16 septembre 2022

Plein emploi et pénurie de main d’oeuvre

 Écoutant d’une oreille pas très attentive le débat québécois des chefs jeudi soir, il m’a semblé qu’un volet du problème très particulier de l’emploi était complètement occulté ou presque, celui de l’exploitation des technologies d’automatisation et de robotisation. Je fais appel aux experts dans le domaine, comme mon ami Pierre Sormany, pour l’y réinjecter (avec ses pour et ses contre).

Que le plein emploi soit réalisé au Québec d’une façon spectaculaire ne signifie pas que la question est réglée, loin de là: un effet pervers de cette réussite est que nous faisons face à une pénurie de main d’oeuvre aux deux bouts de l’éventail des tâches. D’une part manque de spécialistes dans les domaines de pointe, et plus gravement encore, carences majeures dans les secteurs clefs du tertiaire social: éducation, santé, services aux personnes (y compris la restauration et l’hôtellerie).

La solution n’est certes pas d’aller «voler» des travailleurs, surtout qualifiés, dans des pays moins riches qui se saignent pour les former et en ont encore plus besoin que nous, comme semblent le vouloir chacun à sa façon caquistes et libéraux. Je pense qu’elle consiste plutôt à accélérer et privilégier intelligemment l’automatisation la plus complète et la plus rapide possible dans les secteurs appropriés, notamment dans le primaire, le secondaire, les services à distance. Ça me paraît la seule manière efficace de libérer  des travailleurs pour occuper deux bassins distincts de main d’oeuvre: d’une part, celui des tâches qui ne sont pas automatisables – services sociaux, enseignement, santé publique, domaine créatif et artistique; d’autre part celui des professions exigeant une formation très poussée, donc plus longue.

Cela veut dire faire tout le contraire de ce que favorisent nos gouvernements, ici et ailleurs, en cours et en fin de pandémie, avec leur fixation sur les «bonnes jobs» industrielles; une stratégie qui ne peut qu’accentuer l’actuel déséquilibre dans l’emploi et les carences qu’il implique.

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