18 février 2023

Délices de Capoue?

Je n’avais jamais bien compris la portée de l’expression jusqu’à ces jours derniers. Et voici que je me demande si je ne fais pas exprès pour ne pas régler mes problèmes courants, afin de prolonger un séjour à Montpellier dont je redécouvre peu à peu les délices.

Prenons la journée d’hier. Flânerie du matin en attendant que le brillant soleil dans un ciel sans nuages tourne le coin de l’immeuble et vienne réchauffer mon vaste balcon du 5e, dont la vue court sur les toits de la ville et se perd sur un horizon marin tout juste écorché par le sommet de la montagne de Sète.

Avec la ménagère chilienne Ingrid, je commence à trier et ranger les effets d’Azur (garder/vendre/donner), puis sors prendre un tramway vêtu de tapisseries antiques vieil or et noir  qui me dépose face à la gare… et à la porte du resto thaï Royal Orchid, où je me délecte d’un étonnant «spécial du midi» à 12 euros: entrée nem-samoussa-dimsun frit, tous délicieux, suivie de bouchées de porc croustillant sur riz parfumé aux légumes, puis d’une glace au café, thé inclus. 

Retour à la maison dans un vélotaxi dont le chauffeur s’exclame «Mais je vous connais, vous et votre dame; vous étiez les trois M: Montpellier, Martinique, Montréal». Re-flânerie cette fois dehors en chaise-longue au soleil à lire (un digest du Point sur la culture chinoise antique et moderne, fort bien fait) et à griffonner des croquis en vue d’un hypothétique paysage à l’acrylique. 

Quand le jour baisse, je reprends le tram jusqu’à la majestueuse Promenade du Peyrou, bifurque sous l’arche de Louis XIV dans la rue Foch qui m’amène vers la jolie Place de la Canourgue, où les jumeaux Pourcel ont déménagé récemment leur fameux Jardin des Sens dans le noble décor Renaissance de l’Hôtel Richer de Belleval. Je jette un coup d’oeil à l’intérieur mais ne reste pas – je reviendrai. 

Faute de place à La Morue voisine où me poussait une envie de poisson frais, je me replie sur un tout nouveau venu, l’Artisane: cinq tables pimpantes mais un peu tassées pour une vingtaine de clients à peine et une courte carte (2 entrées, 2 plats, 2 desserts) cuisinée par deux anciennes de La Diligence – dont une m’a reconnu, après 4 ans! – et servie par un jeune barbu qui est sans doute le compagnon d’une d’entre elles… ou des deux? 

Cette fois, ça me coûte une centaine d’euros, mais ça le vaut amplement: après un vouvray pétillant et une mise en bouche salée, de délicats petits dés de foie gras jumelés à des cubes de gélatine d’orange et des demi-lunes de clémentines, puis un plat principal de tournedos de boeuf archi-tendre et juteux jouxtant un bassin de purée où flotte une sauce gribiche, enfin une barre de chocolat noir quasi-fondant surmontée de mini-macarons à saveur de fruits divers, le tout arrosé d’un blanc demi-sec du Roussillon, d’un vigoureux cahors et d’un  moelleux maury rouge. Le café est offert, et je pars bien lesté reprendre le tram au Peyrou.

À bord, j’ai comme voisines deux jolis minois maghrébins, un soigneusement enfermé dans un voile noir et beige, l’autre surmonté d’une tignasse faussement blonde au-dessus d’un décolleté plutôt audacieux (pour la saison); en se maquillant et échangeant leurs baskets pour des hauts talons de plastique doré, elle discutent à haute voix du genre de gars qu’elles comptent se taper en fin de soirée! Allah akhbar!

Avec une williamine bien fraîche enfilée par-dessus tout ça en guise de digestif à la maison, demandez-vous pourquoi je n’aurais pas envie de prolonger un peu le séjour?

09 février 2023

Nouvelles du pays du soleil et du vent

 Presque plein soleil (par 12°C à l’ombre) cet après-midi à Montpellier: quelques nuages traversent le ciel d’azur comme des TGV sans grévistes, poussés par des bourrasques de 90 km/h. Je reste à la maison, victime d’une sorte de torticolis (un tout p’tit muscle achalant comme pas possible étiré dans le cou) sans doute causé par la décision mal avisée de changer les meubles de place dans le salon! Pharmacie, here I come.

Consolation, un lunch-frigidaire hors-normes: parmentier de confit de canard de Joël Robuchon surgelé mais délicieux une fois passé au four, arrosé d’un château sociando-mallet 2004 époustouflant (rouge foncé du haut-médoc non classé mais jugé top au niveau des grands crus bordelais par la plupart des guides du vin – payé 4,80€ à la Foire du vin 2005, en vente aujourd’hui chez les bons cavistes entre 45€ et 80€! – il m’en reste 2 autres bouteilles, avis aux intéressés). Au dessert, les dattes fraîches en branches d’Algérie (cadeau de l’ami guitariste Fethi) que Geneviève a pu apprécier en fin de semaine, avec un inimitable vin jaune d’arbois (ref. Jacques Brel dans «À mon dernier repas»).

Dur, dur la vie!