18 juin 2019

Un pas vers la modernité

Même du cockpit du Bum chromé en Martinique, je vois que le Québec continue d'avancer sur la voie de la modernité.
La loi 21 n'est sans doute pas parfaite (quelle action politique l'est jamais?) mais elle est nécessaire, progressiste et fort équitable. Bien sûr, les ennemis d'une vraie laïcité vont partir en guerre, mais il était difficile de trouver un point d'équilibre correct entre les droits individuels et un acquis précieux, presque unique au monde, de la société québécoise: DANS LA PRATIQUE, celle-ci a fait de la laïcité sa base de fonctionnement quotidien, pacifiquement, consensuellement et sans discrimination formelle après des siècles de soumission à une confession religieuse aux ambitions totalitaires.
Le gouvernement Legault a trouvé une formule raisonnable, sans doute perfectible, alors que tous les régimes précédents ou bien s'y étaient cassé la gueule ou avaient lâchement renoncé. Qu'il ait fallu passer outre à la Charte canadienne est dommage, mais il était clair qu'un régime qui approuvait le niqab ne pouvait comprendre l'absolue nécessité d'assurer que les personnes exerçant l'autorité de l'État ne puissent imposer ostensiblement leur spécificité religieuse à des gens d'une autre croyance soumis à leurs décisions ou à leur influence. La faute en est à l'obscurantisme canadien, non au progressisme québécois.
Je regrette aussi que mes amis musulmans refusent de comprendre qu'en se rangeant dans le mauvais camp pour livrer un combat d'arrière-garde, loin de défendre leurs droits, ils se trompent de cible et se placent tout à fait inutilement dans une situation où la majorité sera tentée, non sans raison, de leur en vouloir -- ce n'est pas eux que la loi vise, mais les excès potentiels de tous les fanatismes religieux, dont ils pourraient très bien être eux-mêmes victimes dans un avenir pas si lointain.
Quant à l'imposition du baillon, le débat sur le sujet se poursuivait librement au moins depuis les audiences de la Commission Bouchard Taylor en 2007, toutes les nuances d'opinion avaient été formulées et répétées à satiété, et les efforts de l'opposition ne servaient plus qu'à aviver des tensions malsaines et tenter de retarder une décision nécessaire sans rien apporter de neuf. Ici encore, on peut le regretter, mais le gros de la faute réside dans le camp qui proteste avec hypocrisie.

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