14 novembre 2007

11 novembre 2007

La dernière semaine aura été celle des visites. D'abord, avec les vacances de la Toussaint et la fin prochaine de la saison des tempêtes tropicales, la Marina reprend vie. En fin de semaine, les pontons voisins qui hébergeaient les catas de location étaient pratiquement vides, les bateaux partis en mer emmenant en croisière des familles ou des groupes d'étudiants.
Évelyne, la "jeune" soeur d'Azur, est débarquée de la navette de Guadeloupe pour passer deux jours avec nous. Par une sorte de miracle, elle a convaincu son fils Bruno de venir garder sa demi-douzaine de chiens pour lui permettre sa première visite en Martinique depuis la mort de son papa, il y a quinze ans. Elle était en meilleure forme que lorsque nous l'avions vue en janvier.
Elle nous a entraînés dans un pèlerinage sentimental sur les lieux de sa jeunesse: maisons des parents et des grands-parents, la résidence d'une vieille tante qu'à notre étonnement ravi nous avons découverte encore verte à 90 ans et plus, en train de cultiver son jardin! Et pour finir, les cimetières de Sainte-Anne et du Marin, où sont enterrés son père et sa mère.
Avec le cousin Daniel, nous l'avons emmenée manger chez Brédas à Saint-Joseph, qui a fait pleinement honneur à sa réputation tout en nous accueillant comme de vieux amis retrouvés. Pour compléter la journée, nous avons fait une tournée du nord de l'île, avec des arrêts au port de pêche de Marigot et au Robert.
Le lendemain midi, merci aux embouteillages sur la route entre le Lamentin et Dillon, elle a raté le bateau qui devait la ramener dans son île, et a dû se rabattre sur l'avion. Bof. Mais elle était radieuse, et Azur et elle ont eu de longues conversations chuchotées, entrecoupées d'éclats de rire, qui leur ont clairement fait du bien à toutes deux.
À peine était-elle partie que sont arrivés les Belaye père et fils. Même si Anthony (le fils) a le mal de mer, il n'a eu aucun problème pour habiter le Bum chromé à quai. Eux non plus n'étaient pas venus en Martinique depuis un bout de temps, nous sommes donc allés faire le tour des nouveautés, avec une étape gourmande à l'Habitation Dillon, près de Fort-de-France, un de nos favoris.
Robert, qui était en piteux état autant moralement que physiquement il y a un an, a bien repris du poil de la bête, et échafaude de grands projets: avec son fils et un neveu, il envisage d'ouvrir une affaire sur la route de Gosier, dans une propriété qui a jadis appartenu à son père. À vue de nez, le concept est raisonnable, et on lui souhaite fort que ça marche, il en a besoin.
Au lendemain de leur départ, nous avons commencé à planifier notre propre embarquement: en principe, nous partons lundi pour voguer par petites étapes vers Trinidad, où se feront le nettoyage annuel de la coque et l'antifouling.
Comme une espèce de test de l'état du bateau, nous avons décidé d'aller faire un tour en mer et une baignade à Sainte-Anne. Bien nous en a pris: le moteur babord, qui marchait à peu près correctement il y a deux semaines refusait carrément de démarrer. Une fois au large de Sainte-Anne, Gérard a plongé pour voir ce qui se passait là-dessous; rien du tout. Quand nous avons ouvert la trappe du moteur, nous avons découvert que la panne était due à un détail idiot: un des fils de l'allumage était rompu.
Et pendant que nous faisions la réparation (Gérard plongé sous la trappe et moi en haut aux manettes pour tester le résultat), j'ai trouvé le tour de glisser sur un outil et de me péter la cage thoracique sur la rampe de l'escalier du skybridge. Je ne sais pas encore quelle est l'étendue des dégâts, mais si la douleur persiste à ce niveau, je suis bon pour une visite au docteur et au radiologiste lundi, ce qui risque de retarder le départ de deux ou trois jours.
Cela ne nous empêche pas de nous livrer aux dernières emplettes et de faire le circuit des visites d'adieux à la famille, aux copains et aux relations de travail (capitainerie, conseiller fiscal, etc.). Aussi rencontré un couple de Lyonnais fort sympathiques qui se cherchent un bateau de grande croisière et examinent avec intérêt notre voisin l'Escampette. Nous les mettons en contact avec les proprios au Damant, on verra ce que ça donne.
Dans l'intervalle, la Baie du Marin est envahie d'une véritable flotte de motor-yachts géants. C'est un énorme transporteur de bateaux, tout gris et orange, qui les a amenés. Il s'est arrêté juste en face de la marina, directement devant la pointe du Club Med, et s'est tout doucement enfoncé dans la mer. Nous avons compris qu'il vidait l'air des ballasts situés au fond de sa coque pour laisser l'eau pénétrer et permettre aux yachts formant sa cargaison de se mettre à flot et de sortir par leurs propres moyens. Assez fascinant comme spectacle.
Il semble que ce soit un rite annuel: les millionnaires font transporter leurs bateaux (entre 30 et 50 mètres de long!) de la Méditerranée vers la Mer des Antilles à l'automne, et les récupèrent du côté de Majorque ou d'Ibiza quand revient le printemps. En attendant, ils sont sept ou huit super-yachts rutilants, hauts de trois ou quatre étages, qui occupent les bouts des pontons de la marina, peuplés d'équipages en uniformes impeccables et attendant de se réapprovisionner et/ou que leurs propriétaires arrivent à bord pour repartir vers Saint-Martin, Saint-Barth, Mustique ou autres repaires des gens de cette espèce.
Bof. Comme Lucky Luke, nous allons partir d'ici en chantant, dans le soleil couchant!

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