17 mai 2023

Biden vs Obama

Suivant de près depuis un mois les débats sur les trois principales chaînes d’information américaines (CNN, FOXnews, MSNBC) j’en viens à une conclusion bizarre: le vrai problème de l’impopularité de Joe Biden ne vient pas de sa concurrence avec Donald Trump, mais de la comparaison avec Barack Obama.

Après le pénible passage de Trump à la Maison Blanche, la majorité des Américains, progressistes et modérés, ont clairement poussé un soupir de soulagement à l’élection de Joe Biden… mais ça n’a pas duré. Au lieu d’un rappel de la modernité des huit ans qui ont précédé, ils ont eu droit en réalité à un retour vers la politique à papa – et même grand-papa –  des années 1963-2008, aussi bien Républicaine que Démocrate, avec sa langue de bois, ses querelles mesquines, ses jeux de pouvoir en coulisses, ses petits scandales (ex, Hunter Biden et ses traficotages d’influence plutôt mineurs mais agaçants), etc.

Obama, sa femme Michelle et son entourage immédiat les avaient habitués à un autre ton, un autre climat politique nettement plus jeune, plus décontracté et plus ouvert (Yes we can!) dans lequel beaucoup se reconnaissaient, malgré de nombreux affrontements partisans et des batailles rangées, notamment sur la santé, l’immigration, les armes à feu. 

À la défense de Biden, on ne peut pas vraiment lui reprocher d’être «vieux jeu»: comment peut-il faire autrement à son âge, après un demi-siècle passé dans l’arène politique du Beltway, et face à une opposition qui redouble d’efforts pour faire reculer l’horloge sociale de plusieurs décennies? Ce n’est pas sa compétence qui est en cause, c’est la manière dont il l’exerce – et ça pourrait jouer un très vilain tour à son parti et à son pays.

Je soupçonne que beaucoup des ennemis même les plus déterminés de Trump comprennent plus ou moins consciemment qu’ils ont été forcés de faire un mauvais choix, quand le Parti Démocrate a décidé en 2020 de ne pas jouer la carte du renouvellement et des nouvelles générations, terrifié qu’il était par la menace d’un deuxième mandat de The Donald. 

Et tout indique que la prochaine élection sera simplement une reprise de la dernière avec les mêmes acteurs – à moins que les Républicains, eux, aient le courage de se détacher d’une figure de proue qui semble incontournable, mais qui traîne une incroyable collection de «casseroles» judiciaires et idéologiques qui risquent d’être des handicaps majeurs dans une campagne présidentielle. 

Hélas, tout ce que cela donnerait serait presque certainement un passéisme tout aussi obtus, mais «servi à la moderne»!

14 mai 2023

Coup double?

À force d’entendre les critiques et commentaires sur le sujet, j’ai revisionné le «town hall» (période de questions du public) de Trump au New Hampshire organisé par CNN mercredi soir. Et j’en sors avec une quasi certitude: loin d’être un échec, ça a donné exactement ce que le réseau espérait.

Sachant que CNN penche fortement en faveur des Démocrates, ils devaient avoir deux objectifs:

a) Favoriser une victoire de Trump dans les primaires Républicaines, car il représente sans doute le plus taré et  le plus «battable» des candidats majeurs du parti.

b) Le pousser à prendre ouvertement des positions intenables ou impopulaires dans la population en général, en prévision de la campagne présidentielle. 

Dans les deux cas, l’animatrice avait pour tâche moins de dénoncer ses absurdités et mensonges flagrants que de les provoquer et les signaler. Ce qu’elle a plutôt bien réussi. D’un côté, Trump a flatté et satisfait les partisans MAGA de son électorat d’une façon qu’aucun de ses adversaires n’osera ou ne pourra le faire – or, 2016 et 2020 ont montré que c’est ce bloc de fanatiques qui joue le rôle le plus crucial dans les primaires de bon nombre d’États. De l’autre, il a fourni généreusement une superbe collection de «sound bites» faux ou insultants qui vont à la fois nourrir les procureurs qui veulent le traîner devant les tribunaux, et permettre aux Démocrates de fabriquer de savoureuses publicités de campagne soit pour le tourner en ridicule, soit monter en épingle le danger que son retour au pouvoir représenterait pour l’électorat modéré et progressiste. À mon avis, coup double!

13 mai 2023

Dormir? Quelle idée!

Y’a des nuits où je suis frustré de ne pas trouver le sommeil. Et d’autres comme celle-ci où je n’en ai pas la moindre envie. 

En sortant du bain vers minuit, j’allume au hasard la télé sur Classica, puis sur Mezzo. Pan! Sur grand écran en HD et son Dolby, trois heures de «Marta Argerich and Friends» dans une salle baroque de Hambourg… et les «friends» s’appellent Maria Joao Pires (2e piano à la Portugaise), Mischa Maisky (violoncelle à la Russe) et Anne-Sophie Mutter (violon à la Suisse, bien sûr). Fan inconditionnel des mains argentines ridées mais toujours magiques de Marta, je suis incapable de résister. 

Et juste comme ça se termine, une splendide messe chorale de Mozart sur l’autre poste, le temps de patienter pour revenir au début d’un festival Schumann-Brahms à Baden-Baden avec le génial gnome lavallois Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre de chambre de l’Europe. Parlant de chambre, la mienne ne me verra pas de sitôt, surtout sous l’influence du dernier polar vénitien de Donna Leon et d’un calva Père Magloire drôlement velouté de 20 ans d’âge…

 Bof. Y’a une baille que je n’avais pas vu un lever de soleil sur Montréal!