02 octobre 2011

La France a (pour l'instant) un Sénat!

Un détail que j'oubliais hier dans l'émotion des retrouvailles: la France a découvert brusquement ce samedi 1er octobre qu'elle avait un Sénat. Et un Sénat qui peut être autre chose qu'un reliquat bizarre d'époques révolues, et qui même pourrait éventuellement servir à autre chose qu'à emmerder le peuple.
Comme, par exemple, à emmerder le Président de la République...
Cette découverte, comme tant de choses ici, a été à la fois purement fortuite et l'aboutissement d'un long processus tarabiscoté qui n'intéressait personne ou presque. C'est l'effet d'un de ces paradoxes hexagonaux qui me fascinent (et qui énervent suprêmement mon frère Antoine). Comment un pays aussi ancré dans les grands principes peut-il être en même temps soumis aux caprices de la mode, comment un pays si profondément enraciné dans une longue histoire dont les monuments lui crèvent partout les yeux peut-il vivre tellement dans l'excitation du moment présent qu'il en oublie des évènements majeurs de la semaine dernière?
Quoi qu'il en soit, il aura fallu pour cela qu'un impensable (pourtant d'une absolue logique) se produise, que le Sénat depuis toujours arrimé à droite bascule à gauche et qu'en conséquence un personnage quasi transparent dont le nom même était inconnu il y a huit jours, Jean-Pierre Bel, se trouve en situation de succéder à Nicolas Sarkozy comme chef de l'État. Tout à coup, les journaux et les chaînes de télé ne parlent plus que de ça, alors qu'hier encore elles ne mentionnaient le Sénat que dans les rubriques nécrologiques -- les Sénateurs ayant la charmante habitude de le demeurer jusqu'à leur mort -- ou en tant que voisin d'un parc magnifique et d'un musée remarquable (ceux du Luxembourg, bien sûr).
Mais en y pensant bien, ce Sénat, la France l'aura oublié dans huit jours, pour peu que DSK fasse de nouveau des siennes ou que l'équipe nationale oublie la honte des Tonga pour battre la Perfide Albion au rugby...

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