Il fallait sans doute s’y attendre. Au lendemain d’un débat télévisé catastrophique pour Donald Trump, mais de la subséquente publication de sondages montrant que cela n’avait pratiquement aucun effet sur l’opinion publique, les deux camps se lancent à des degrés divers dans des barrages d’insultes et d’affirmations mensongères. Ceci rend encore plus toxique un climat politique américain déjà malsain, malgré les efforts personnels louables (qu’il faut reconnaître même s’ils ont une dimension opportuniste) de Kamala Harris, Tim Walz et Joe Biden pour rendre l’atmosphère plus joyeuse et plus optimiste.
D’une part, les partisans de Trump, notamment par la voix de ses copains de FOX News, en particulier Sean Hannity et Jesse Watters, accusent, en grande partie à tort, la vice-présidente de «mensonges» sur les positions de l’ex-Président et de volte-faces opportunistes sur certains dossiers économiques. D’autre part, les Démocrates et leurs amis de MSNBC et (moins flagrants) de CNN, se lancent dans une campagne de «guilt by association» en répertoriant les personnages douteux qui gravitent dans l’entourage de Trump et en assimilant son programme au désolant et réactionnaire «Project 2025».
Dans un cas comme dans l’autre, il y a un grain de vérité dans ces attaques. D’une part, même si Trump fait l’impossible pour se distancer des positions du Project 2025 et d’affirmations racistes et sexistes anciennes ou récentes de son colistier JD Vance, il fait peu de doute que ses proches ont effectivement contribué activement, avec son accord au moins implicite, aux travaux du manifeste d’extrême-droite. Il devait aussi connaître les opinions de Vance avant de le choisir comme partenaire – ou alors il a fait preuve d’une ignorance coupable. Quant à son entourage, «the Donald» a toujours été attiré par les théories conspirationnistes et leurs promoteurs… mais il ne s’est pas gêné pour les répudier dès qu’il voyait que cela ne servait pas ses intérêts. Ce qu’il fera sans doute encore cette fois-ci.
De son côté, Harris a effectivement affiché par le passé des opinions nettement à gauche de la majorité de son parti, mais d’une part ses actions comme procureure ont toujours été dans la droite ligne du «law and order» à l’Américaine, à tel point que l’aile gauche démocrate gardait ses distances avec elle. Par ailleurs, à partir du moment où elle a été choisie comme vice-présidente par Joe Biden, elle a dû faire la part des choses entre ses positions de principe et un nécessaire réalisme social et électoral. Les Trumpistes sont d’ailleurs mal placés pour lui reprocher des changements d’avis compréhensibles et généralement raisonnables, alors que leur propre candidat en a fait de plus nombreux et souvent de plus douteux – au premier chef celui de se transformer de Démocrate en Républicain par pur opportunisme.
Cela dit, il est intéressant de rappeler que la «campagne raccourcie» pour la Maison Blanche est le double ou le triple de la longueur des démarches comparables dans la grande majorité des autres États «démocratiques»… ce qui s’explique en partie par la taille du pays, bien sûr, mais encore plus par le très bizarre régime électoral figé dans le béton d’une Constitution dont les principes sont sans doute admirables, mais dont les mécanismes sont à la fois désuets et d’une complexité byzantine.
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