01 septembre 2007

Ô Saint-Pétersbourg

(17/08/2007) Le clou de la seconde partie de notre croisière aura certainement été Saint-Pétersbourg, une ville dont Azur rêvait depuis des années... et qui a amplement répondu à ses attentes. Nous y sommes arrivés tot le matin du 14, en suivant une des branches de la Neva bordée d'une foule de cargos en plus ou moins bon état et, assez bizarrement, de sous-marins en réparation.
La taille du Seabourn Pride lui permettait d'accoster en pleine ville, en face de l'Académie des Beaux-Arts, non loin des immenses façades de l'Amirauté et de l'Ermitage. Comme nous n'avions pas pris de visa pour la Russie (les formalités semblaient inutilement longues et complexes), nous devions nous limiter à des excursions et visites programmées par la ligne de croisière.
Pour contourner la difficulté et nous faire une meilleure idée de l'ancienne capitale des tsars, nous avons fait réserver par le bateau une voiture avec un(e) guide parlant français. Excellente idée, qui nous a permis de passer une bonne partie de la première journée à vagabonder à notre fantaisie non seulement dans le quartier central monumental, mais aussi dans des coins où les touristes de passage s'aventurent moins souvent. Ainsi, après nous être tapé l'impressionnante cathédrale Saint-Isaac et l'incontournable forteresse Pierre-et-Paul (dont les puissants murs de granit ne servent plus que de décor aux baignades des Saint-Pétersbourgeois), nous avons marché un peu dans le délicieux Jardin d'été, erré le long de paisibles canaux, nous sommes aventurés en quasi-banlieue jusqu'au fabuleux ensemble Smolny, une symphonie de bleus, de blanc et d'or, et sommes redescendus par l'inévitable Perspective Nevski. Bonheur supplémentaire, notre guide, une femme cultivée d'une cinquantaine d'années, parlait un excellent français et faisait preuve d'esprit et même d'humour. Surtout pour Azur, qui commençait à en avoir soupé de n'entendre que de l'anglais aussi bien à bord qu'au cours des excusions organisées par le bateau, un épisode à marquer d'une pierre blanche.
En soirée, nous avons eu droit à une visite exhaustive (on peut le dire!) du fastueux palais rococo de l'impératrice Catherine à Tsarkoïe Selo-Pouchkine, suivi d'un souper « typiquement russe » (en version un peu trop touristique à l'américaine à notre goût) dans un pavillon voisin du palais; le repas était agrémenté d'un spectacle folklorique consistant pour une bonne part en interprétations chantées et dansées d'airs jadis rendus célèbres – avec beaucoup plus de talent, avouons-le – par les Choeurs de l'Armée rouge, que nous avions vus à Montréal il y a au moins une trentaine d'années.
Le lendemain, un autre palais était au programme: Peterhof, la grandiose pâtisserie baroque que Pierre le Grand fit édifier au bord du Golfe de Finlande, dans le but d'éclipser le Versailles de son copain Louis XIV. L'édifice et ses dépendances (dont deux ou trois autres palais moins importants) sont effectivement spectaculaires, d'autant plus qu'il s'agit en grande partie d'une reconstitution: l'original a été presque complètement détruit par les Nazis pendant le siège de Leningrad (qui a duré 900 jours entre 1941 et 1944), puis reconstruit pierre par pierre sur une période de trente ans, au bout de laquelle on y a réinstallé les meubles anciens, tableaux, tapisseries et autres trésors d'époque que Staline – dont personne ici ne prononce le nom, tiens! – avait fait mettre à l'abri au début de la guerre.
Il faut dire que le plus fascinant de Peterhof, ce n'est pas l'intérieur, mais les jardins, agrémentés de dizaines de spectaculaires fontaines, la plupart de bronze doré, d'où jaillissent des centaines de jets d'eau. Un spectacle féérique qui s'étale le long d'un canal qui va du pied du belvédère du palais jusqu'à la mer, pas loin d'un kilomètre plus loin. Là, nous attend un hydroglisseur rapide (les Russes les appellent des « rockets ») qui nous ramène en ville, à un débarcadère juste aux pieds du Palais d'hiver, élément principal du Musée de l'Ermitage.
Celui-ci est notre unique destination de la troisième journée, et c'est bien suffisant; la fatigue nous a forcés à laisser tomber une représentation du « Lac des Cygnes » de Tchaikovski au Théâtre Mariinsky (anciennement Kirov). Que dire de l'Ermitage? Pas grand-chose, d'abord parce que tout a été dit, et surtout parce qu'un survol de quelques heures ne peut donner qu'une vague idée d'une institution qui compte cinq édifice, plus de mille salles, toutes plus superbes les unes que les autres, et présente soixante mille oeuvres à la fois, tirées d'un fonds de près de trois millions de pièces. Mentionnons seulement une belle collection de Rembrandt, la splendeur des galeries consacrées aux impressionnistes français, une merveilleuse série de Matisse... et mon regret d'avoir raté, faute de temps, la section « antiquités » et son trésor unique de bijoux d'or scythes du 6e siècle avant notre ère. Il faudrait revenir y passer plusieurs journées pour satisfaire toutes mes envies.
Dernière curiosité de la «Cité des tsars», une véritable passion pour les noces traditionnelles, qui se tiennent habituellement dans le «Palais des Mariages» le long du quai où est amarré notre bateau de croisière; cela nous donne donc droit, à toutes les heures du jour, à un véritable défilé de limousines enrubannées noires, blanches ou dorées (quand elles ne sont pas bleu pastel ou rose bonbon, à l'image des palais environnants) dégorgeant des couples tous plus élégants et romantiques les uns que les autres, qui vont prendre la pose devant les monuments et les édifices les plus spectaculaires du centre-ville!
Avant Saint-Pétersbourg, nous avions fait escale à Tallinn, capitale de l'Estonie, petit pays balte de moins de 1,5 millions d'habitants, qui nous a très agréablement surpris. C'est une jolie ville qui a conservé beaucoup de ses maisons et de ses monuments médiévaux, et dans laquelle nous nous sommes promenés à pied toute une matinée avec grand plaisir. Non seulement l'endroit est agréable (ça fait penser à la fois au Vieux Québec et aux anciennes cités belges comme Bruges et Gand), mais les gens sont sympathiques et détendus; beaucoup parlent anglais, quelques-uns français, et les filles blondes aux yeux bleus ont des sourires chaleureux même alors que vous refusez de leur acheter quelque souvenir un peu trop touristique...

28 août 2007

Fjords de Norvège

(11/08/2007) Nous avons presque deux jours pour nous installer à bord du Seabourn Pride et nous réacclimater à la vie de croisière. Un temps grisâtre s'associe avec une longue et plutôt monotone traversée vers le sud-ouest de la côte norvégienne pour nous imposer un niveau important d'inactivité.
Le navire est rempli à presque capacité, soit environ 200 passagers, surtout des Américains. Les seuls autres francophones sont une bande de Belges fort sympathiques, mais qui ont tendance à se tenir en groupe (normal, ils avaient organisé leur croisière ensemble) et qui, de toute façon, nous fausseront compagnie dans huit jours. Un seul passager que nous connaissions déjà, un jovial Japonais accro des croisières, Jimmy Yoshino, dont l'anglais est presque aussi mauvais et le sourire aussi communicatif que ceux d'Azur.
Comme d'habitude, l'équipage et le personnel sont un mélange de nationalités, surtout européens (le capitaine est un British, Marc Dexter) et asiatiques, mais ceux qui parlent français sont moins nombreux que la fois précédente. De manière générale, l'atmosphère est beaucoup plus « américaine » que lors de notre voyage précédent sur la même ligne: on sent que les nouveaux propriétaires yankees (la ligne était norvégienne au départ) imposent leur personnalité et leur façon de voir les choses. Cela se manifeste aussi bien dans la cuisine que dans les spectacles et les relations personnel-passagers. Heureusement, Azur retrouve Crina, une copine roumaine polyglotte qui a pris du galon, passant de préposée à la réception à responsable du booking des excursions et futures croisières.
Malgré trois premiers jours de mauvais temps, le voyage lui-même est un enchantement. On a beau avoir entendu parler à satiété des fjords de Norvège et en avoir vu de multiples images, la réalité vous prend aux tripes. Surtout que la taille modeste de notre navire lui permet de se faufiler jusqu'au fond des criques les plus enfoncées et les plus spectaculaires, frôlant des parois de rocs abrupts parfois à près de 200 km à l'intérieur des terres. La première escale, à Ulvik et Eidfjord (Hardangerfjord), nous coupe littéralement le souffle par son mélange de grandiose sauvagerie et de délicieuses fermes verdoyantes improbablement coincées entre des promontoires de mille mètres d'où dégringolent des cascades cerclées d'arcs-en-ciel. Une excursion sur le haut plateau du Hardangervidda nous permet de contempler notre premier glacier, qui se mire dans un lac aux eaux de cristal.
Bergen, deuxième ville de Norvège et ancien port hanséatique, est quasi invisible derrière un rideau de brume cotonneuse qui ne se lèvera qu'en fin de journée. Elle nous laisse quand même deux bons souvenirs: un très sympathique marché aux poissons et aux aliments divers, à deux pas du port, dont nous ramènerons un saucisson de viande de renne, et un pélerinage doublé d'un mini-concert à la résidence-musée du compositeur Edvard Grieg (un de mes favoris, auteur des suites Peer Gynt et du Concerto en la), résidence qui ne ressemble à rien tant qu'à la charmante et vieillotte maison victorienne de la « tante Puce » dans le Trois-Pistoles de mon enfance.
Rien de spécial à dire de notre escale la plus septentrionale, Alesund, jolie petite ville coquettement lovée autour de son port de pêche. Par contre, le minuscule village de Flam, au fond du Sognefjord, est justement célèbre par son chemin de fer, une prouesse technique du début du 20e siècle qui grimpe en un peu plus d'une heure à quelque 850 mètre d'altitude, grâce à une série de rampes et de tunnels qui débouchent sans avertissement vers des paysages grandioses.
Oslo, enfin, nous impressionne par son musée des drakkars vikings: il en possède trois, dont deux en excellent état car ils avaient été enterrés dans la glaise il y a plus de 1100 ans, pour servir de sépulture à leurs capitaines sans doute. Comme nous l'explique un guide, « la tradition de placer les corps des vikings dans leur bateau et d'y mettre le feu en les lançant au large est une pure invention de Kirk Douglas, pour qui la réalité historique ne faisait sans doute pas assez spectaculaire en technicolor sur grand écran... »
Autre attrait de la ville, moins connu mais tout aussi étonnant, le jardin de sculptures dû au génie, pour ne pas dire à la folie de Gustav Vigeland. Ce dernier, peu connu hors de son pays mais célébrissime ici, s'était fait confier par les autorités d'Oslo l'aménagement d'un grand parc aux limites de la cité; il y a passé plus de vingt ans à sculpter ou faire sculpter par des élèves, d'après ses maquettes, pas moins de 200 monuments de granit ou de bronze comportant quelque 750 personnages nus, de toutes les conditions et de tous les âges, depuis le fétus jusqu'au vieillard mourant, en passant par des vénus plantureuses, des athlètes en pleine course ou en plein saut, des couples clairement homosexuels, des familles dans leur intimité... Vaut vraiment le détour.
Après un dernier arrêt sans grand intérêt dans la station balnéaire suédoise de Lysekil, nous rentrons à Copenhague, que nous retrouvons avec plaisir le temps d'aller nous régaler d'un succulent smorrebrod (sandwich-lunch traditionnel) dans un café d'une des rues piétonnes.

Paris-Copenhague

(2/08/2007) Nous passons à Paris trois jours d'autant plus agréables que nous y avons découvert un petit hôtel qui mérite le prix du charme douillet: le Garden Élysée, niché au fond d'une cour sur une petite rue près de l'avenue Kléber. Grande chambre très claire donnant sur un jardin fleuri, personnel aux petits soins pour nous, petit-déj. délicieux. Pas de resto, mais il y en a une pelletée de bons dans le quartier et le service aux chambres est excellent. Pas donné, mais vaut son pesant d'euros.
À Charles-de-Gaulle, une surprise pas très drôle: notre avion vers Copenhague est « surbooké »; à la demande du personnel d'Air France, nous nous résignons à céder notre place à une famille qui doit rentrer d'urgence en Scandinavie. En échange, on nous loge dans un Holiday Inn Express qui est l'exacte antithèse de notre hôtel parisien: purement fonctionnel et d'un confort tout juste acceptable, mais bétonné mur à mur et sans le moindre atome de charme. Avantage non négligeable cependant, on modifie aussi nos billets pour nous permettre de rentrer plus tard en France après la croisière si nous le souhaitons.
Copenhague est tout gris et pas très chaud quand nous arrivons le lendemain en milieu d'après-midi. Notre hôtel (Kong Frederick) est très bien situé, à deux pas de la Place de l'hôtel de ville (Radhuspladsen), et fort élégant. C'est un immeuble du début du siècle dernier, qui a été rénové en respectant le style de l'époque. Mais la chambre est un peu étroite, les rangements bizarroïdes, et le service plutôt minimal, quoique généralement sympa.
Nous allons faire un tour en ville, et notre première impression est, disons, mitigée. Nous entrons dans un resto style pub au début de Stroget, la grande rue commerciale piétonne, et nous faisons arnaquer joyeusement: c'est une « trappe à touristes » de la plus belle eau, le service est au mieux grognon, la boisson juste passable et la bouffe mérite amplement que nous la laissions croupir dans l'assiette après deux bouchées. Le tout à des prix dignes du Grand Véfour. En sortant, nous nous retrouvons dans le crachin, au milieu d'une bousculade de touristes surtout germaniques, anglais et polonais, tout le long de l'avenue. C'est ça, Copenhague?
Heureusement, ce n'est pas que ça. Dès le petit déjeûner du lendemain, nous faisons une découverte gastronomique majeure: la cuisine danoise n'est peut-être pas géniale, mais Copenhague doit offrir les meilleurs pains au monde! Oui, Paris et Lyon inclus. La corbeille qu'on nous offre contient non seulement une fort bonne baguette, mais des pains de campagne blanc, parfumé au fromage et de blé entier, un pain noir aux grains de carvi, des pains de seigle, et d'autres aux ingrédients plus mystérieux, qui vous transportent au 7e ciel, surtout lorsque servis chauds avec une touche de délicieux beurre local. Azur décrète même qu'elle ne saurait vivre ici, car Dieu sait combien de kilos en plus elle se collerait! D'autant plus que partout où nous irons, du plus petit café au plus grand restaurant, le pain sera toujours aussi délicieux.
Sur la grand-place, se tient (tenez-vous bien!) le Mondial de football des SDF, mettant en lice des concurrents de 48 pays. On a dressé des estrades de part et d'autre d'un terrain de jeu entouré de palisades, à la manière d'une patinoire de hockey, et des équipes hétéroclites – incluant à l'occasion des filles et des vieillards barbus aussi bien que des gamins de 12-14 ans – d'une demi-douzaine de joueurs sy ébattent dans une bonne humeur qui n'exclut pas une âpre compétition. L'ambiance est d'autant plus colorée que tout autour campent des dizaines de plus ou moins clochards venus de tous les coins de l'Europe assister à « leur » Mondial. Nous y passons avec grand amusement une bonne heure et plus.
Puis nous nous armons d'une carte de transports en commun (10 passages pour une vingtaine d'euros) et descendons jusqu'à la seconde grande place, la Kongens Nytorv. Là, déjeûner dans un resto agréable installé dans une vieille cour et servant (si l'on peut s'exprimer ainsi, le personnel étant débordé au point d'être totalement inefficace) un très bon homard – canadien! – au beurre à l'ail.
Ensuite, embarquement sur un bateau-mouche qui parcourt le pittoresque Nyhavn (le "nouveau" port à peu près aussi nouveau que le Pont Neuf est neuf), fait ensuite le tour du port marchand, curieusement bordé d'une vingtaine d'éoliennes géantes ancrées en pleine mer, puis s'engage dans les multiples canaux qui sillonnent la ville – construite, comme tout le monde le sait n'est-ce-pas? sur une collection d'îles. Malheureusement, ça se termine sous une douche aussi soudaine que brutale, alors que nous nous trouvons en plein milieu d'un canal, à l'écart de tout embarcadère. À la première occasion, nous débarquons trempés des pieds à la tête et, après une halte dans une pâtisserie encombrée d'autres réfugiés, réussissons à arrêter un taxi qui nous ramène au Kong Frederick. La leçon: comment distingue-t-on le vrai Copenhagois du touriste? C'est celui qui porte un parapluie même au grand soleil.
La capitale danoise n'est pas une séductrice, mais une discrète. Elle ne vient pas vous chercher, préfère qu'on prenne la peine de la découvrir et de l'apprivoiser. À ce titre, son emblématique « Petite Sirène » la représente parfaitement: on s'attend à un monument important dans un site prestigieux, il faut presque la chercher pour la découvrir, modeste et le dos à demi tourné au spectateur, assise sur un vulgaire caillou à l'entrée du port. Décevant? Au premier abord, certes... mais plutôt émouvant une fois qu'on en a compris le sens.
Au fond, ville prospère et sans complexes, Copenhague n'a que faire des touristes, qu'elle accueille poliment, mais sans faire le moindre geste pour s'adapter à eux. Au contraire, elle fait clairement entendre que c'est à nous, étrangers, à nous ajuster à a ses habitudes et à ses lubies, un effort qui sera, il est vrai, amplement récompensé. Par exemple par l'escalade des sept tours et demi de la rampe en spirale de sa Rundetarn (tour ronde), au milieu de laquelle je découvre une magnifique exposition de tapisseries (photo) et au sommet de laquelle la vue sur la ville est rien moins que spectaculaire. Sans oublier le célèbre parc d'attractions Tivoli, dont nous n'attendions pas grand-chose, mais dont l'élégance fleurie et le caractère relax nous ont ramenés en enfance comme n'aurait jamais su le faire un spectaculaire et ultracommercial Disneyland.
À force de circuler dans tous les quartiers en utilisant son pratique système de tranport en commun, de déambuler à pied dans les multiples voies piétonnières du centre, de prendre l'air dans un de ses nombreux parcs, de flâner et de nous arrêter le temps d'une bière ou d'un café sur une de ses fréquentes et jolies places, nous tombons graduellement sous le charme. Si bien qu'au bout de cinq jours, c'est presque à regret que nous refaisons nos valises pour nous embarquer sur le Seabourn Pride, le bateau de croisière qui nous attend à un quai tout près du centre-ville.

Montpellier, un poème

(25/07/07] De ce mois à Montpellier, trois incidents se détachent:
a) Notre calme quartier vert, à la limite d'Aiguerelles et du nouveau quartier de Port Marianne, s'est transformé en chantier bruyant et poussiéreux (photo) depuis quelques mois. C'est surtout dû à la construction de la nouvelle mairie de Montpellier, qui sera bientôt notre voisine d'en face. Elle s'élèvera sur le terrain vague, jadis envahi de lauriers fleuris de toutes les couleurs, qui séparait de l'avenue le quartier habité par les Harkis, au sujet duquel l'ex-maire et président de l'Agglo Georges Frêche a eu avec ces derniers des mots violents et fort médiatisés l'hiver dernier. Heureusement, la mairie ne nous cachera pas trop le gracieux jet d'eau et les palmiers du bassin Jacques Coeur, qui m'avaient inspiré il y a trois ans ce sonnet dans le genre classique:

Les palmiers tout ensoleillés
Jouent à l'été en plein automne
Novembre nous a fait l'aumône
D'un temps qui ressemble à juillet

Le jet d'eau s'est éparpillé
Au coeur du bassin qui frissonne
Le Lez flirte avec Antigone
Des cygnes s'en vont y mouiller

Tout bleu, d'arondes émaillé
Un tramway s'est entortillé
Au dédale des rues piétonnes

Vieilles folies, fraîches colonnes
Le ciel est doux, la vie est bonne
L'hiver oublie-t-il Montpellier?

Note explicative pour les celles et ceusses qui ne connaissent pas la ville: le Lez est le « fleuve » minuscule, généralement paisible comme un miroir, mais parfois féroce en périodes d'inondation, qui arrose Montpellier. Il côtoie en particulier le nouveau quartier Antigone, dessiné par l'architecte catalan Ricardo Bofil et caractérisé entre autres par de nombreuses rangées de colonnes classiques blanches. Le centre-ville de Montpellier est entièrement piétonnier (1 km carré), traversé uniquement par des tramways bleus (photo) décorés d'hirondelles blanches, emblèmes de la ville. Les « folies » sont de luxueux châteaux construits autour de la ville par la riche aristocratie et bourgeoisie commerçante et terrienne, notamment vigneronne, aux XVIIe et XVIIIe siècles.
b) C'est la première fois que nous fêtons ici le 14 juillet, et nous sommes gâtés: le feu d'artifice traditionnel est tiré depuis les bords du bassin, juste en face de nos fenêtres. Dès 21 heures, tous les espaces dégagés sont envahis de badauds et de fêtards, les rues sont barrées par les policiers, les transports publics cessent de rouler. À 22 heures, le spectacle commence, et il est somptueux (photo), d'autant que le temps clair et sec favorise les artificiers. Nous sommes assis face à la fenêtre de notre chambre, et battons des mains comme des gamins.
c) Cinq jours plus tard, c'est au Tour de France de venir nous rendre visite. La folle cavalcade débouche de l'Avenue de la Mer juste en face de chez nous et dévale, à travers le Pont Zucarelli, vers l'avenue Antonelli. Pendant qu'Azur contemple le phénomène du confort de son 5e étage, je me précipite en bas, caméra en main, juste à temps pour voir le peloton contrôlé par Rasmussen prendre le virage devant la maison. La surprise, pour moi qui n'ai jamais vu le Tour en direct, c'est combien peu de temps ça dure: à peine cinq minutes entre l'apparition des motards qui précèdent les coureurs et le passage des derniers traînards et des voitures d'équipe (photo). Évidemment, le plaisir que nous en tirons sera ébréché rétroactivement par la cascade de scandales au dopage révélés au cours des prochains jours, en particulier le départ honteux du maillot jaune danois Rasmussen, qui était devenu mon favori depuis ses performances extraordinaires dans les Alpes. Blah. Et dire que nous partons pour le Danemark, ça va être joyeux!

27 août 2007

Le chaos des vacances françaises

(30/06/07) Et nous voici rentrés «sur le plancher des vaches» de notre appart de Montpellier. À la fois un peu tristes et bien contents de retrouver le cadre familier et chaleureux de notre ville d'adoption.
Lundi dernier, avant-veille du départ, nous sommes allés prendre l'apéro du soir chez Daniel, avec qui nous en avons profité pour régler les derniers détails des choses à faire en notre absence. Un début de soirée très sympa, fêté au champagne, avec sa femme Edmée et sa fille Armelle. Retour de nuit, sur une image féérique de la marina illuminée (photo).
Le lendemain, dernière balade en mer avec Gérard,, sa mère et sa fille Pauline: une demi-journée idyllique sur les Fonds blancs de la Baie des Anglais, une anse profonde du côté Atlantique qui est presque miraculeusement protégée de la vague par une barrière de corail et un semis de petites îles. On se baigne, on prend un pique-nique et on rentre au Marin dans un état proche de l'euphorie.
Puis mercredi, c'était l'embarquement à bord d'Air Caraïbes, dont le confort nous a un peu déçus même si le personnel était bien sympa et le repas, tout à fait savoureux. Le lendemain matin à Orly (où nous sommes arrivés une heure en retard, mais avons franchi le guichet de la police des frontières et récupéré nos bagages dans un temps record), taxi pour la Gare de Lyon, où nous allions prendre le premier TGV en partance pour le Midi. Sauf que.
D'abord, nous n'avions pas pensé que c'était le grand branle-bas du départ en vacances. La gare était sans dessus-dessous, bouillonnante de familles déboussolées et de gamins énervés qui couraient et grimpaient partout. Heureusement que nous avions réservé nos places depuis la Martinique... sauf que! Quand j'ai voulu retirer mes billets à la borne de self-service, impossible de me rappeler le !$%?&*! code de guichet de ma carte bancaire avec laquelle j'avais effectué l'achat par Internet. Et il ne restait plus une place libre sur le train, le prochain disponible était au milieu de la soirée.
Sur le conseil d'une gentille préposée à l'aide aux voyageurs (oui, ça existe!), nous sommes montés à bord sans billet et nous avons fini par trouver nos places: facile, c'étaient les deux seules encore libres dans tout le train! Le contrôleur nous a revendu des billets, nous suggérant de nous faire rembourser les premiers une fois rendus chez nous. Ce que nous ferons.
Comme les gens heureux n'ont pas d'histoire, passons sous silence les détails sans grand intérêt de notre séjour de terriens au Languedoc, et rendez-vous pour les péripéties aoutiennes d'une fabuleuse (du moins nous y comptons bien) croisière de trois semaines dans les fjords de Norvège et les ports de la Baltique. Bye pour l'instant.