11 septembre 2017

Ballade en mer... houleuse

Arrivée cahoteuse ce midi à Helsingborg, Suède. Même protégée par un long brise-lames, la zone portuaire demeure agitée de vagues écumantes et balayée d'un fort vent. Nous accostons avec près de deux heures de retard (dû au traitement prioritaire accordé par les autorités à un cargo en difficulté) et une fois à quai, le 7-Seas Navigator demeure secoué par le ressac.
Il fait gris et pluvieux, et comme l'escale n'a rien d'exceptionnel (c'est surtout le point de jonction avec le voisin danois, Helsingbor, à 2-3 km par traversier), nous avons décidé de faire l'impasse sur les excursions du jour. D'ailleurs, depuis une bonne semaine, la croisière a pris pour nous des allures de longue ballade en mer, tout juste agrémentée de sorties rapides dans quelques ports.
À Reykjavik, Islande, un taxi d'une grande courtoisie mais à l'anglais rudimentaire (nous aurions dû choisir son collègue d'origine ghanéenne, beaucoup plus explicite) nous a fait faire un vaste tour de la ville, avec des arrêts au musée municipal, à l'immense mais austère cathédrale luthérienne de béton nu, à l'Althing, le «plus vieux parlement du monde», créé en 930, et dans un très joli parc, mais avec bien peu d'explications. J'en ai tout de même profité pour m'équiper d'un minimum de matériel de dessin (acrylique, feutres et aquarelle), qui me manquait cruellement. Trouvé pour Azur une paire de pantoufles de feutre brodées de bleu et blanc d'un confort luxurieux, je m'en veux de n'en avoir pas pris aussi pour moi.
Akureyri, le centre urbain le plus au nord du pays (tout près du cercle polaire), est une jolie petite ville de 18 000 habitants au climat assez tempéré, bien à l'abri au fond d'un fjord. Un centre-ville coquet doté de plusieurs bistrots et terrasses — chose assez rare en Islande — rayonne sur des rues assez abruptes dont les places et les trottoirs forment un extraordinaire musée en plein air de sculptures modernes de très bon niveau, où je me suis promené avec grand plaisir, seul (Azur n'était pas trop en forme) et en partie à pied.
Ballade à pied également à Torshavn, surprenante et avenante mini-«capitale» des Îles Féroé, un des trois «pays» du Royaume du Danemark. Le temps était doux, et la bière Okarra prise avec un demi-sandwich de viande de mouton sur une terrasse de vieille brasserie, excellente; d'ailleurs, nos barmen en ont fait provision sur le bateau, et plusieurs voyageurs l'ont aussitôt adoptée.
Les premières escales norvégiennes, Alesund et Bergen, que nous avions déjà visitées par le passé, étaient affectées d'un temps froid et incertain, peu propice aux sorties — nous nous sommes contentés de les contempler du haut du pont supérieur.
À Bergen, nous devions descendre à terre pour un souper de gala et un concert de piano à la résidence-musée du grand compositeur local Edvard Grieg, mais la brusque averse qui s'est abattue sur le port juste au moment de sortir nous a fait changer d'idée; dommage, car un compatriote de Gatineau qui s'y est rendu nous a dit que le concert avait été très bon et le repas succulent... et que le temps s'était amélioré pendant la soirée.
Tant pis, nous avons quand même dignement célébré le Xième anniversaire d'Azur par un souper au champagne de grande qualité au Compass Rose, la principale salle à dîner du bord. Je vous fais grâce du menu, ma soeur Marie dirait encore que c'est «à faire ch...».
Par contre, j'ai ensuite trouvé le tour de me perdre dans l'écheveau de rues tortueuses et pittoresques de Stavanger où se tenait une vigoureuse foire en plein air... et dans le fascinant dédale des étalages de Sostrene Grene, un immense bazar exotique d'accessoires et décorations domestiques qui mélange des productions artisanales locales élégantes et peu coûteuses avec des montagnes d'importations de tous les coins du monde. Je suis remonté à bord tout juste à temps pour le départ, complètement vidé par deux bonnes heures de marche.
Ce qui fait que la journée d'hier à Oslo, que nous connaissions déjà, en a été une de grand repos, autant pour cause de fatigue que d'averses brusques et violentes. Je regrette seulement de n'avoir pas pu retourner au Parc Vigeland, le quasi monstrueux chef d'oeuvre du plus grand sculpteur norvégien, qui y a semé des centaines de massives statues de granit et de bronze dépeignant pratiquement toutes les étapes et variétés de la vie et de l'expérience humaine. Nous y avions passé une bonne demi-journée à notre précédent passage, mais ce n'était pas assez pour moi.
Nous avons d'abord été soulagés de voir que le féroce ouragan Irma a dévié vers le nord, épargnant Martinique et Guadeloupe... puis atterrés des dégâts et des pertes de vie qu'il a causés à Saint-Martin, Saint-Barthélémy, Barbuda et maintenant en Floride. Décidément, la saison des tempêtes 2017 aura été une des plus dramatiques de l'histoire récente.

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