16 février 2018

Montagnes russes

Un vrai spectacle de fête foraine, cette enquête sur l'intervention russe dans la politique américaine. Mais à suivre de près, car tout indique que les conséquences peuvent être beaucoup plus sérieuses que la rigolade actuelle.
a) L'accusation que 13 agents et de trois agences de renseignement russes ont oeuvré en faveur du Président Trump et contre Hillary Clinton en 2016 ne touche pas directement la Maison Blanche... sauf que le procureur spécial Mueller entrouvre la porte en affirmant que les accusés ont été en contact avec des membres «naïfs» de la campagne de Donald Trump.
b) Si jamais par la suite, il s'avérait que ces naïfs aient inclus un des trois proches du Président (Kushner, Trump Jr., Manafort) qui ont participé à la rencontre avec des représentants russes à la Trump Tower de NY en juin 2016, le fil d'Ariane des complicités – volontaires ou pas – s'approcherait à un seul pas du bureau présidentiel et de son occupant.
c) Le sous-ministre de la Justice Rod Rosenstein, en présentant l'accusation en tant que superviseur du FBI et du procureur Mueller, prend clairement ses distances avec M. Trump, qui vient de critiquer violemment l'agence policière fédérale. Et son patron Jeff Sessions, ministre en titre, se tient en retrait en prenant bien garde de soutenir les positions présidentielles.
d) FOX News, de loin le grand média américain le plus trumpien, accorde une importance majeure à cette histoire, et sur un ton critique, au lieu de l'enterrer sous une foule de simili-scandales mettant en cause l'opposition démocrate comme il le fait habituellement. Si jamais FOX lâche ouvertement Donald Trump, ce dernier sera d'autant plus handicapé que sa capacité d'influencer l'opinion publique repose en grande partie sur une présence positive dans les médias grand public, notamment ceux que suit l'électorat de droite.
e) Sur d'autres sujets, la majorité Républicaine au Sénat est de moins en moins soumise aux ordres venant de la Maison Blanche. Sur deux thèmes chers à M. Trump, l'immigration et la sécurité publique, des blocs bipartisans sont en train de se former qui prônent des approches qu'a déjà rejetées le Président. Et plusieurs élus conservateurs sont clairement mal à l'aise face aux multiples rumeurs de scandales (notamment sexuels) qui tourbillonnent autour du Bureau ovale...
f) Malgré une petite remontée dans les sondages, les majorités républicaines dans les deux chambres du Congrès sont visiblement menacées lors de l'élection «mid-term» de novembre... et M. Trump est vu par plusieurs comme un obstacle, plutôt qu'un soutien, à leur survivance. Si jamais cet automne le parti de droite perd ne serait-ce que le contrôle d'une des deux chambres, une rébellion interne débouchant sur une procédure de destitution n'est plus à écarter.

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