14 mai 2014

Au moment de boucler la boucle...

À strictement parler, notre tour du monde se terminera le jour où, dans quelques semaines, nous débarquerons de l'avion qui nous ramènera à Montréal. Mais dans notre esprit, c'est l'arrivée à Montpellier la semaine dernière qui en a marqué la fin après quatre mois pleins. Car nous nous retrouvons «chez nous», dans nos meubles, nos affaires, nos habitudes, notre voisinage de copains et de connaissances.
Le retour de Venise s'est plutôt bien passé, même si ça ne s'est pas fait comme nous l'aurions préféré. Idéalement, nous serions rentrés tranquillement en train — express italien de Venise à Milan, puis TGV par le Midi de la France. Hélas, c'était irréaliste, les horaires ne concordaient pas et surtout, il n'y avait pas de trajets directs, mais une série de changements qui étiraient le voyage à plus d'une douzaine d'heures... avec presque obligatoirement une nuit d'hôtel au milieu. 
Nous nous sommes donc résignés à prendre l'avion jusqu'à Lyon (une heure et quart en mode économie sur EasyJet, un peu à l'étroit mais avec un personnel étonnamment sympathique) puis deux heures de train de la Part-Dieu à Montpellier. En chemin, nous avons découvert l'efficace service d'aide de la SNCF, une escouade de jeunes gens joviaux et disponibles en livrée rouge qui vous escortent, transportent et placent vos bagages à bord au départ, les récupèrent et vous déposent dans un taxi à l'arrivée. Gratuitement. Cela confirme ce que nous savions déjà: en Europe du moins, les voyageurs sont pas mal mieux traités dans les gares que dans les aéroports... pour lesquels on paie pourtant bien plus cher!
Une mauvaise nouvelle à l'arrivée, nos quatre valises qui devaient être livrées directement de Venise à la maison à Montréal sont bloquées par la douane canadienne à Dorval, pour une raison mystérieuse. Je suis encore à la recherche d'une explication, et surtout d'une solution pour les dédouaner.
Cela ne nous empêche pas de relaxer et de retrouver graduellement notre énergie après l'inévitable lassitude accumulée au cours d'un tiers d'année de vagabondage, si luxueux fût-il. Et de jouir des plaisirs si conviviaux du Languedoc, tout en cogitant et devisant sur nos meilleurs souvenirs et nos impressions générales.
Pour Marie-José, curieusement, le clou du voyage aura été la découverte de Colombo et du Sri Lanka, avec leurs beautés, leur mentalité chaleureuse et ouverte... Pour moi, c'est probablement Ho Chi Minh Ville (Saïgon) et le Vietnam jeunes et dynamiques, quoique Hong Kong, Sydney et Auckland ont aussi été de remarquables expériences. Nous plaçons hors-catégorie les charmes paradisiaques de Bali et des petites îles du Pacifique.
Mais ce qui m'a le plus frappé dans l'ensemble, c'est l'invraisemblable combinaison de jeunesse, d'énergie, d'optimisme et d'intelligence qui imprègne presque tout l'Extrême-Orient, de l'Inde jusqu'à l'Australie. Une réalité qu'il faut vivre «en direct» pour en apprécier la force et l'importance. Si l'humanité a encore un avenir malgré les conneries et les monstruosités dont elle se rend coupable, c'est là qu'il a toutes les chances de se trouver, bien plus que dans une Europe morose et routinière, un monde arabe empoisonné par l'Islamisme ou une Amérique de plus en plus frileuse et repliée sur elle-même. Et je pense de plus en plus que c'est tant mieux.
Aux lieux qui nous ont marqués, il faut ajouter les rencontres. Quelques co-voyageurs comme le vieux Tom et ses presque cent ans actifs et joyeux, le couple suisse amusant et sans prétention Esther et François de Neuchatel, les musiciens fanatiques de jazz Sam Dunn et Dimitri, nos voisins de cabine californiens Alex et Margaret, férus de peinture et de littérature, le couple francophile et cultivé Ron et Tom d'Oakland, que nous retrouverons peut-être bientôt à Paris... Quelques membres du personnel, le jovial échanson mauricien Alex, la serveuse Italienne experte en pasta Silvia, le Roumain Christian et le Floridien Ben, avec chacun ses efforts pour parler français... et son accent particulier. Et deux ou trois guides locaux d'exception, le charmeur Richard de Papeete, la Vietnamienne Maï faisant le grand écart entre son catholicisme et sa passion pour l'«oncle» Ho Chi Minh, l'Indienne Dilshad et sa connaissance des coins délicieusement secrets de Mumbaï...
Un regret enfin, qui vaut pour toute croisière, mais qui est encore plus flagrant dans un aussi long périple: des escales qui durent un jour ou deux, c'est presque inévitablement soit trop court, soit (plus rarement) trop long. Ou bien on est frustré de ne pouvoir explorer plus en profondeur une ville, un coin de pays fascinants, ou bien on piaffe en attendant de lever l'ancre d'un endroit qui nous paraît de peu d'intérêt. C'est comme le «menu dégustation» d'un bon restaurant... un échantillonnage qui ne vaut que si on peut plus tard revenir sur ses pas pour prolonger l'expérience.
Dans notre cas... il faudra voir à quel point l'âge et la santé nous permettront de le faire!

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