20 août 2020

Une Drôle d'expérience

 J'étais plutôt sceptique quant à l'intérêt d'une Convention de nomination américaine virtuelle... mais la formule trouvée par les Démocrates est fort convaincante. Il y manque sans doute l'excitation causée par les foules, les banderolles, les ballons, etc. En contre-partie, les trois premières soirées ont été bien plus riches en information pertinente et en perception des personnalités en cause que ne l'aurait permis le format traditionnel. 

 Première remarque: le couple Michelle-Barack Obama est une force politique redoutable, combinant l'émotion sincère de l'une avec l'intelligence aiguë et la savante éloquence de l'autre. Je soupçonne que leur double intervention, l'empathie de Madame contrastant et humanisant la charge féroce de Monsieur, pourrait avoir un effet décisif sur les Démocrates tièdes à l'égard de Joe Biden et les «indépendants» encore indécis. 

 Deuxièmement, Kamala Harris s'est fort bien tirée de l'impossible mission de succéder à l'ex-Président à la tribune. Son choix de jouer sur le sentiment et sur sa propre histoire plutôt que de s'en prendre à l'adversaire (le rôle habituel du candidat à la vice-présidence) était astucieux, surtout après la sortie atypique de BarackObama. 

 Troisièmement, le fait de reléguer le couple ex-présidentiel Hillary-Bill Clinton en marge de l'heure de plus grande écoute montre à quel point leur étoile pâlit et leur influence sur leur parti et sur la politique dans son ensemble est en train de se dissiper... surtout si on compare avec l'importance accordée aux Obama.

 Quatrièmement, l'idée de parsemer les trois soirées de courtes interventions de «citoyens ordinaires» (sans doute soigneusement choisis) était efficace, et a donné lieu à certains des moments les plus ftappants de toute l'expérience. 

 Enfin, les ripostes de Donald Trump sur Twitter et de ses partisans déclarés de FoxNEWS à l'écran sont jusqu'ici d'une faiblesse et d'une mesquinerie navrantes, impossibles à ignorer sauf si l'on est un partisan sourd et aveugle du Président.

 Il n'y manquait qu'un parfum de scandale, généreusement fourni par l'ex-conseiller préféré de la Maison Blanche et champion des théories du complot, Steve Bannon, accusé (et par le Service postal, curieuse coïncidence!) de fraude grossière... avec pour prétexte le financement de la construction du Mur anti-immigrants. Difficile de faire mieux.

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