02 mai 2012

Un brin de muguet

Hier matin en me levant je suis allé au coin de la rue chercher pour Azur le traditionnel brin de muguet du Premier mai -- le comptoir de fleuriste improvisé était d'ailleurs la seule boutique ouverte dans ce Paris de la Fête du Travail où nous sommes arrivés depuis dimanche soir.
Il faisait un temps splendide, assez doux pour avoir envie de manger en terrasse… à condition de trouver une place dans un des rares restos ouverts. Nous sommes donc partis en bus assez tôt vers le début du boulevard Saint-Germain, en face de l'Institut du Monde arabe.
Malheureusement, un de nos marocains favoris, l'Atlas, était fermé. Mais ça nous permis de faire, juste de l'autre côté de la rue, une heureuse découverte qui s'ajoutera sans doute à notre "short list" de bonnes bouffes parigotes. Chez René est un troquet à l'ancienne, lambrissé de bois sombre couvert d'affiches vieillottes, avec même le panneau menant à la cave qui s'ouvre dans le flanc du bar-comptoir.
Évidemment, la terrasse était déjà prise d'assaut, mais le garçon nous a installés en-dedans à une bonne table d'où nous pouvions voir le boulevard où devait passer le défilé. Un bel os à moëlle pour moi, des asperges blanches toutes fraîches un peu croquantes sous leur sauce hollandaise pour Azur, puis un boeuf bourguignon onctueux, un confit de canard fondant sous une montagne de frites maison et un Grigny premier cru à prix très doux nous ont amplement consolés du couscous.

Constatant que nos voisins de table, un couple d'âge mûr, lorgnaient vers nos assiettes, nous avons vite lié conversation. Dorothy et Joe sont des californiens, lui d'origine irlandaise, elle espagnole, qui vivent à Oakland, face à San Francisco. C'est leur dernier jour à Paris, et ils ont voulu en profiter pour suivre un moment le défilé du Premier Mai (Joe est permanent syndical) qui doit passer devant nous pour aller se terminer à la Bastille.
Au moment du café et du dessert (fromages et doux monbazillac pour Dorothy et moi), nous déménageons sur la terrasse qui s'est enfin dégagée et où nous serons aux premières loges pour voir la "parade". Échange de cartes et d'adresses courriel, discussion sur la politique d'ici et là-bas -- nous sommes essentiellement d'accord aussi bien sur la relative déception qu'Obama a constituée pour les Américains de gauche que sur la quasi-certitude de la défaite de Sarkozy dimanche prochain.

Juste en face, une grande banderolle marque le stand d'un groupe de manifestants tunisiens -- un sympathique rappel que c'est grâce à eux qu'a pris naissance (ou du moins une vigueur nouvelle et remarquable) le mouvement des "indignés" et des occupations partout à travers le monde.
Comme nous terminons les digestifs, les premiers rangs du défilé apparaissent, surmontés d'un énorme ballon rouge barré du mot "solidaires". La foule est sans doute un peu plus homogène que d'habitude, car (courtoisie de M. Sarkozy et de Mme Le Pen), deux autres évènements rassemblent la droite (au Champ de Mars) et l'extrême-droite (à l'Opéra).

Ils sont quand même des dizaines de milliers, de tous les âges et de toutes les appartenances syndicales et partisanes de gauche, à s'avancer en rangs plus ou moins serrés sur toute la largeur du boulevard, dans une atmosphère qui tient autant de la kermesse que de la manif politique.

Dorothy et Joe nous quittent pour se joindre un moment aux marcheurs, tandis que nous trouvons refuge un peu plus loin dans un café où la plupart de nos voisins plus ou moins âgés arborent de rouges cocardes de la CGT, de la CFDT et du Parti de Gauche de Mélenchon. 
Mon téléphone sonne: ce sont Janine et Michel Euvrard qui viennent aux nouvelles; eux sont allés accompagner le début de la manif non loin de chez eux, Place Denfert-Rochereau.
Somme toute, une belle journée qui augure bien de ce bref séjour parisien.

Aucun commentaire: