26 mai 2014

Un matin bleu Marine...

Je ne crois pas que la France vire vraiment à l'extrême-droite. Je crois qu'un nombre croissant de Français en ont assez que leurs élites politiques, droite, centre et gauche, ne tiennent aucun compte de leurs opinions et de leurs problèmes. Et en particulier que leur système social, favorable aux bas et moyens revenus, soit miné de l'extérieur par des décisions d'Eurocrates non élus, avec l'assentiment de leur gouvernement. À tort ou à raison, ils ont décidé qu'un vote pour un parti anti-européen et anti-Euro était la seule façon d'exprimer leur mécontentement, puisque tous les partis classiques sont d'accord avec l'orientation actuelle de l'Union européenne. Ils ne sont pas contre l'Europe en soi, mais contre l'Europe fonctionnarisée, ultra-libérale et maniaque de l'austérité qu'on les oblige à avaler. Hélas, il n'est pas du tout certain que les gouvernants, à Paris comme à Bruxelles, vont comprendre le message.
Pourquoi le désaveu en France est-il si tranchant? D'un côté, un Président et un gouvernement socialiste qui trahissent toutes leurs promesses de «réorienter» dans le bon sens une Europe qui, seule, a les muscles et les moyens de relancer l'économie au profit des peuples et non seulement des milieux d'affaires; leurs politiques locales étriquées ne peuvent donc qu'être inefficaces. De l'autre côté, une droite qui se déchire sur des «affaires» honteuses et des querelles d'ambitions, sans programme et sans idées autres que celles qui, pendant près de 20 ans au pouvoir, ont mené au marasme actuel. Une extrême-gauche irréaliste et indécise au discours vétuste, un centre assis entre deux chaises avec une demi-fesse sur celle de droite. Reste un parti d'extrême droite avec une orientation claire et des «solutions» simplistes et rétrogrades mais faciles à comprendre et répondant aux peurs d'un électorat émotivement tenté de regarder vers un passé plus prospère et plus glorieux. Pas étonnant qu'il fasse le plein des mécontents et des nostalgiques.
De toute façon, il n'y a pas qu'en France que l'Europe est remise en cause. Les Eurosceptiques de tout poil doublent leur députation, la plupart des partis au pouvoir et même des «partis de gouvernement» perdent sérieusement des plumes. Au profit des extrêmes qui peuvent aussi bien être de gauche (Grèce, Espagne) que de droite (France, Autriche, Danemark...) et même que du «tous pourris» (Italie). Il faut être aveugle pour ne pas voir là une conséquence directe, à retardement, du refus des «élites» de tout le continent d'entendre le fort avertissement des citoyens lors du rejet de la Constitution européenne il y a bientôt dix ans. La classe politique a choisi d'exclure les peuples de la construction de l'Union pour se soumettre aux diktats égoïstes des Allemands et des financiers, et cela revient la hanter. Les «anti-Européens» ne sont pas le problème, ils sont le symptôme d'une crise autrement profonde.

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