18 septembre 2025

L’échec d’un concept jadis brillant, mais désuet.

L’exemple des USA est de loin le plus flagrant, mais loin d’être unique. Le principe de Montesquieu de la séparation des pouvoirs comme contrepoids aux autocraties et oligarchies a bien fonctionné un temps, mais il est clairement battu en brèche depuis une génération, pour une raison bien simple. 

Les penseurs du Siècle des lumières posaient comme prémisse que les élites bourgeoises (industrielles, politique et judiciaires) avaient des intérêts distincts, souvent opposés, qui les empêchaient de s’unir contre les intérêts du peuple. Ce n’est plus vrai, d’autant plus qu’une quatrième caste d’un poids comparable s’ajoute à cette trilogie: celle des médias d’information, composée d’une part de patrons aux intérêts financiers aigus et d’autre part de vedettes qui ont la même soif de popularité que les élus politiques. De plus, les géants industriels ont des pieds d’argile, ils sont péniblement dépendants d’une part des rois de la finance, de l’autre des empires du commerce et de la distribution – sur lesquels ils ont perdu le contrôle.

Ce n’est pas pour rien que les seules élites qui continuent à s’opposer au moins épisodiquement aux manoeuvres des trois autres sont celles du monde juridique, qui pour l’instant n’ont pas directement des intérêts communs avec l’une ou l’autre des autres castes, et celles des «influenceurs» indépendants à l’œuvre sur un Web qui échappe encore au contrôle des autres cliques qui l’ont fortement sous-estimé. Mais cela ne saurait durer, comme l’indiquent les succès de Donald Trump à subvertir la Cour suprême, les failles judiciaires qui se manifestent en France, en Hongrie, en Turquie, en Israël, en Argentine, et les succès incontestables des «ingénieurs du chaos» brillamment démasqués par Giuliano da Empoli…

Il est  ahurissant de voir à quel point, du moins dans l’optique des médias, tous les jeux du pouvoir se passent entre des élites oligarchiques restreintes, alors que de loin les principales victimes de ces joutes, les peuples (et, bizarrement, les producteurs de biens et services), n’ont d’autre option que descendre dans la rue ou de faire un lobbying de moins en moins efficace.

Mon intuition, nourrie de l’expérience de plus d’un demi-siècle d’observation, me dit que nous nous approchons de plus en plus d’une nouvelle Prise de la Bastille de 1789 ou d’un Octobre Rouge de 1917. C’est ce qui fait que je cherche désespérément, peut-être naïvement, comment faire pour l’éviter.

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