27 septembre 2010

La fête à Billard... et à Paco de Lucia

(27 septembre 2010) Un petit bout de blogue après deux mois et demi de silence: les gens heureux n'ont pas d'histoire… ou ils sont trop béats pour la raconter!
Le long séjour à Montréal s'est bien terminé. Le nouvel appartement a pris forme peu à peu, on s'y sent de plus en plus chez nous.
Autant pour le plaisir de la vue sur la ville et de la luminosité que pour le confort et la bonne organisation des lieux. Maintenant que les rideaux (luxueux, je dirais presque luxurieux) sont installés et les tapis de Perse déroulés, ça ressemble à un vrai chez-soi. Ça aurait même un petit air cossu, n'était ma foutue bibliothèque, encore empilée dans une grosse douzaine de caisses au milieu de la place, que je n'ai pas eu le coeur de ranger.
En revanche, je profite au maximum de la piscine-jacuzzi-sauna pour me remettre en forme, un peu moins de la salle d'exercices avec toutes ses machines qui m'intimident. J'ai par ailleurs eu droit à un spectacle unique: un formidable orage électrique aux multiples éclairs et roulements de tonnerre, contemplé à travers le plafond vitré de la piscine où je faisais la planche. Magique.
Azur, elle, fait surtout de la marche dans le (joli) jardin derrière. Mais la présence d'un dépanneur, d'une pharmacie et d'un coiffeur sur place, sans parler du bar qui fait bistrot le midi et de la bibliothèque assez bien garnie, incite à la paresse. Il faudrait aussi essayer les ressources ludiques du sous-sol, où ce qui m'attire le plus est l'atelier de beaux-arts et photo.
À la mi-août, une belle fête à la campagne pour les 80 ans de Jean-Antonin Billard, un vieux de la vieille qui était l'inséparable de Patrick Straram tout au long des années 1960. J'avais pour lui un cadeau unique:
l'immense copie du "Dos de Mayo" de Goya qui trônait jadis face au bar de l'Asociacion espanola de Pedro, que Lucia m'avait donnée à son intention. Plus une bouteille de chinchon seco, venue de Barcelone.
Y avons retrouvé plein de vieilles connaissances, notamment le cinéaste Arthur Lamothe, diminué physiquement mais pas du tout mentalement, la graveure et éditrice Monique Dussault, en pleine forme, l'ancien ministre du Travail et animateur radio Jean Cournoyer (échange de souvenirs sur la grève de la Presse de 71-72, où il avait agi comme médiateur) et deux des "Trois Métèques" de la vieille Casa, Duke et George, accompagnés de la toujours belle Pauline Aubut, ex-égérie de Vittorio. Sans compter un tas d'autres qui nous sont tombés dans les bras, dont nous reconnaissions les têtes, mais dont nous n'avons jamais pu retrouver les noms. Et vous ne les verrez même pas, j'avais oublié d'apporter un bon appareil-photo.
Quelques jours plus tard, Billard est venu prendre un verre à la maison avec l'ex-Montréalais redevenu Parisien Michel Euvrard, de passage ici comme tous les deux ans. Le même soir, une piquante pieuvre grillée et un somptueux homard
à la grecque chez Milos, avenue du Parc, avec notre presque-voisin languedocien Jean-Pierre Dréan et son copain Bruno, tous deux baba -- ils ne pouvaient pas croire qu'un restaurant grec puisse être aussi bon!
Pour nous rendre la politesse, Dréan nous a entraînés hier sous les murs de Carcassonne (je saute le voyage Montréal-Montpellier, sans histoire) où nous avons dégusté, dans l'antique salle du Château Saint-Martin, ce que notre copain -- pas très porté sur la modestie, il faut l'avouer -- nous vantait comme le meilleur cassoulet au monde… et après coup, nous ne sommes pas loin de le croire. Accueil hyper-gentil du chef Jean-Claude Rodriguez, de Jacqueline, de leur fils Emmanuel… et du reste de la famille, qui mettent
tous la main à la pâte.
Dans un décor d'un charme fou environné d'un foisonnant jardin, ce qui ne gâte rien.
Ah! un détail, mais important. Pendant l'escale à Charles-de-Gaulle, avant de reprendre le TGV pour Montpellier, nous avons mangé une petite mais bonne sole normande avec Gisèle Maia au resto du Sheraton incrusté dans l'aéroport. Elle va mieux, mais demeure profondément en deuil de sa fille Dominique, disparue l'an dernier. Espérons que ça finira par lui passer.
De retour à la Résidence des Palmiers, toujours un peu étouffée par les multiples chantiers de la nouvelle Mairie et de la troisième ligne de tramway, nous avons eu la surprise de constater que l'appart nous paraissait soudain plus exigu et plus vieillot que les dernières fois. Sans doute un effet du changement de logis à Montréal.
Peu importe, grâce à la gentillesse d'Ingrid, qui avait tout remis en ordre et approvisionné le frigo, nous nous sommes peu à peu réacclimatés et avons repris le rythme montpelliérain. Avec un coup de main des voisins du dessous: les Chantefort, à leur habitude, nous ont invités à un pot de bienvenue qui s'est prolongé en soirée par de joyeuses discussions.
Et j'oubliais le plus beau! J'ai découvert au dernier moment que le coup d'envoi des Internationales de la Guitare, vendredi dernier, était donné par Paco de Lucia. Par chance, il restait de bons billets, et nous nous sommes précipités à la FNAC pour mettre la patte dessus. L'ambiance "plastique-rock" du Zenith Sud n'était certes pas taillée sur mesure pour ça, mais le maître de la guitare flamenco et sa bande (Duquende à la voix, un extraordinaire harmoniciste dont je n'ai pas saisi le nom et surtout Farruco à la danse) nous ont vite fait oublier l'environnement pour deux heures de pur enchantement.
C'était d'autant plus fascinant que nous n'avions vu Paco qu'une fois, dans sa prime jeunesse à la Noche Flamenca de Cadix en '79; ce qui nous permettait de confronter nos souvenirs du jeune guitariste tout feu tout flammes d'alors avec le virtuose beaucoup plus serein (mais un peu pelé) qu'il est devenu... sans rien trahir! Quelle soirée!
Pour le moment, nous sommes surtout braqués sur les préparatifs de la prochaine aventure: une mythique croisière de trois semaines qui, à partir du 12 octobre, nous mènera d'un bord à l'autre de l'Europe centrale en remontant le Danube depuis Constantia sur la Mer Noire, puis en descendant le Main et le Rhin jusqu'à Amsterdam sur la Mer du Nord. Roumanie, Bulgarie, Serbie, Croatie, Hongrie, Slovaquie, Autriche, Allemagne et Pays-Bas, autant de contrées que nous ne connaissons pas, ou à peine. Et tout ça sans avoir à refaire et défaire nos valises, à partir du confort d'une spacieuse cabine sur une péniche géante!
Rendez-vous au prochain chapitre pour le compte-rendu…

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