11 juillet 2017

En grand deuil!

Serge Legagneur. Un puissant rayon de soleil haïtien qui depuis 1965 ouvrait la littérature et la pensée québécoise de la Révolution tranquille au reste d'un monde francophone et bigarré. 
Un discret omniprésent et extraverti, un imperturbable ultra-sensible et ultra-chaleureux qui a enchanté nos nuits du Perchoir d'Haïti et de l'Assoç Espanola de sa poésie un peu mystérieuse, en même temps sévère et charmeuse, un éternel ami trop rarement revu — nous nous étions pourtant juré au téléphone, en début d'année, des retrouvailles fastueuses cet automne à notre retour. 
"Si l'un d'entre eux manquait à bord, (...) Jamais son trou dans l'eau ne se refermait", disait Brassens. Le trou que laisse Serge dans le sillage du Bum chromé où nous voguions au large de la Martinique pendant que le cancer l'emportait à Montréal est immense. Et je pleure.
Cette nouvelle, relayée avec un peu de retard par ma soeur Marie à partir d'un bel article du Devoir, a assombri un retour plaisant mais  un peu difficile des Antilles à Montpellier, où nous attendait un appartement chaudement ensoleillé et propret, grâce aux soins de la chère Ingrid Segura.
La phlébite dont Azur se croyait débarrassée à Montréal a semblé refaire des siennes sous le climat tropical à la fois humide et torride du début de la saison des tempêtes; sa jambe gauche se remet à enfler et manque de force. Heureusement, nous retrouvons près de notre second chez-nous Manuel, le sympathique médecin montpelliérain de l'amie Denise Boucher, qui saura bien trouver le remède approprié.
La fin du séjour en Martinique s'est plutôt bien passée, les cousins et amis Raphaëlle et Charles Larcher sont d'abord venus déguster à bord du Bum Chromé, dans la Petite Anse d'Arlet, le court-bouillon final du quasi monstrueux barracuda pêché deux jours plus tôt; puis, l'avant-veille du départ, ils nous ont emmenés au Diamant, le village natal d'Azur, qui tient toujours à passer au cimetière où sont enterrés sa grand-mère Cécé et une bonne partie de sa parenté. Visite couronnée par un dîner antillais (féroce de hareng, petits pâtés et colombo de poisson) concocté par Raphaëlle et épicé d'un vif débat politique avec leurs copains Marlène et Yves, sur leur délicieuse terrasse qui surplombe toute la plage diamantinoise.
Le vol de nuit du Lamentin à Paris sur Air Caraïbes (bon menu conçu par notre ami Jean-Charles Brédas) s'est très bien déroulé, grâce notamment à un exemplaire service d'assistance à l'embarquement/débarquement, mais c'est au matin à Orly que ça s'est gâté: pas d'accès à un salle d'attente, seulement un buffet médiocre surachalandé de familles en bruyant et remuant départ de vacances... et par surcroît la navette pour Montpellier avait pas mal de retard. Cela a étiré à six longues heures un hiatus que nous trouvions déjà interminable entre les deux vols, jusqu'à la grimpette des hautes marches de l'escalier depuis le tarmac vers un Bombardier étroit et congestionné.
Pas un bon plan, ce tout-en-avion. La prochaine fois, on revient finir le trajet en confortable et presque toujours ponctuel TGV.

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