13 septembre 2009

Réveil de fête en chanson

(8 septembre 2009) Azur a eu droit à une très jolie surprise ce matin. Nous étions encore couchés dans notre douillette cabine du Bum chromé lorsqu'une belle voix mâle s'est mise à chanter directement sous notre hublot: "Joyeux anniversaire, Joyeux anniversaire Marie-José!" Pas très étonnant ni très original en soi... sauf que nous étions au mouillage dans la baie de Mayreau, au beau milieu des Grenadines (pour savoir comment nous étions arrivés là, voir plus loin), et que personne de nos connaissances ne devait se trouver à moins de cent milles marins du bateau. Le temps d'ouvrir le rideau pour jeter un coup d'oeil dehors, le mystérieux chanteur avait disparu.

Deux heures plus tard, à la fin du petit déjeuner, nous avons eu le fin mot de l'histoire. Philippe, membre émérite du personnel de la Marina du Marin et fanatique érudit de jazz et de musique créole, se trouvait en vacances sur un cata loué par des amis, et il nous avait aperçus la veille au soir en entrant par hasard dans la même baie. Au lieu de venir nous trouver, se rappelant que ce huit septembre était le jour de naissance d'Azur, il a attendu le matin... et s'est pointé en annexe avec une des plus belles voix de la Martinique, Ralph Thamar (le chanteur du groupe Malavoy) pour lui pousser cette matinale sérénade! Philippe, Ralph et le capitaine du bateau, un sympathique traiteur de Ducos, ont donc rappliqué à bord du Bum vers les 9h30 (l'apéro peut commencer tôt sous les Tropiques) pour un ti'punch - ou deux - ou trois, enfin, vous me comprenez. Il va sans dire qu'une fête si bien commencée ne pouvait mal finir. Il s'en est donc suivi une baignade prolongée dans les eaux calmes et parfaitement turquoise de la baie, puis un barbecue de langoustes soutenu par un gentil riesling alsacien, des mangues bien mûres et un rhum vieux pour clore le tout. Nous étions arrivés aux Antilles il y a une douzaine de jours, au milieu de la semaine suivant notre week-end cévenol chez les Chantefort. Dès notre installation à bord du Bum, il était entendu qu'à la première occasion, nous prenions le large. Nous avons donc fait une tournée abrégée de quelques copains, téléphoné aux autres, mis fin au bail du mini-appartement qui devait nous servir d'entrepôt (mais ne l'avait jamais fait), rencontré notre virtuose charlevoisien de l'entretien Jean-Sébastien et notre skipper Marc, lequel nous a confirmé qu'il était disponible pour nous aussi longtemps que nous en aurions besoin. C'était précisément ce que nous avions envie d'entendre. Dès lundi dernier, nous avons foncé chez Annette (le supermarché Champion du coin) faire les provisions, avec la ferme intention d'appareiller le lendemain matin. Mais l'aube de mardi s'est levée toute grise et détrempée, victime d'une vilaine onde tropicale. De plus, l'annonce de la formation d'un futur ouragan Fred pointant dans notre direction nous obligeait à reviser notre projet de monter vers le nord (Guadeloupe, Antigua etc.). Nous avons donc attendu la mi-journée pour aller mouiller au large de Sainte-Anne, où Marc estimait qu'il devait s'arrêter quelques heures pour gratter des coques infestées d'algues et de quelques coquillages intempestifs. Le mauvais temps aidant, ce qui devait être un mini-nettoyage s'est prolongé jusqu'au lendemain matin. Par chance, le temps s'est remis au beau mercredi matin et c'est sous un ciel à peine nuageux et par bon vent que nous avons pu mettre le cap sur Sainte-Lucie.
Le reste du voyage jusqu'à ce matin a été pratiquement sans histoire, seulement émaillé de ces petits incidents qui ponctuent tout délicatement les jours heureux: deux nuits paisibles dans le confort inattendu de la nouvelle marina de Rodney Bay, presque déserte à cette saison sauf pour l'Unicorn, le "bateau pirate" qui a servi au tournage des "Pirates de la Caraïbe" et que nous avions comme voisin de ponton, des conversations amusantes et paresseuses autour d'une bière ou d'un punch, un poisson (sûrement un gros?) qui s'est échappé en cassant notre ligne, la découverte d'une très bonne marque de "beurre de pinottes" des Antilles anglaises, le petit regret que notre repaire sainte-lucien préféré, Dasheen's, soit fermé pour cause de rénovations, une rapide et confortable descente directement sur Bequia grâce à des vents atypiques frôlant les 25 noeuds alors que la météo prédisait presque calme plat; 
une bagarre épique entre mouettes et poissons-coffres des Tobago Cays autour des miettes de pain que leur jetait Azur; et ainsi de suite.
Un moment, ce sont des voiliers de poissons volants argentés qui lèvent sous la proue pour aller replonger cinquante ou soixante mètres plus loin. Souvent surveillés d'un oeil intéressé par les goélands et fous de bassan qui nous tiennent compagnie presque constamment. Ou alors de belles grandes tortues de mer dont les carapaces marron clair émergent entre deux vagues, suivies brièvement d'une tête au regard inquisiteur.
Ou (plus rarement cette fois-ci) de petites bandes de dauphins gris-bruns qui viennent longer les coques, apparemment attirés par les musiques qui sortent des haut-parleurs du skybridge, en particulier les binious de Soldat Louis et les Chants de la marine à voile de Raoul Roy.
De toute façon, après les festivités d'aujourd'hui, nous nous contenterons d'une nonchalante excursion aux Tobago Cays avant de rentrer à Mayreau pour une longue sieste et une seconde nuit au mouillage.

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