22 juin 2019

Un téléphone globetrotter

Au moment de quitter Montréal il y a 3 semaines, j'avais mis mon téléphone portable à charger quelques minutes... et l'avais oublié sur le bureau, bien sûr.
J'ai donc demandé à la direction de notre résidence près du Stade olympique de me l'expédier d'urgence en Martinique. Confié aux bons soins de Purolator le 12, il est «rapidement» parvenu à Lachine le 15, à Dorval le 16, à Louisville KY le 17 (où il a été bloqué deux jours par une douane USA légèrement paranoïaque comme «colis suspect»), à Philadelphie le 19, a fait le grand bon transatlantique le 20 -- mais vers Paris, plutôt que les Antilles.
Il est présentement assis en salle d'attente à Roissy/Charles-de-Gaulle, espérant sans doute un souffle favorable des alizés pour lui permettre d'atteindre le Lamentin la semaine prochaine... à moins qu'une onde tropicale importune ne le détourne encore du droit chemin!
Imaginez ce que ce serait si on l'avait expédié par la Poste officielle, qu'on dit tellement moins efficace que les courriers privés!

18 juin 2019

Un pas vers la modernité

Même du cockpit du Bum chromé en Martinique, je vois que le Québec continue d'avancer sur la voie de la modernité.
La loi 21 n'est sans doute pas parfaite (quelle action politique l'est jamais?) mais elle est nécessaire, progressiste et fort équitable. Bien sûr, les ennemis d'une vraie laïcité vont partir en guerre, mais il était difficile de trouver un point d'équilibre correct entre les droits individuels et un acquis précieux, presque unique au monde, de la société québécoise: DANS LA PRATIQUE, celle-ci a fait de la laïcité sa base de fonctionnement quotidien, pacifiquement, consensuellement et sans discrimination formelle après des siècles de soumission à une confession religieuse aux ambitions totalitaires.
Le gouvernement Legault a trouvé une formule raisonnable, sans doute perfectible, alors que tous les régimes précédents ou bien s'y étaient cassé la gueule ou avaient lâchement renoncé. Qu'il ait fallu passer outre à la Charte canadienne est dommage, mais il était clair qu'un régime qui approuvait le niqab ne pouvait comprendre l'absolue nécessité d'assurer que les personnes exerçant l'autorité de l'État ne puissent imposer ostensiblement leur spécificité religieuse à des gens d'une autre croyance soumis à leurs décisions ou à leur influence. La faute en est à l'obscurantisme canadien, non au progressisme québécois.
Je regrette aussi que mes amis musulmans refusent de comprendre qu'en se rangeant dans le mauvais camp pour livrer un combat d'arrière-garde, loin de défendre leurs droits, ils se trompent de cible et se placent tout à fait inutilement dans une situation où la majorité sera tentée, non sans raison, de leur en vouloir -- ce n'est pas eux que la loi vise, mais les excès potentiels de tous les fanatismes religieux, dont ils pourraient très bien être eux-mêmes victimes dans un avenir pas si lointain.
Quant à l'imposition du baillon, le débat sur le sujet se poursuivait librement au moins depuis les audiences de la Commission Bouchard Taylor en 2007, toutes les nuances d'opinion avaient été formulées et répétées à satiété, et les efforts de l'opposition ne servaient plus qu'à aviver des tensions malsaines et tenter de retarder une décision nécessaire sans rien apporter de neuf. Ici encore, on peut le regretter, mais le gros de la faute réside dans le camp qui proteste avec hypocrisie.

17 juin 2019

La vie à bord du Bum chromé...

Une seconde semaine à bord beaucoup plus dynamique. Dimanche soir, un des restos du front de mer offrait un spectacle «live» d’un couple chanteuse-guitariste mélangeant vieux favoris (Piaf, Nicoletta, Dassin) et blues plus récent (Tom Watts), nous avons grimpé sur le skybridge pour y assister à distance.
Lundi, nous avions planifié divers magasinages... oubliant qu'en territoire français «laïque», le lundi de la Pentecôte est férocement férié. Donc, repos forcé.
Mardi, branle-bas de combat à bord, deux techniciens ont débarqué dans la matinée pour rafistoler le système électrique un peu défaillant. Midi venu, Twiggy et moi avons réussi à convaincre Azur de l'attrait gastronomique des «pierrades» de l'Annexe voisine; nous avons sorti le fauteuil roulant (loué à la pharmacie du coin) et sommes allés déguster des aiguillettes de canard et de la cuisse d’agneau grillées sur des pierres chaudes, une (bonne) idée sans doute inspirée de la cuisine coréenne. Ensuite, Azur, qui n’avait quasiment pas voulu bouger du bateau pendant huit jours, a décidé qu’elle en avait assez «d’être enfermée à bord» et le taxi Rodolphe est venu nous prendre sur la marina pour une balade le long de la Côte Atlantique.
Une fois rendus au Vauclin, nous avons pensé qu’il n’y avait pas si loin jusqu’au lotissement près du bourg du François où habite le cousin Daniel. Nous sommes donc allés le surprendre dans sa jolie maison pratiquement rétablie des affres de l’inondation qui, au début de l’année dernière, avait dévasté le jardin fruitier et potager, défoncé le solarium vitré et projeté la voiture vers les rochers du bord de mer.
La cousine Edmée, convalescente d’un AVC récent, dormait, mais Daniel était tout heureux de nous accueillir, il a sitôt sorti le rhum (un bon LaMauny vieux) qu’il garde strictement pour «la visite», ni lui ni sa femme ne consommant d’alcool. Sortant de chez lui, nous nous sommes arrêtés au plus proche grand magasin Carrefour pour effectuer les courses prévues la veille avant de rentrer au Marin dans une heure de pointe somme toute civilisée.
Mercredi, Raymond Marie devait m’emmener avec Twiggy au Nouveau Centre commercial de Ducos où se trouve la seule boutique martiniquaise vendant des produits Apple; au moment de partir, Azur se pointe: «Je vais avec vous»… mais la deux-portes sportive de Raymond est incapable d’accommoder quatre adultes plus un fauteuil roulant. C’est donc encore une fois Rodolphe qui vient nous chercher, disant que «de toute façon, on trouvera bien à manger à Ducos, au Centre commercial». Penses-tu! Y’a que des salades, pizzas et autres hamburgers dignes d’un shopping center USA!
Heureusement nous dénichons in extremis – il est bientôt 15h – un charmant et délicieux poly-asiatique (chinois, thaï, viet et nippon), le Nagoya, dont exceptionnellement toutes les cuisines sont bonnes: nos choix combinent avec bonheur nems, crevettes tempura, pieuvre au sel de mer et boeuf en ragoût d’aubergines.
La météo de la semaine s’annonçant capricieuse, nous reportons à plus tard la sortie en mer envisagée et nous contentons de flâner à bord et sur les pontons voisins jusqu’au week-end. Heureusement, j’ai trouvé à Ducos un chargeur pour mon Apple Watch et un «hub» USB3 pour le MacBook Air dont le manque de connectique me fait rager. De plus, Mme Labelle du LUX Gouverneur me confirme qu’elle m’a expédié (à prix d’or plus) mes iPhones (canadien et français) oubliés sur ma table de travail montréalaise au départ dimanche dernier. En attendant, notre seul moyen de communication est le vieux portable rachitique et pratiquement illisible que nous avons retrouvé au fond de la valise d’Azur, mais sur lequel le répertoire téléphonique est vierge! Ah! La technologie…
Samedi soir, re-spectacle (mélange souk-rock’n roll cette fois) contemplé du haut du skybridge, d’où il nous faut dégringoler en catastrophe quand survient une de ces courtes mais brutales averses typiques de la saison. Nuit bercée par quelques coups de vent et tambourinages de pluie sur le pont de la coque tribord au-dessus de nos têtes.
Hier dimanche, dans l’éclaircie qui survient en fin d’après-midi, nous repartons sur les pontons pour un apéritif suivi de tapas au «Numéro 20», le bar chic et confortable que le copain Bernard du Ti-Toques a installé à l’étage de la nouvelle marina, face à la Capitainerie. Très bon planteur, Campari correct (on finit par «se tanner» du rhum si bon soit-il, hein!) et une superbe assiette de dégustation fort variée: foie gras sur toast, accras de morue, nems, cassolette de fruits de mer, chorizo, tartiflette, samosas, etc. dont nous ne viendrons même pas bout.
Retour à bord paisible dans le début d’une nuit tropicale baignée de clarté lunaire…

09 juin 2019

Le fâcheux vous salue bien...

Moi qui me croyais un type bien, je déchante. Si j'en crois M. Brassens – qui s'y connaît – je suis un fâcheux! Jugez vous mêmes:
«Bien sûr si l'on ne se fonde
Que sur ce qui saute aux yeux
Le vent semble un'brute raffolant de nuire à tout'l'monde
Mais une attention profonde
Prouve que c'est chez LES FÂCHEUX
Qu'il préfère choisir les victim's de ses petits jeux...»
Or, depuis moins d'une semaine que je suis à bord du Bum Chromé, les «petits jeux» m'ont arraché:
- mon chapeau de paille favori
- un mouchoir propre
- deux serviettes de table (dont une en papier)
- un couvercle de boîte de fromage
- une liste d'épicerie même pas complétée.
CQFD.

08 juin 2019

Les Bums chromés sont repartis!

Après de longues hésitations et quelques péripéties médicales, nous nous sommes rembarqués dimanche matin pour un de nos habituels périples triangulaires d'au moins deux mois: Montréal-Le Marin-Montpellier-Montréal.
Aux (toutes) petits heures pluvieuses et frisquettes, un sympathique taxi est venu nous prendre au LUX Gouverneur pour nous déposer à l'aéroport de Dorval à peine le jour levé. Assistance impeccable à l'embarquement: deux préposés nous attendaient avec un fauteuil roulant pour Azur et un coup de main pour les bagages; passage prioritaire à l'enregistrement, puis à la sécurité, et moins d'une heure d'attente pour prendre un confortable vol d'Air Canada jusqu'au Lamentin, où nous avons tout de suite été pris en charge par notre chauffeur préféré, le Marinois Rodolphe Bongo, secondé par l'incontournable Twiggy.
Grand soleil sur le ponton H (après trois jours de pluie, dit-on) où nous attend le vieil ami et homme de confiance Raymond Marie, et un Bum chromé en bon état où Henrietta avait impeccablement rangé nos affaires -- vêtements, toilette, cuisine... Même la télé fonctionne (onze chaînes numériques seulement, mais pour la vie à bord, c'est bien suffisant). Les deux frigos sont assez bien garnis (oups! il manque le citron vert pour le traditionnel ti-punch d'arrivée, mais bof!). Fin de journée au ralenti, souper léger au son de la musique syncopée provenant d'un des restaurants sur la rive voisine. La nuit est chaude, malgré un coup de clim' pour rafraîchir la cabine, et il faut nous réhabituer au double matelas de mousse bien différent du lit d'eau montréalais.
Lundi, Azur se prélasse presque toute la journée au lit sauf pour un apéro, une bouchée de poisson grillé et une douche rapide; elle subit le contre-coup de la fatigue du voyage d'hier. Le skipper Ignace, du Diamant, passe en coup de vent pour enfiler trois rhums vite-fait et nous donner ses disponibilités si nous voulons partir en mer (pas avant une dizaine de jours, sans doute).
Mardi débarque Henrietta avec un complément de vêtements, des produits d'entretien, des nouvelles de nos amis... et quelques conseils qu'Azur avale d'abord de travers avant d'en admettre le bon sens. Au menu, accras, thazard frais et gambas flambées au rhum vieux, avec un rosé corse en cubilitre (vinier) fort agréable. Le nouveau technicien à l'entretien, Raymond, vient résoudre deux ou trois petits problèmes: écoulement défectueux de la douche, ampoule brûlée dans notre cabine, un loquet cassé d'une des écoutilles au plafond du carré.
Mercredi, Twiggy prend le relais, alors que Raymond et le cousin Daniel viennent faire le point sur l'état du bateau et des comptes de banque. En soirée, belle surprise: la copine de longue date Véronique Deschamps (née Balaire), veuve de notre vieux pirate d'ami Jean-Marie, se pointe au coucher du soleil, resplendissante de santé et d'énergie malgré ses 70 ans passés. Elle est revenue de Californie vivre (définitivement?) en Martinique, surtout pour se rapprocher de sa fille Alexandra, qui enseigne ici et a épousé un Martiniquais. Alex a fait une difficile fausse-couche et est de nouveau enceinte, sa maman joue les mère-poule et on la comprend.
C'est enfin jeudi et vendredi qu'Azur renoue vraiment avec le rythme de vie antillais: se coucher tôt et se mettre debout peu après le lever du soleil, pour profiter au maximum de l'air (relativement) frais du matin, puis faire la sieste dans le coup de chaleur de l'après-midi. Le comptoir de la cuisine déborde de fruits frais apportés par tous les copains: bananes naines, mangues bien mûres, un joli melon, des maracudjas odorants...
Nous nous délectons des superbes crêpes au saumon fumé du comptoir de l'Annexe, accompagnées par une copieuse salade niçoise et re-rosé corse, le tout couronné de crèmes glacées rhum-raisin. Et dire que ça va être comme ça pendant un mois (soupir...)!

Le «Russiagate», un complot?

Beaucoup de nos amis progressistes européens -- et quelques Américains marginaux -- ont cru que parce qu'il n'était pas un politicien traditionnel, Donald Trump serait en tant que Président une bonne chose pour son peuple. Hélas, ses actes démontrent le contraire: il demeure à la Maison Blanche le même type menteur, malhonnête et rapace qu'il était comme homme d'affaires, d'autant plus qu'au lieu de conseillers compétents qui pallieraient à ses évidentes lacunes comme gouvernant d'un grand État, il s'entoure principalement de personnages douteux et réactionnaires. Nos amis de gauche ont de la difficulté à l'admettre et sont donc alléchés par l'idée que l'enquête à son sujet n'est qu'un complot destiné à salir un brave homme... alors qu'en réalité, il s'agit d'une guéguerre entre deux bandes rivales plus ou moins tricheuses.
La raison pour laquelle la classe politique américaine est si captivée par le sujet est simple: la nature humaine. Lorsqu'un pickpocket ou un cambrioleur se fait voler à son tour, il est cinq fois plus choqué qu'un honnête homme: «Vous ne pouvez pas me faire ça, c'est moi qui suis censé vous le faire!» Comme les États-Unis ont l'habitude d'intervenir sans vergogne dans la démocratie des autres peuples, ils sont encore plus insultés quand ce sont les Russes haïs qui leur jouent le même tour.
Enfin, même si d'autres acteurs ont pu jouer un rôle mineur dans les manipulations qui ont marqué l'élection de 2016, le Rapport Mueller, en particulier sa description des analyses techniques des opérations frauduleuses sur Internet, démontre clairement que ce sont bien des Russes, aux ordres de leur gouvernement, qui sont les principaux coupables. C'est confirmé indirectement par le fait que Vladimir Poutine a répété à maintes reprises qu'il souhaitait que Hillary Clinton perde ce scrutin.
Je me demande aussi si mes amis européens ne sont pas plutôt contents de laisser ce sujet les distraire des résultats fort décevants pour eux de la récente élection au Parlement européen.