28 octobre 2023

Au lendemain de ma fête

Réflexion sur mes 82 ans, ou «J’haïs ça. Mais.».


J’haïs ça quand il faut m’appuyer sur les deux accoudoirs

Juste pour me mettre debout et avoir mal à la patte.

J’haïs ça quand sitôt debout j’ai envie de faire pipi

Et qu’il faut courir à la toilette ou pisser dans ma culotte.

J’haïs ça quand marcher un coin de rue jusqu’au dépanneur

C’est pire que faire le Marathon de Boston.

J’haïs ça quand mon palais fait à peine la différence

Entre un armagnac XO de 3o ans et un machin à 30 piastres.

J’haïs ça quand j’arrive à peine à mâcher et avaler

L’entrecôte saignante dont je me délectais d’avance.

J’haïs ça quand je louche sur une fille à la démarche superbe 

Et qu’elle ne voit que ma barbe blanche.

J’haïs tout ça… mais.

Si c’est le choix qu’il faut que je fasse

Entre finir tout ça et rire encore avec mes proches et amis 

Et voir un soleil rose se lever encore une fois dans l’est vaporeux

Et savoir ce qui va advenir de notre foutue planète

C’est même pas un match!


Reflection on my 82th birthday, or "I hate it. But.".


I hate it when I have to push on both armrests

Just to stand up and endure a sore leg.

I hate it when as soon as I stand I need to pee

And have to run to the toilet or piss in my pants.

I hate it when just walking to the corner store

Is worse than doing the Boston Marathon.

I hate it when my palate barely makes the difference

Between a 30 year old Armagnac XO and a 30-buck brandy.

I hate it when I can barely chew and swallow

The luscious rib steak I was salivating for.

I hate it when I focus on a hip-swinging pretty girl

And she only sees my white beard.

I hate all that… but.

If this is the choice I have to make

Between ending all that and going on laughing with my loved ones 

And seeing the pink sun rising once again in the misty east

And knowing what will happen to our damn planet

It's not even a match!

15 octobre 2023

Notre monde d’«élites»!

Je sais que je me répète, mais je suis bouleversé par ce qui se passe dans le monde où nous vivons… et par l’aveuglement général qui refuse d’en voir non pas la cause, mais certes une des causes principales: des gouvernements d’«élites»dont les évènements prouvent qu’ils n’ont pas pour objectif majeur le bien de leurs peuples, mais deux préoccupations purement personnelles: leur intérêt propre et leur mainmise sur le pouvoir.

Qui oserait encore prétendre que la guerre en Ukraine, le chaos doublement terroriste en Israël/Palestine, la guerre interne au Soudan, la persécution des femmes en Afghanistan et en Iran, le désastre social et humanitaire d’une guerre de milices télécommandées au Yémen sont le fait de «peuples» qui seraient trop ignares ou trop préjugés pour mériter de se gouverner eux-mêmes? Dans chaque cas, l’analyse la plus réaliste montre que les masses populaires sont des victimes impuissantes et qu’à la base des tragédies se trouvent des décisions ou des actions commises par des cliques de gens qui soit s’en sont arrogé le droit, soit l’ont obtenu d’électorats en partie aveuglés, en partie emprisonnés par un système désuet dans une fourchette de choix insignifiants ou nuisibles.

Les «peuples» qu’on dénigre ne sont pas des entités à la fois homogènes et indéterminées, capables de toutes les folies. Chacun est en majorité le rassemblement de parents qui triment pour faire vivre leur famille, de mères qui ne veulent pas voir leurs enfants partir à la guerre, de jeunes qui font ce qu’ils peuvent pour s’assurer et assurer à la planète un avenir convenable. S’y trouvent aussi des fanatiques, des fous meurtriers, des ignorants bourrés de préjugés, bien sûr. Mais ils ne sont partout qu’une minorité dont le pouvoir réel de nuire demeure limité – il dépend d’ailleurs trop souvent de l’occasion que leur en donnent des dirigeants ambitieux et égoïstes. Et on trouve clairement leurs équivalents dans nos «élites», démocratiques ou non… sauf que là, ils ont une capacité bien concrète de provoquer par eux-mêmes troubles, tueries et guerres. 

Dans la majorité des pays de la planète, et j’admets que c’est grâce en partie au régime de la «démocratie représentative» héritée du Siècle des Lumières, il se trouve désormais une masse de citoyens raisonnablement instruits et informés des questions qui affectent leur vie et celle de  leur entourage. Une forte proportion du reste du monde progresse lentement mais sûrement dans la même direction. Cela signifie qu’il est temps de travailler sérieusement à remplacer un régime politique qui a bien joué son rôle depuis deux siècles, mais qui s’avère inadéquat et même néfaste, face aux défis nouveaux que pose le 21e siècle. 

Il est temps que les peuples apprennent à se gouverner eux-mêmes, en se passant des actuelles cliques d’intermédiaires trop souvent profiteurs; et la seule façon pour eux de l’apprendre est en le faisant – comme l’a appris la bourgeoisie aujourd’hui dominante quand elle a jadis arraché le pouvoir politique des mains de la royauté et de l’aristocratie. Jusqu’à Louis XV, George IV, Guillaume II et Nicolas II, les élites d’alors l’en croyaient incapable – et la suite a prouvé qu’elles avaient tort, même si l’apprentissage a souvent été douloureux et chaotique.

Ce qui se passe aujourd’hui me conforte dans la conviction que m’a dictée un demi-siècle d’expérience journalistique, que si difficile que soit cette transition vers un véritable «gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple», elle ne peut être pire que le désordre d’aujourd’hui, et qu’elle offre au moins l’espoir d’en sortir.

02 octobre 2023

Vanité des vanités, Trump n’est que vanité!

 Il y a un aspect de la personnalité de Donald Trump que j’avais bien mal décrypté: son orgueil. J’imaginais qu’un pareil vaniteux n’accepterait jamais de figurer en «perdant» après avoir accablé et avili tous ceux qu’il affublait de cette étiquette (John McCain, Hillary Clinton, etc.) et qu’il se retirerait sous sa tente floridienne et disparaîtrait de la scène politique après une cinglante défaite aux mains de Joe Biden. Mais je ne comprenais pas que son orgueil ne portait que sur les apparences, pas sur les faits ni sur la substance, et donc que cela exigeait qu’il continue à parader, fût-ce comme pitoyable victime d’un complot bien peu réaliste. Je le regarde ce matin et suis encore abasourdi de le voir se pavaner à la caméra comme si le tribunal new-yorkais était une scène dressée pour qu’il y étale sa gloriole plutôt que le théâtre de ce qui pourrait bien être pour lui le début de la fin, aussi bien financière que politique! Il n’y a donc ni limite ni logique à sa passion pour les spotlights de l’actualité?