08 mars 2010

Quand il neige sur Montpellier...

(8 mars 2010) Voyez (photos) pourquoi on préfère passer la fin de l'hiver et le début du printemps à Montpellier:
- le temps doux,
- les mimosas et les pâquerettes,
- pas de sloche.
Enfin, la plupart du temps. Pour l'instant, mimosas et pâquerettes sont bien là, mais il faut nous croire sur parole. Ils sont cachés sous une espèce de poudre blanche qui fait penser à Montréal et qui, en fondant, va donner quoi? de la sloche, of course.
Quant au temps doux, croirez-vous qu'on mangeait dehors aux terrasses par 20° au soleil il y a une semaine? Avec un peu de patience et le réchauffement planétaire, ça va revenir! Entre-temps, 10 cm de neige en mars, ça ne s'était jamais vu à Montpellier de mémoire d'homme!
Hier soir, quand Azur m'a appelé à la fenêtre: "Hé, il y a une vraie tempête de neige!", ma première réaction a été "Ben voyons!". Tout ce que nous avions vu d'hiver ici depuis cinq ans, c'est un peu de sucre à glacer sur les palmiers du parking un soir de janvier 2009, qui avait fondu le lendemain matin.
Mais cette fois, ça y était pour de vrai: de gros flocons qui tombaient à plein ciel, assez serrés pour cacher la montagne de Sète et les tours d'habitation au loin. Et ça a duré une partie de la nuit, si bien qu'au réveil, les toits, les parterres et même une partie des rues étaient tout blancs. Y'a que la piscine (chauffée?) du voisin d'en face qui gardait un petit air méridional. À l'heure de pointe, les voitures des chauffeurs peu habitués à ça -- et sans pneus d'hiver, va sans dire -- patinaient et zigzaguaient que c'en était une joie à contempler: un manège d'autos-tamponneuses n'aurait guère fait mieux.
Notre projet d'aller faire un gros marché au nouveau centre commercial Odysseum (directement au-dessus du terminus du tram, une bénédiction!) est reporté au moins à demain; heureusement, il nous reste de quoi manger -- et boire. Faudra-t-il nous équiper de bottes d'hiver au prochain séjour?
J'ai envoyé un mot (images à l'appui) aux copains d'ailleurs pour leur faire part des joies du printemps languedocien. Première réplique, celle de mon frère Antoine, bien au chaud du côté de Malaga: "Jean-Pierre Ferland avait raison!" Il pensait évidemment à: 'Il a neigé à Port-au-Prince, il pleut encore à Chamonix - On traverse à gué la Garonne, le ciel est plein bleu à Paris. - Ma mie, l'hiver est à l'envers, ne t'en retourne pas dehors - Le monde est en chamaille, on sue au Sud, on gèle au Nord'.
Pour le reste, pas des masses de choses à raconter depuis notre retour de Californie, effectué directement à partir de Sonoma, sans l'escale prévue à San Francisco.
Le voyage s'est étonnamment bien passé, le trajet en voiture jusqu'à l'aéroport court et confortable, et Air Canada se montrant (un peu à notre surprise) au moins trois coches au-dessus des lignes américaines pour la qualité de service! En classe "affaires", les sièges et surtout la bouffe étaient nettement supérieurs à ceux de la "première" sur United. La gestion des bagages, en particulier lors de la correspondance à Toronto, était efficace au point d'en être invisible. Le seul bémol était que, décalage horaire aidant, nous avons débarqué rue Wilderton vers minuit.
Le samedi suivant, c'était la nouba combinée (anniversaire de Marie, fêtes du Nouvel An et surtout anniversaire du frérot Antoine, que nous n'avions pas célébré depuis des années) chez Jean et Marie. Azur avait eu l'idée brillante de proposer (pour ne pas dire imposer) qu'au lieu de tout préparer nous-mêmes, nous fassions appel à un service de traiteur pour l'essentiel, nous contentant de compléter avec fromages, boissons et peut-être desserts.
Grâce à Marie et à sa profonde connaissance des ressources "socio-gastronomiques" montréalaises, succès total: la soeurette a déniché une équipe communautaire spécialisée dans la préparation de réceptions pour associations, syndicats et autres groupes aux appétits aiguisés et aux budgets restreints.
Nous avons eu droit à la mise en place personnalisée d'un "buffet dinatoire" consistant en un assortiment fabuleux de tapas de toutes espèces, plus originales et savoureuses les unes que les autres, pour un prix défiant toute concurrence. Et comme les Leclerc avaient comploté avec leur gourmandise caractérisée pour assurer la partie liquide plus les fromages, ça a donné une fiesta d'autant plus mémorable qu'elle n'a occasionné pratiquement aucun effort de préparation… ni de nettoyage après coup, le traiteur venant tout récupérer, y compris verrerie, coutellerie et vaisselle. Ouaouh! Une formule à revisiter.
Ça me fait presque oublier (oups! pardon, Lucie) qu'Antoine en a profité pour nous présenter sa nouvelle compagne québécoise (de Québec), sympathique et décontractée. Rien à voir avec le premier contact -- aoutch! -- avec Mireille en son temps. Nous la reverrons avec plaisir, pour autant que la relation résiste aux pénibles frictions de six semaines de farniente en Espagne ;-). Compris, frérot? En passant, c'est pas si souvent qu'on pense à prendre des "photos de famille", alors en v'là une (remarquez bien le premier plan!).
Dans l'intervalle, il y avait eu la catastrophe haïtienne, qui nous a plongés dans la douleur et l'angoisse. Qui de nos multiples amis haïtiens étaient là-bas en ce moment, sinon lesquels avaient perdu des parents, des proches? Nous nous sommes dépêchés d'offrir un peu d'aide financière en passant par la Croix-Rouge, puis nous nous sommes mis sur le téléphone pour tenter de toucher tous les vieux copains.
Dans la plupart des cas, soulagement: le romancier Dany Laferrière y était, mais il avait survécu et se préparait à revenir, les poètes Serge Legagneur et Anthony Phelps se trouvaient à Montréal et n'avaient perdu aucun proche, idem pour l'avocat Serge Moïse. La seule perte qui nous touchait directement était le sympathique écrivain et professeur Georges Anglade, que j'avais rencontré lors d'un Salon du Livre avec Legagneur il y a moult années. Le beau côté de cette médaille plutôt sombre, c'est que nous avons repris contact avec plusieurs vieux amis, que nous nous sommes promis de revoir dans les plus brefs délais.
Pour marquer le coup, nous avons décidé de n'offrir à la fête chez Marie que des présents d'origine haïtienne, que nous avons trouvés sans douleur à la boutique "Dix mille villages" rue Saint-Denis, avec l'aide de deux vendeuses hyper-gentilles. Comprenne qui voudra, et fin de la pub.
Nos cadeaux mutuels pour les Fêtes ont été un superbe fauteuil tournant et berçant en cuir brun authentique qui remplaçait le mien, confortable mais usé jusqu'à la corde et craquant de tous ses membres après une douzaine d'années d'usage intensif, et (comble du chouchoutage éhonté) un incroyable robot gris, chrome et noir vibrant, triturant et massant dans tous les sens, déguisé en chaise de dentiste montée en graine, équipé d'une télécommande indéchiffrable et signé Panasonic! Il a fallu une bonne semaine pour apprendre à s'en servir correctement, mais alors quelle jouissance!
Avant de repartir de Montréal, nous avons commencé à prospecter une future résidence pour "retraités actifs" suite à un cahier spécial sur le sujet dans La Presse. Nous en avons vu deux fort intéressantes et sympathiques, l'une sur la Rive Sud face à l'Île des Soeurs, l'autre dans l'Est derrière le Stade olympique… Feuilleton à suivre.
Il y a aussi eu deux ou trois séances très "travail" avec des représentants de la Banque, qui nous transféraient gentiment mais fermement de notre bonne vieille succursale de Côte-des-Neiges à laquelle nous étions habitués depuis pas loin de vingt ans, vers un nouveau service réservé aux clients "haut de gamme". Comme sur Côte-des-Neiges, suite aux départs de Lydia Haziza et de notre conseiller favori Abdel Taïr, nous ne connaissions presque plus personne de toute façon, pourquoi pas? Mais le déménagement, tout virtuel qu'il fût, ne s'est pas déroulé sans quelques anicroches... Quelques comptes impayés sont passés entre les craques, le mécanisme de calcul et de paiement des impôts s'est avéré un peu imprécis, mais bon. Mal placés pour nous plaindre, nous sommes!
De Martinique, nouvelles du Bum chromé par Raymond Marie. Le bateau lui-même est en très bon état -- un ou deux bidules électroniques demeurant à vérifier --, mais nous perdons de nouveau notre skipper, le rasta Marc, qui a décidé d'émigrer en France retrouver sa (ou une de ses) copine. Comme remplacement, Raymond a contacté l'ancien comparse de Gérard Pancrate, Marc Éloré, qui depuis notre périple européen avec lui a acquis ses titres de noblesse comme capitaine de voilier de plaisance. Reste à savoir comment nous nous entendrons.
Enfin, cap sur Montpellier. Par la magie de la carte Centurion d'AmEx, une limousine luxueuse et gratuite est venue nous chercher à la maison pour nous emmener à Dorval, première étape d'un vol Air France pour Paris-CDG. Trajet sans histoire, débarquement dans la pénombre de l'aube et d'une aérogare encore endormie. Par chance, le resto du Sheraton-aéroport était ouvert pour le petit-déj. et une charmante Sénégalaise nous a dorlotés pendant les deux heures où nous attendions le train pour Montpellier qui devait nous cueillir à la gare juste dessous.
Il faisait un peu gris à l'arrivée, mais ça s'est corrigé tout de suite le lendemain. Quelques jours de flânerie, quelques bons repas dans le voisinage, confirmation de la réservation de billets par Internet pour le prochain Roland-Garros.
Comme Azur faisait du cocooning et que j'avais la bougeotte (maladie québécoise archi-connue), je l'ai délaissée deux ou trois jours pour une agréable mais solitaire escapade par TGV et train local à l'Île de la Lagune de Saint-Cyprien, en bord de mer près de la frontière espagnole. Immense chambre (ou mini-suite) extra-confortable, décor enchanteur, temps un peu frais mais magnifique, gastronomie impeccable.
Le chef étoilé Jean-Pierre Hartmann a conservé de ses origines alsaciennes un tour de main certain pour la choucroute (tous les jeudi midi, et le restaurant est alors si achalandé qu'il faut réserver, voir ci-contre) et une précision admirable dans le traitement des menus plus méridionaux que lui inspirent depuis une bonne décennie les produits de la région.
Sur le chemin du retour, arrêts à Elne, belle petite ville médiévale dotée d'un marché animé et fourni, d'un cloître roman admirable et d'une belle cathédrale romane aussi (sans compter un petit resto accueillant sur les remparts, Cara Sol) et à Perpignan, où j'ai vagabondé quelques heures dans la vieille ville avec un plaisir un peu esseulé.
Reprise de contact avec les voisins Chantefort du dessous; nous avons raté de justesse leur fille Caroline, rentrée à Montréal la veille de notre arrivée, et André était juste en transit entre Séville et Bogota. Jean-Pierre Dréan, lui, avait déménagé dans l'intervalle de sa maison de Gignac dans un appartement plus cozy au petit bourg voisin d'Aniane. Il s'est empressé de nous inviter à partager avec lui un festin de fruits de mer à la "Côte Bleue" de Bouzigues, qu'il nous a vantée, non sans raison, comme "le meilleur restaurant marin du Languedoc".
Nous y avons débarqué par une belle journée, un peu frisquette, pour nous attabler face à une vue imprenable du Bassin de Thau et de ses cultures ostréicoles:
de longues cages d'huîtres en suspension à perte de vue, surmontées par le Mont Saint-Clair de Sète juste en face. Soupe de poisson plantureuse, plateaux de fruits de mer de très haut niveau, loup grillé au beurre blanc, le tout arrosé de ce voluptueux muscat sec que nous avions découvert avec Jean et Marie à Fontjoncouse chez Gilles Goujon (qui vient de décrocher trois étoiles au Michelin, ma soeur a décidément du nez dans son choix de "petites auberges sympa").
Autres nouvelles du bateau. Marc Éloré était dans un premier temps malade, dans un second capricieux: il voulait avoir le contrôle sur tout, quitte à nous séparer de gens (Henrietta et son fils, notre vieil ami Raymond) qui nous donnent parfaitement satisfaction. Pas question. Avant de le confronter sur place pour voir s'il est quand même possible de nous entendre sur une autre base, nous apprenons avec plaisir que l'autre Marc (Saint-Albin) sera disponible à notre arrivée aux Antilles pour nous emmener dans la longue virée que nous espérons vers le nord jusqu'aux Îles Vierges. Ouf.

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