16 mars 2019

Politique et vie privée

Je suis frappé par le degré auquel le débat politique américain est étroitement lié au problème crucial de l'opposition entre confidentialité et transparence posé par la Révolution de l'information numérique. Non seulement les individus (en particulier les personnages publics) mais les institutions vivent désormais dans une «maison de verre» où les données sont aussi susceptibles de dévoilement intempestif que de falsification. Des exemples:
a) Le Russiagate, sur la probabilité de complicité entre la campagne de Donald Trump et le Kremlin, porte principalement sur des échanges d'information stratégique, du piratage de messages confidentiels et des jeux de propagande électorale.
b) Le rôle de l'avocat de Trump, Michael Cohen, a consisté entre autres à dissimuler des faits intimes; les amis du Président au magazine National Enquirer ont acheté les mêmes informations pour ensuite empêcher leur diffusion.
c) Les difficultés d'Hillary Clinton sont nées entièrement de sa négligence à assurer la sécurité de ses courriels.
d) Le FBI et le Ministère de la Justice sont accusés d'avoir révélé des faits découverts (ou fabriqués?) dans le but d'influencer le Congrès et l'électorat.
e) Le camp Trump reproche aux médias traditionnels de manipuler les nouvelles à des fins partisanes («fake news»).
f) Le réseau social Facebook admet avoir vendu les données confidentielles de plus de 50 millions d'utilisateurs à une firme de sondages liée à Steve Bannon, conseiller et organisateur politique du candidat Trump.
g) Trump lui-même est un fervent usager de Twitter, un outil numérique qui lui permet de s'adresser tous les jours au grand public sans passer par le filtre des médias. Il est aussi clairement coupable de fréquents mensonges et distorsions de la réalité des faits.
h) L'affaire Julian Assange/Wikileaks se fonde directement sur des activités de piratage et de dévoilement de données institutionnelles et financières confidentielles, dont des secrets d'État.
De tout cela (et d'autres indices encore), je déduis que tous ceux qui s'intéressent à la politique américaine et à ses effets sur la planète devraient se pencher avec encore plus d'attention sur le conflit vie privée/transparence rendu plus aigu par la Société de l'information.

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