Ma réaction à une grande partie des informations dérangeantes qui circulent ici et ailleurs (dont une partie par ma faute, et je m’en veux!) est qu’elles sont vraies, mais pour la plupart de simples confirmations des craintes manifestées par les milieux progressistes depuis des mois. Je ne vois pas bien en quoi les répéter à satiété contribue à avancer vers une solution: il me paraît évident que la gravité de la situation exige bien plus que des regrets et plaintes stériles et des alertes dispersées sur des thèmes disparates.
Nous devrions plutôt unir nos forces pour définir et mettre en place des initiatives et des projets d’envergure qui peuvent effectivement contrer ce qui se passe, dans l’immédiat et pour l’avenir. Ce qui implique des actions concertées pour utiliser les moyens légaux existants, si peu efficaces qu’ils soient, en parallèle avec des manifestations et des mouvements populaires de contestation à l’intérieur des USA mais aussi dans les pays visés ou déjà victimes des politiques de Musk-Trump, de Macron et autres réactionnaires...
Par exemple, la volonté de boycotter les produits yankees est certainement louable, mais si elle se résume à un retour de flamme pour «l'achat chez soi», elle va vite montrer ses limites. Les acteurs socialement engagés du monde commercial (économie sociale et coopérative...) devraient d'urgence travailler ensemble à travers les frontières et profiter de l'occasion pour développer des réseaux de circulation et de distribution entre leurs organisations, en mettant l'accent sur l'échange de produits qui existent ou peuvent être produits plus naturellement dans un pays ou une région et pas dans d'autres.
Il faut aussi (moins évident mais tout aussi nécessaire) réfléchir sur le fond du problème et proposer des réformes pratiques, d’abord politiques mais avec des implications sociales et économiques, qui répondent aux angoisses et insatisfactions justifiées de masses de citoyens qui se sentent impuissants et infantilisés par le système existant. Sans un volet positif, porteur d’espoir, les mesures purement défensives et les protestations ne régleront rien… comme l’ont démontré les malheureux échecs à moyen et long terme du Printemps arabe, des Indignados, d’Occupy Wall Street, des Nuits blanches et autres mouvements populaires pourtant forts et bien intentionnés.
Par ailleurs, j'ai passé une bonne partie de la journée à prendre connaissance sur le Web et dans divers médias des réactions des dirigeants et chefs d'État du reste du monde à ce qui se passe à Washington. Mon constat alarmant est qu'à l'unanimité (s'il y a des exceptions, elles sont loin d'être visibles) cela consiste en une défense pure et simple du statu quo politique accompagnant des bordées de mesures économiques foncièrement néo-libérales. Pas un seul geste en faveur d'une évolution de la démocratie dans le sens des aspirations populaires, et tout plein d'actions qui prétendent protéger le niveau de vie des peuples, mais qui relèvent en réalité d'une préoccupation quasi maniaque pour le bien-être des entreprises... et de leurs relations privilégiées avec les gouvernements. Ce qui, si ma lecture de la situation est correcte, est bien plus de nature à aggraver la conjoncture qu'à l'améliorer.
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