03 septembre 2018

Fin d'épisode

Et voilà déjà que l'épisode Martinique est terminé. Mercredi nous sommes passés à la banque nous assurer que tout était en ordre financièrement pour les prochains mois, puis à l'agence de voyage voisine pour confirmer nos réservations sur Air Caraïbes vers Orly et acheter nos billets de TGV de Paris à Montpellier. Jeudi, visites d'adieu de Philippe Ursulet et Charles Larcher et dernier repas créole «gastronomisé» au Zanzibar.
Vendredi matin, Twiggy et Henrietta sont venus ranger nos affaires et nous donner un coup de main pour préparer les bagages, encore une fois réduits au minimum. À midi, taxi de Rodolphe jusqu'au Lamentin, embrouillamini pour la remise du fauteul roulant et l'assistance-embarquement, suivis d'une longue attente assez orageuse au Salon Madras pour un départ retardé d'une heure. Pour une fois, cuisine décevante à bord malgré les efforts d'un personnel chaleureux. Samedi matin à Orly, autre taxi (un tunisien ultra-loquace) pour la Gare de Lyon, où nous sommes arrivés juste à temps pour prendre le TGV vers Montpellier. En milieu d'après-midi, nous retrouvons enfin l'appartement voisin de la Mairie qu'Ingrid, notre Chilienne de prédilection, nous a douillettement aménagé comme si nous l'avions quitté hier plutôt qu'en juillet de l'an dernier. Grand repos complet...
La semaine dernière, nous avions finalement pris la mer pour une ballade de quatre jours, assez mouvementée. Le nouveau skipper, Ignace, est un Diamantinois d'âge mur, joyeusement porté sur le rhum, qu'il enfile blanc et sec, en-dehors des heures de travail, heureusement. Mardi matin peu avant neuf heures, nous avons largué les amarres pour sortir du Cul-de-sac du Marin et mettre les voiles à l'ouest, poussés vers Sainte-Luce et le Diamant. Beau temps et brise légère, entrecoupés d'averses brusques mais courtes.
À la demande de Marie-José, nous avons longé la plage du Diamant et passé entre le Rocher et la pointe du Morne Larcher. Comme le clocher sonnait midi, nous avons accosté au quai des Anses d'Arlet. Baignade rapide au milieu d'un mélange détendu de touristes et de locaux, puis bon lunch les pieds dans le sable d'une paillotte familiale de bord de plage. Comme Azur ne se sentait pas en forme pour la courte ballade à son village natal, farniente à bord, petit souper et nuit bercée par la houle lente du mouillage bien protégé.
Peu après le lever du soleil, nous avons levé l'ancre par une brise assez surprenante de constance et d'intensité tout le long de la Côte Caraïbe jusqu'à l'anse de Saint-Pierre, où nous avons débarqué juste à temps pour que Twiggy puisse se précipiter au marché faire des provisions de produits frais, de boulangerie et d'amuse-gueule pour le ti'punch du midi.
Une fois ce cérémonial expédié dans les règles, nous avons gravi en taxi les contreforts de la Montagne Pelée jusqu'au grandiose portail bordé de puissants palmiers royaux de la distillerie Depaz, toute de bâtisses d'une élégance ancienne nichées dans des champs de canne vallonneux d'un vert rutilant. Après un bon repas dans un Moulin à Cannes transformé en temple de la gastronomie antillaise, j'ai refait mes habituelles provisions de rhum vieux (millésimes 2002 et XO) et paille, que nous avons ramenées à bord.
La sieste d'après-midi nous a ménagé une fâcheuse surprise: j'ai été tiré de ma somnolence par un piaillement de voix discordantes -- une bonne douzaine d'invités aussi imprévus qu'indésirés, mélange de pierrotins, diamantinois et métropolitains, avaient envahi le cockpit et Azur, avec son incorrigible bonhommie, avait cru bon de leur offrir un verre. Brusquement réveillé, j'ai piqué un crise que Twiggy, diplomate dans l'âme, a déguisée en urgence: «Désolé, mesdames et messieurs, mais le patron vient de se rappeler que le bateau doit appareiller dans quelques minutes pour rentrer dans la Baie de Fort-de-France avant la nuit.» Dix minutes plus tard, nous nous détachions du ponton et, après une courte et vive discussion, décidions de rentrer dare-dare au Marin, quitte à naviguer de nuit.
Paradoxalement, le voyage de retour dans le crépuscule et une obscurité constellée a été un enchantement. Il était près de minuit quand nous avons choisi de ne pas tenter une délicate rentrée, à l'aveugle ou presque, dans la marina, mais de jeter l'ancre pour la nuit sous la falaise du cimetière de Sainte-Anne, où est enterré le père de ma compagne.
Au lever du jour, conciliabule: pourquoi retourner au bercail, alors que la capitainerie ne nous attendait pas avant au moins deux jours? Nous sommes donc repartis vers le sud et l'ouest, doublant la pointe des Salines, l'Ilêt Cabrit et la Table du Diable; après avoir hésité un moment devant la tentation d'une plongée dans le miroitement turquoise des eaux éternellement calmes de la Baie des Anglais, nous avons remonté la Côte Atlantique, longeant le Vauclin protégé par sa ceinture de récifs de corail, pour pénétrer dans le chapelet de petits îles semi-désertes qui enserrent les Fonds Blancs du François et la mythique Baignoire de Joséphine.
Là, nous avons mis l'ancre assez loin du bourg, avec l'intention de rendre visite au cousin Daniel Philémont-Montout. Mais ce dernier étant indisposé, nous avons plutôt expédié Twiggy au restaurant de Leroy Mongins, sur l'Islet Thierry, d'où il nous a rapporté un plantureux déjeûner, pris dans le cockpit après la traditionnelle baignade apéritive sur les fonds de sable immaculés. Re-plongée dans les irrésistibles eaux-miroirs avant le coucher du soleil, puis contemplation béate d'un ciel brillamment étoilé (grâce à l'éloignement de toute agglomération éclairée et malgré une quasi-pleine lune) et sommeil sans histoire.
Vendredi enfin, retour à notre ponton du Marin après une dernière escale face à la plage de Sainte-Anne pour savourer les délices de la Cour Créole, un comptoir de cuisine traditionnelle à emporter dont on nous avait vanté les mérites, avec raison. Et pour mettre un terme agréablement harmonieux à cette virée, Azur et moi nous sommes laissés séduire par une voix «bluesy» un peu rauque qui nous parvenait de la rive dans l'obscurité. Rhabillés à la hâte, nous nous sommes retrouvés attablés devant une pierrade d'agneau de l'Annexe, à écouter, sur les accords d'un bon guitariste barbu grisonnant, une talentueuse chanteuse locale (dont le nom nous a hélas échappé) qui égrenait un répertoire éclectique dans un style à mi-chemin entre notre Marjo québécoise et ma vieille copine folk américaine Melanie Safka.
À la prochaine?

2 commentaires:

Ignace saint-aime a dit...

bonjour yves, c'est ignace saint-aime, j'aimerais prendre contact avec toi , tu peux me joindre au 0696251097 ou via l'adresse isa.caraibphone@gmail.com
cordialement saint aime ignace.

Ignace saint-aime a dit...

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