27 janvier 2023

Revoir Paris...

 L’actuel séjour à Montpellier risque de se prolonger, avec plusieurs petits problèmes à régler et la complexité de mettre en train la vente de l’appartement.

La fin du passage en Martinique a été marquée par un chaleureux Noël familial sur la véranda des Larcher au-dessus du Diamant, et par une relève de la garde dans la gestion du Bum Chromé. Suite aux difficultés rencontrées à mon arrivée à bord, Raymond Marie a fini par admettre qu’à 93 ans, il ne pouvait plus assumer seul la tâche; au cours d’une rencontre animée dans le cockpit avec Charles et Raphaël Larcher, le skipper Ignace et Henrietta, il a décidé de passer définitivement la main et c’est Raphaël qui prendra le relais, aussi bien de l’aspect pratique et technique que financier, puisque notre cousin «banquier» Daniel Philémont, hospitalisé, s’avouait hors d’état de poursuivre (il devait d’ailleurs décéder deux semaines plus tard). De toute façon, avec les travaux qu’il reste à faire, pas question de vendre le cata avant quelques mois… et un autre voyage aux Antilles.

J’ai ensuite pris l’avion (Air Caraïbes) pour Paris le soir du 31 décembre, célébrant agréablement le Nouvel An au champagne au-dessus de l’Atlantique et débarquant à Orly le premier dimanche matin de 2023, pour m’installer dans un hôtel de poche (le plus petit ascenseur que j’ai jamais vu!) dans le 9e près de l’Opéra et des Grands Boulevards. Chambre au 4e étage étroite mais confortable – un tas de prises de courant et d’USB, une première ici –, personnel attentionné.

J’ai vite compris que circuler sur les pavés et dans les métros de Paris avec une marchette est «mission impossible»; or pour mon propre plaisir (plusieurs épisodes gastronomiques – choucroute-riesling au Terminus Nord, os à moelle et foie de veau Chez Vagenende, oeuf mayo et pétoncles au Vieux Riche) et surtout pour remplir mon devoir de mémoire à Azur et à ses vieilles copines, je devais trottiner d’un bout à l’autre de la ville. C’est armé d’une canne que j’ai d’abord renoué avec notre octogénaire amie Janine Euvrard, dont le Michel est décédé il y a un an: apéro dans sa belle maison de Montparnasse puis (excellent) souper aux huitres et fruits de mer dans le voisinage.

Une virée mercredi midi à la Butte-aux-Cailles m’a permis de retrouver les charmants camarades de mon ex-associé Vallier, Christian Barnathan et Marie-Christine, qui m’ont régalé de rappels d’un passé aventureux et d’un délicieux boudin noir aux pommes dans leur pittoresque Café du Commerce. La traversée jusqu’au 8e arrondissement m’a ensuite amené chez la normande Janine Chapon, toujours retirée dans son mouchoir de poche de la rue d’Anjou. Épisode doux-amer, les retrouvailles étaient chaleureuses, mais à 90 ans, Janine se retrouve toute seule sans amis ni famille (son seul frère survivant, à Caen, se déplace difficilement); dans un effort réticent pour prolonger notre conversation, elle m’a avoué que j’étais la première personne avec qui elle avait eu l’occasion de parler depuis plusieurs jours!

Le lendemain, interminable périple (3 correspondances de bus) jusqu’au fin fond de Boulogne-Billancourt, où Gisèle Maïa a trouvé refuge dans une chambre correcte mais anonyme d’un Ehpad; à bientôt 92 ans elle ne pouvait plus vivre seule dans sa niche coquette des Batignolles. Elle, du moins, est bien entourée d’un neveu et d’une petite-nièce qui la gâtent… d’autant plus que son caractère patient et optimiste lui a gagné la sympathie active du personnel de la maison. Avec un sourire d’une admirable sérénité, elle mélange les souvenirs d’Azur, les réflexions sur son passé avec la pensée de son prochain départ pour l’au-delà. Émouvant.

La veille au soir de mon départ de Paris, autre odyssée, cette fois vers le 19e et la Place des Fêtes, où un taxi gentil mais incompétent me dépose au mauvais endroit. Totalement déboussolé, je dois faire appel à notre presque-soeur martiniquaise Maryse Jean-Marie, qui envoie sa nièce Chantal me récupérer pour grimper dans le nid d’aigle que sa tante occupe toujours au 13e étage d’une tour de logements surplombant la place. Maryse, handicapée par une jambe quasi paralysée, a encore grossi et ne bouge plus de chez elle… mais son goût pour les potinages et les anecdotes interminables n’a pas changé. J’ai apporté un souper froid de fruits de mer que nous partageons à trois, avec de fréquents éclats de rire arrosés de champagne. 

Samedi midi, l’ancien confrère et cher ami Bernard Savonet vient me cueillir à l’arrivée du TGV en gare de Nîmes, pour m’amener dans un folklorique resto de son village de Saint-Hilaire, où nous attendent Jacqueline et deux de leurs copines pour un repas plantureux assaisonné d’une vive et intéressante conversation. Je passe deux jours reposants dans leur gentille maison de campagne réaménagée (piscine, cour intérieure transformée en jardin), jusqu’à ce qu’ils me conduisent en fin de journée lundi à Montpellier, où je retrouve notre condo des Palmiers dans un remarquable état de confort, grâce aux soins de la fidèle Chilienne Ingrid.

La suite au prochain épisode…