21 août 2014

Futur, présent, passé...

En relisant et révisant le texte du blogue du tour du monde pour une éventuelle publication en journal de voyage, je constate un curieux phénomène: l'écriture sous cette forme inverse le cours du temps.
En effet, au moment où j'écrivais, les premiers chapitres étaient presque entièrement consacrés au futur: intentions, projet, préparatifs, attentes... La suite, rendus à San Francisco et surtout une fois en mer, était étroitement centrée sur le présent: visites, rencontres, incidents, impressions «à chaud». Et la dernière partie, depuis Singapour mais surtout après Jérusalem, regardait de plus en plus souvent vers le passé: rappel de séjours antérieurs, souvenirs, comparaisons avec de précédentes étapes, enfin réflexions sur ce que nous avions vécu, ce qui nous avait frappés, les gens et les lieux que nous avions aimés.
Alors qu'en parcourant le texte pour le retravailler ici et là, le temps reprend son cours normal: je commence par plonger dans le passé le plus lointain (en résistant à l'inévitable tentation de réarranger les évènements à la lumière de ce que j'ai su ou perçu par la suite). À mesure que j'avance, je pense de plus en plus en mode «présent». Avec pour finir un regard involontaire sur l'avenir: quelle forme le bouquin va prendre, comment d'éventuels lecteurs vont réagir, ce que nous pourrons donner comme suite à cette expérience unique (pour nous, du moins). 
C'est le cas en particulier pour les illustrations. En cours de route, j'ai pris quelques centaines de photos et, parallèlement, j'ai fait en direct ou de mémoire une quinzaine de dessins et esquisses plus ou moins réussis, et cinq ou six tableaux plus achevés à l'acrylique... dont je n'ai rien mis sur le blogue, en partie par paresse, mais principalement pour des raisons techniques d'accès Internet lent ou intermittent. Seuls les copains qui me suivaient via Facebook en auront eu un aperçu de temps à autre.
Mais en regardant tout ça après coup, je constate que comparé au texte et à mes souvenirs, il y a plein de trous visuels. Parfois les photos sont ratées ou ne traduisent pas adéquatement l'impression que j'avais gardée, parfois je n'ai aucune image ou presque... c'est d'ailleurs surtout le cas pour certains des moments qui nous ont le plus marqués: j'avais tendance à négliger ou même à oublier l'appareil, dans le plaisir de vivre pleinement l'expérience dans l'immédiat.
La solution, c'est sans doute de compléter par une quinzaine ou une vingtaine de nouveaux dessins et tableaux, réalisés principalement de mémoire ou à partir d'images trouvées ici et là — guides de voyage, documents, Internet. Mais en aurai-je le courage et la motivation? Pas si sûr...

Aucun commentaire: