tropicale) à celui de force 3 (ouragan) et ciblait directement le sud de la Martinique. Pour ajouter à notre angoisse, les communications satellite étaient (logiquement) perturbées par la météo, et donc impossible de joindre notre skipper Gérard et nos copains Daniel et Charles par téléphone.
Au matin du 18, nous avons appris par les mini-journaux distribués à bord que Dean avait frappé la Martinique de plein fouet et causé des dégâts considérables en particulier à Case-Pilote, la commune voisine du Marin. Gros soucis. Nous avions beau nous dire que nous avions laissé à Gérard la consigne stricte de mettre la voile vers le Sud à la première alerte, avait-il eu le temps de le faire? Et dans quel état se trouvaient nos copains du Marin Raymond Marie, Mathilde Pancrate, les Jean-Joseph, Pancho et cie? Et la famille? Et les amis du Diamant?
Ce n'est qu'une fois en rade de Stockholm (deux jours d'escale) que nous avons pu avoir des nouvelles fraîches et rassurantes. Nous avons pu toucher par cellulaire Daniel, dont la maison du François avait été épargnée, sauf pour quelques tuiles arrachées, un jardin décimé et des coupures temporaires de courant et de téléphone. Il nous a confirmé que Gérard était parti à temps pour les Grenadines avec le cata, que le Marin avait été relativement peu touché -- ni blessés ni décès -- et que la famille d'Azur au Diamant et à Fort-de-France, quoique éprouvée par des black-outs et quelques dommages matériels, était indemne et de bon moral. Ouf.
Il était cependant évident que la Martinique dans son ensemble avait été fortement touchée, notamment les plantations de bananes et de canne à sucre, presque totalement détruites, et les infrastructures énergétiques, victimes de ruptures majeures. Par exemple, il a fallu plus d'une semaine pour toucher Raphaëlle et Charles Larcher, que la chute d'un pylône électrique avait maintenus dans l'isolation près d'une dizaine de jours. Ce qui nous a incités à envisager un retour aux Antilles un peu plus tardif que prévu.
La visite de Stockholm, dans les circonstances, a été quelque peu ébréchée. La ville dans l'ensemble nous a plu, mais nous n'avons pas pu l'apprécier à sa juste valeur. Nous nous sommes contentés d'une excursion de bus touristique très standard, et de courtes promenades dans le centre, près du port.
De toute façon, pour nous, l'essentiel de la croisière était fait: les dernières escales, le port allemand de Warnemunde (non loin de Berlin) et la station touristique danoise de Bornholm, quoique sympathique, ne présentaient plus le même intérêt. Nous nous sommes contentés de jouir du confort de la vie à bord et d'effectuer de courtes virées à terre, par exemple pour visiter un des célèbres ateliers de souffleurs de verre de Bornholm. Au fond, nous avions hâte de rentrer à Copenhague, où nous avions réservé la même chambre qu'à l'aller au Kong Frederick.
Cette fois, la place de l'Hôtel de ville était envahie par un Gay Pride sans excès et plutôt sympa, et la grande majorité des touristes avaient foutu le camp, ce qui changeait totalement l'atmosphère de la ville, pour le mieux. Nous avons enfin pu apprécier dans le calme la version gastronomique du renommé lunch-sandwich danois, le "smorrebrod", dans un café fameux pour cela, le Kronborg, qui ne nous a pas déçus. Et nous en avons profité pour visiter quelques sites qui nous avaient échappé (ou qui étaient engorgés de touristes) la première fois, par exemple la place des Palais royaux et le quartier "branché" de Christianhavn qui fait penser à un "Marais sur canal Saint-Martin".
Lorsque nous avons repris l'avion pour Paris hier après-midi, c'est avec la ferme intention de revenir. Mais nous étions aussi fort heureux de nous retrouver, même si c'était près minuit, dans notre petit nid douillet de Montpellier où, de plus, nous attendaient une série de mails rassurants et de bonnes nouvelles...

01 septembre 2007

Ô Saint-Pétersbourg

(17/08/2007) Le clou de la seconde partie de notre croisière aura certainement été Saint-Pétersbourg, une ville dont Azur rêvait depuis des années... et qui a amplement répondu à ses attentes. Nous y sommes arrivés tot le matin du 14, en suivant une des branches de la Neva bordée d'une foule de cargos en plus ou moins bon état et, assez bizarrement, de sous-marins en réparation.
La taille du Seabourn Pride lui permettait d'accoster en pleine ville, en face de l'Académie des Beaux-Arts, non loin des immenses façades de l'Amirauté et de l'Ermitage. Comme nous n'avions pas pris de visa pour la Russie (les formalités semblaient inutilement longues et complexes), nous devions nous limiter à des excursions et visites programmées par la ligne de croisière.
Pour contourner la difficulté et nous faire une meilleure idée de l'ancienne capitale des tsars, nous avons fait réserver par le bateau une voiture avec un(e) guide parlant français. Excellente idée, qui nous a permis de passer une bonne partie de la première journée à vagabonder à notre fantaisie non seulement dans le quartier central monumental, mais aussi dans des coins où les touristes de passage s'aventurent moins souvent. Ainsi, après nous être tapé l'impressionnante cathédrale Saint-Isaac et l'incontournable forteresse Pierre-et-Paul (dont les puissants murs de granit ne servent plus que de décor aux baignades des Saint-Pétersbourgeois), nous avons marché un peu dans le délicieux Jardin d'été, erré le long de paisibles canaux, nous sommes aventurés en quasi-banlieue jusqu'au fabuleux ensemble Smolny, une symphonie de bleus, de blanc et d'or, et sommes redescendus par l'inévitable Perspective Nevski. Bonheur supplémentaire, notre guide, une femme cultivée d'une cinquantaine d'années, parlait un excellent français et faisait preuve d'esprit et même d'humour. Surtout pour Azur, qui commençait à en avoir soupé de n'entendre que de l'anglais aussi bien à bord qu'au cours des excusions organisées par le bateau, un épisode à marquer d'une pierre blanche.
En soirée, nous avons eu droit à une visite exhaustive (on peut le dire!) du fastueux palais rococo de l'impératrice Catherine à Tsarkoïe Selo-Pouchkine, suivi d'un souper « typiquement russe » (en version un peu trop touristique à l'américaine à notre goût) dans un pavillon voisin du palais; le repas était agrémenté d'un spectacle folklorique consistant pour une bonne part en interprétations chantées et dansées d'airs jadis rendus célèbres – avec beaucoup plus de talent, avouons-le – par les Choeurs de l'Armée rouge, que nous avions vus à Montréal il y a au moins une trentaine d'années.
Le lendemain, un autre palais était au programme: Peterhof, la grandiose pâtisserie baroque que Pierre le Grand fit édifier au bord du Golfe de Finlande, dans le but d'éclipser le Versailles de son copain Louis XIV. L'édifice et ses dépendances (dont deux ou trois autres palais moins importants) sont effectivement spectaculaires, d'autant plus qu'il s'agit en grande partie d'une reconstitution: l'original a été presque complètement détruit par les Nazis pendant le siège de Leningrad (qui a duré 900 jours entre 1941 et 1944), puis reconstruit pierre par pierre sur une période de trente ans, au bout de laquelle on y a réinstallé les meubles anciens, tableaux, tapisseries et autres trésors d'époque que Staline – dont personne ici ne prononce le nom, tiens! – avait fait mettre à l'abri au début de la guerre.
Il faut dire que le plus fascinant de Peterhof, ce n'est pas l'intérieur, mais les jardins, agrémentés de dizaines de spectaculaires fontaines, la plupart de bronze doré, d'où jaillissent des centaines de jets d'eau. Un spectacle féérique qui s'étale le long d'un canal qui va du pied du belvédère du palais jusqu'à la mer, pas loin d'un kilomètre plus loin. Là, nous attend un hydroglisseur rapide (les Russes les appellent des « rockets ») qui nous ramène en ville, à un débarcadère juste aux pieds du Palais d'hiver, élément principal du Musée de l'Ermitage.
Celui-ci est notre unique destination de la troisième journée, et c'est bien suffisant; la fatigue nous a forcés à laisser tomber une représentation du « Lac des Cygnes » de Tchaikovski au Théâtre Mariinsky (anciennement Kirov). Que dire de l'Ermitage? Pas grand-chose, d'abord parce que tout a été dit, et surtout parce qu'un survol de quelques heures ne peut donner qu'une vague idée d'une institution qui compte cinq édifice, plus de mille salles, toutes plus superbes les unes que les autres, et présente soixante mille oeuvres à la fois, tirées d'un fonds de près de trois millions de pièces. Mentionnons seulement une belle collection de Rembrandt, la splendeur des galeries consacrées aux impressionnistes français, une merveilleuse série de Matisse... et mon regret d'avoir raté, faute de temps, la section « antiquités » et son trésor unique de bijoux d'or scythes du 6e siècle avant notre ère. Il faudrait revenir y passer plusieurs journées pour satisfaire toutes mes envies.
Dernière curiosité de la «Cité des tsars», une véritable passion pour les noces traditionnelles, qui se tiennent habituellement dans le «Palais des Mariages» le long du quai où est amarré notre bateau de croisière; cela nous donne donc droit, à toutes les heures du jour, à un véritable défilé de limousines enrubannées noires, blanches ou dorées (quand elles ne sont pas bleu pastel ou rose bonbon, à l'image des palais environnants) dégorgeant des couples tous plus élégants et romantiques les uns que les autres, qui vont prendre la pose devant les monuments et les édifices les plus spectaculaires du centre-ville!
Avant Saint-Pétersbourg, nous avions fait escale à Tallinn, capitale de l'Estonie, petit pays balte de moins de 1,5 millions d'habitants, qui nous a très agréablement surpris. C'est une jolie ville qui a conservé beaucoup de ses maisons et de ses monuments médiévaux, et dans laquelle nous nous sommes promenés à pied toute une matinée avec grand plaisir. Non seulement l'endroit est agréable (ça fait penser à la fois au Vieux Québec et aux anciennes cités belges comme Bruges et Gand), mais les gens sont sympathiques et détendus; beaucoup parlent anglais, quelques-uns français, et les filles blondes aux yeux bleus ont des sourires chaleureux même alors que vous refusez de leur acheter quelque souvenir un peu trop touristique...