02 novembre 2015

Contre un Canada guerrier

Je vois au Téléjournal un jeune combattant canadien qui fait campagne pour l'envoi de troupes canadiennes au sol avec les Kurdes contre Daesh et Al Assad. Je sympathise avec son engagement, mais y répondre serait une erreur géopolitique majeure.
Avec l'Inde et la Suède (et Cuba à un degré moindre), le Canada est un des rares pays dont le pacifisme et la neutralité (ou du moins l'attitude non menaçante et libre de tout colonialisme) se combinent avec une expertise militaire reconnue. Ce curieux alliage en fait un des quelques acteurs mondiaux capables d'intervenir dans les zones de conflit pour séparer les belligérants et calmer le jeu, puis servir de «courtier honnête» sans parti-pris dans d'éventuelles négociations de paix.
D'autres — États-Unis, Angleterre, France, Russie — ont un profil différent, celui de «pays guerriers» entraînés et enclins à intervenir de façon agressive et partisane dans les conflits. Je ne les condamne pas, au contraire: je crois que les deux types sont indispensables à l'équilibre du monde.
Mais le premier est beaucoup plus rare et, en conséquence, plus précieux. C'est pour cette raison, et non par pusillanimité ou calcul égoïste, que le Canada doit retrouver son vrai rôle de non-combattant sur la scène mondiale, après le désastreux épisode harpérien.

Aucun commentaire: