21 novembre 2022

Le Retour du collectif

 Je trouve indispensable de souligner que l’essentiel des mouvements libératoires qui se produisent dans le monde n’ont rien d’individuel, mais sont clairement collectifs, pour ne pas dire communautaires. C’est le cas de la résistance ukrainienne à l’invasion russe, du mouvement des femmes américaines contre l’annulation de Roe v. Wade par la Cour suprême et des gens de couleurs dans Black Lives Matter, de celui des Iraniennes contre l’imposition du voile (Hé, Justin, tu écoutes?) et aujourd’hui du geste courageux des GARS de l’équipe iranienne de foot dans un stade de l’hyper-machiste Qatar, contre la répression dans leur propre pays. Décidément, il se passe dans le monde qqch d’important dont il faut que nous commencions à le voir pour ce qu’il est vraiment!

Il est urgent de cesser la fixation que nous avons sur les individus. Donald Trump, Elon Musk, l’ayatollah Khameiny ne sont pas dangereux comme individus, mais comme les leaders incontestés d’un mouvement politique MAGA, d’un conglomérat financier Tesla, d’une secte Wahhabite! Si nous ne reconnaissons pas ça, nous nous trompons de cible et sommes condamnés à perdre la bataille… et même la guerre!

11 novembre 2022

Démocratie suspendue

Je suis idiot. J’attendais patiemment que les résultats se précisent et que l’incertitude se dissipe pour commenter l’élection américaine de mi-mandat. Mais en écoutant les commentaires follement divergents et subjectifs des diverses chaînes américaines (CNN, FOX News, MSNBC, PBS) et même étrangères (SRC, France 24, BBC World…), je me rends compte que la réalité fondamentale qui ressort de ce scrutin, ce qu’il importe de mettre en relief, c’est justement l’incertitude. 

Pourquoi attendre? Peu importe que les Démocrates se retrouvent à 49, 50 ou 51 Sénateurs, les Républicains à 218, 221 ou 224 Représentants à la Chambre, que Trump annonce ou non mardi son retour narcissique dans l’arène et Biden un peu plus tard son envie ou pas de vivre quatre années de retraite octogénaire à la Maison Blanche. 

Ce qu’il faut voir, c’est que la Démocratie la plus visible et la plus arrogante de la planète va demeurer, et pour combien de temps, en suspens au-dessus d’un gouffre de contention et de très envisageable violence civile teintées de racisme larvé, de sectarisme religieux, de conservatisme vicieusement réactionnaire et de gauchisme fourvoyé vers de fausses pistes. Sur fond de scène d’une «guerre des cultures» qu’on instrumentalise en principe de stratégie alors qu’elle ne peut être qu’un guide utile de lecture des dissensions internes d’une Nation troublée.

Ce ne sont pas tant les personnalités qui sont en cause, c’est une mécanique constitutionnelle, juridique et politique qui fait d’elles le centre artificiel d’une évolution sociale et collective dont les principes mêmes exigent une très sérieuse révision. 

Pour moi, le symbole clair de l’élection 2022 aux USA, c’est la nécessité d’un deuxième tour d’un scrutin sénatorial en Georgie, après une première ronde qui n’est pas arrivée à départager suffisamment une vedette de football (Herschell Walker) d’un pasteur protestant (Raphael Warnock). Deux candidats qui n’auraient ni l’un ni l’autre dû être éligibles pour des raisons bien différentes mais éminemment valables: incompétence et défaut flagrant de moralité chez l’un, entorse sans doute involontaire mais réelle à la laïcité de l’État chez l’autre. 

Cela seul mérite une réflexion… qui n’aura sans doute pas lieu, puisqu’on va se borner à attendre, dans le climat quasi-religieux de la finale d’un match sportif, un verdict final dont pourrait dépendre le déroulement d’au moins les deux prochaines années de la vie politique, juridique et législative de tout un pays.