21 septembre 2021

Un coup d'épée dans le vide

 C’était une élection absolument pour rien. Pas tellement en termes de la position des partis, même si en pratique rien n’a changé pour la peine. Mais  c’est surtout que contrairement à la prétention enfantine de Justin Trudeau, le résultat n’apporte ni réponse aux problèmes cruciaux et bien réels des Canadiens ni  l’occasion pour eux de s’exprimer sur ces problèmes. Pire encore, le scrutin d’hier bloque  au moins pour un temps la chance de trouver de vraies réponses et encore plus de se donner les moyens de les mettre en oeuvre.

D’un côté, parce qu’ils n’avaient pas vraiment le choix, les électeurs canadiens ont remis au pouvoir et à l’opposition les mêmes partis élitistes, anti-démocratiques et dépassés par la situation du pays et de la planète. Sur le plan idéologique, ils ont conforté le seul parti de gauche apte à prendre  les décisions audacieuses qui s’imposent, le NPD, dans sa posture sympathique mais désuète de défendre les droits et acquis des minorités au lieu de se concentrer sur les problèmes très réels et bien plus cruciaux de la majorité. Une majorité dans laquelle il ne veut pas comprendre que ces minorités doivent d’urgence apprendre à s’intégrer en y amenant leurs valeurs propres, au lieu qu’on les installe dans un statut de ghettos distincts mais privilégiés.  

Sur le plan territorial, rien n’est fait pour corriger l’absurdité compréhensible mais profondément nuisible du retour à Ottawa d’un Bloc québécois éternellement minoritaire qui, sous prétexte de «défendre les intérêts du Québec», encourage le peuple québécois à se résigner au désavantage évident et à la honte de se soumettre à l’autorité d’une fausse «fédération» qui a pour seul intérêt de le maintenir dans son état de colonie impuissante et méprisée. J’ai beaucoup de respect pour Yves-François Blanchet comme homme politique (j’ai même voté pour lui), mais je lui en veux de prolonger un malentendu qui ne peut que nuire à terme à son peuple. Le Canada tel que Pierre-Elliott Trudeau l’a fossilisé dans une Constitution impossible à amender n’est pas une entité viable, mais une anomalie oppressante pour toutes ses parties constituantes – provinces, nations et citoyens.

Enfin, au plus haut niveau, ce genre d’exercice me paraît démontrer le non-sens d’un système politique «représentatif» périmé qui persiste à refuser le contrôle réel du pouvoir politique à la masse des citoyens. Ceux-ci sont désormais instruits et ont toutes les occasions de s’informer correctement des réalités sociales et économiques, donc ils sont aussi compétents que leurs «élites» pour prendre les décisions qui affectent leur présent et leur avenir. Justin Trudeau, loin de leur offrir l’occasion de le faire, les en a privés.

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