21 septembre 2021

Vaccin obligatoire ou liberté de choix?

 Mon ami Pierre Sormany s’est fendu d’un texte fort bien argumenté contre la vaccination obligatoire que, malheureusement, La Presse a refusé de publier. Même si je suis en désaccord sur le fond avec Pierre, je regrette ce silence forcé des opinions divergentes, en particulier celles qui font preuve de mesure et de logique comme c’est le cas ici.  Laisser le débat se dérouler librement et publiquement me paraît indispensable, pour que chacun puisse se faire son idée sur la base de la variété des faits, des opinions et des arguments.

Cela dit, je suis (un peu à reculons) d’accord avec la vaccination obligatoire, parce que contrairement à ce que Pierre pense, la liberté de choix pose à l’entourage immédiat et, par répercussion, à l’ensemble de la société un véritable danger (sinon de mort, du moins de maladie ou d’effets secondaires tragiques, comme il est arrivé il y a deux semaines à la femme d’un cousin de Marie-José, morte en Martinique d’un autre mal, probablement faute de soins de la part d’un système hospitalier débordé par la pandémie). 

Pis encore, l’absence d’une même règle pour tous donne une excuse à une minorité trop active de charlatans et de profiteurs pour répandre des faussetés flagrantes et proposer des remèdes bidons qui mettent en danger les ignorants et les naïfs; seule une mesure imposée (mais tout de même soutenue démocratiquement par une très forte majorité) peut répondre à ces problèmes. Si les risques d’effets secondaires du vaccin étaient sérieux et répandus, la position contraire serait plus défendable, mais comme la piqûre est effectivement bénigne sauf dans de très rares exceptions (au secours desquelles d’ailleurs des remèdes existent), ce n’est pas le cas. Tout ce que j’ai lu sur de possibles effets à long terme touche essentiellement à l’efficacité durable ou universelle du vaccin plutôt qu’à des imprévus nocifs.

J’ajouterai que ceci est une situation exemplaire du problème philosophique que pose l’antinomie sécurité publique/liberté individuelle: la liberté n’est réelle que dans un climat de sécurité… et la sécurité exige des mesures qui ne peuvent que restreindre la liberté.

Cette situation offre l’occasion en or d’avoir l’utile débat sur l’inévitable conflit entre liberté individuelle et sécurité collective et sur l’équilibre à préserver entre les deux (et par quels moyens) que les politiciens ont toujours soigneusement évité. Par exemple, dans le cas présent, je crois vraiment que trop respecter la liberté de chacun crée un climat d’insécurité qui en fait la rend peu effective – la nécessité des distanciations, masques, restrictions aux assemblées publiques qui en sont la conséquence directe (et qui forcément s’accompagneront d’interpellations, d’amendes, de dénonciations, peut-être de prison) me paraît plus nuisible à la liberté que l’imposition du vaccin. Et n’oublions pas que ces mesures ne s’appliqueront jamais équitablement à tout le monde – il y aura trop souvent des passe-droits, du favoritisme, de l’aveuglement volontaire à l’égard de privilégiés. Je trouve absurde que la lutte à une épidémie affirmée et globale crée moins de consensus sur une simple mesure de protection que ne le font des attaques terroristes qui sont infiniment plus localisées, exceptionnelles et (dans certaines limites) prévisibles et évitables.

Pour moi, la solution n’est pas que le vaccin soit optionnel, mais qu’en parallèle avec une vaccination universelle sous surveillance étroite, (a) on accélère et intensifie les travaux de recherche et les tests sur les effets à moyen et à long terme, (b) on améliore les techniques nouvelles de développement de vaccins pour contrer ces difficultés et produire de nouvelles solutions plus sûres, et (c) on continue dans l‘intervalle de créer plus lentement des vaccins par les voies traditionnelles éprouvées. Depuis Pasteur (et même avant), on n’a jamais cessé de dénoncer les nouvelles approches scientifiques en matière de santé… et depuis Pasteur, la quasi-totalité des sombres prédictions (avec quelques spectaculaires exceptions comme la thalidomide, il est vrai) étaient fausses ou exagérées. Pourquoi en serait-il autrement aujourd’hui?

Un coup d'épée dans le vide

 C’était une élection absolument pour rien. Pas tellement en termes de la position des partis, même si en pratique rien n’a changé pour la peine. Mais  c’est surtout que contrairement à la prétention enfantine de Justin Trudeau, le résultat n’apporte ni réponse aux problèmes cruciaux et bien réels des Canadiens ni  l’occasion pour eux de s’exprimer sur ces problèmes. Pire encore, le scrutin d’hier bloque  au moins pour un temps la chance de trouver de vraies réponses et encore plus de se donner les moyens de les mettre en oeuvre.

D’un côté, parce qu’ils n’avaient pas vraiment le choix, les électeurs canadiens ont remis au pouvoir et à l’opposition les mêmes partis élitistes, anti-démocratiques et dépassés par la situation du pays et de la planète. Sur le plan idéologique, ils ont conforté le seul parti de gauche apte à prendre  les décisions audacieuses qui s’imposent, le NPD, dans sa posture sympathique mais désuète de défendre les droits et acquis des minorités au lieu de se concentrer sur les problèmes très réels et bien plus cruciaux de la majorité. Une majorité dans laquelle il ne veut pas comprendre que ces minorités doivent d’urgence apprendre à s’intégrer en y amenant leurs valeurs propres, au lieu qu’on les installe dans un statut de ghettos distincts mais privilégiés.  

Sur le plan territorial, rien n’est fait pour corriger l’absurdité compréhensible mais profondément nuisible du retour à Ottawa d’un Bloc québécois éternellement minoritaire qui, sous prétexte de «défendre les intérêts du Québec», encourage le peuple québécois à se résigner au désavantage évident et à la honte de se soumettre à l’autorité d’une fausse «fédération» qui a pour seul intérêt de le maintenir dans son état de colonie impuissante et méprisée. J’ai beaucoup de respect pour Yves-François Blanchet comme homme politique (j’ai même voté pour lui), mais je lui en veux de prolonger un malentendu qui ne peut que nuire à terme à son peuple. Le Canada tel que Pierre-Elliott Trudeau l’a fossilisé dans une Constitution impossible à amender n’est pas une entité viable, mais une anomalie oppressante pour toutes ses parties constituantes – provinces, nations et citoyens.

Enfin, au plus haut niveau, ce genre d’exercice me paraît démontrer le non-sens d’un système politique «représentatif» périmé qui persiste à refuser le contrôle réel du pouvoir politique à la masse des citoyens. Ceux-ci sont désormais instruits et ont toutes les occasions de s’informer correctement des réalités sociales et économiques, donc ils sont aussi compétents que leurs «élites» pour prendre les décisions qui affectent leur présent et leur avenir. Justin Trudeau, loin de leur offrir l’occasion de le faire, les en a privés.