11 novembre 2016

Désolé d'avoir raison, mais...

J'écrivais dimanche dernier que si jamais Trump l'emportait (je le craignais mais, honnêtement, je ne m'y attendais pas — même si j'avais déjà qualifié de façon prémonitoire Mme Clinton de «Pauline Marois des USA»), les Républicains ne tarderaient pas à avoir des problèmes aussi bien avec le nouveau Président qu'entre eux-mêmes.
Hé bien, la transition n'est même pas en marche que ça commence. Il va être de plus en plus clair que cet opportuniste et menteur congénital n'a pas du tout l'intention de tenir des promesses qui n'avaient pour but que de le faire élire, et qu'il va confirmer les craintes souvent exprimées par les dirigeants du parti qu'il n'est pas un VRAI conservateur, mais un populiste plutôt désordonné et inorthodoxe.
a. Ça commence avec l'Obamacare, dont il dit déjà qu'il ne va pas  l'abolir, mais plutôt le réformer — et peut-être dans un sens plus progressiste que même ce qu'Obama a osé faire (il s'est déjà dit plutôt favorable à un système à la canadienne, avec assureur public unique!).
b. Il ne va certainement pas expulser les travailleurs illégaux mexicains, qui sont la base indispensable de l'industrie maraîchère et viticole de la Californie... et très avantageux pour son propre secteur de l'immobilier.
c. Il va être beaucoup moins gentil avec Wall Street, à qui il ne doit rien et qui l'a méprisé ouvertement, que ne l'aurait été Hillary Clinton. En cas de nouvelle crise financière, rien ne dit qu'il va repêcher les banques et spéculateurs en danger aux dépens de ses partisans des classes moyennes. Pour lui, la faillite n'est pas un épouvantail, mais un outil de travail qu'il utilise sans scrupule.
d. S'il réalise son projet de relance de l'économie par des grands travaux financés avec des billions de dollars d'emprunts publics, rentiers et milieux financiers néolibs férus d'austérité vont en faire des ulcères virulents.
e. Entre l'establishment Républicain, déjà fractionné entre les têtes du Sénat et de la Chambre, les élus locaux et les blocs idéologiques (Tea Party, Right-to-Life, alt.right raciste, etc.), les fossés pourraient bien s'élargir à mesure que leurs mesures favorites vont prendre le bord de la poubelle, ou du moins de la tablette la plus poussiéreuse.
Le nouveau Président se retrouvera-t-il à la longue prisonnier des mêmes majorités rpublicaines complètement obtuses que Barack Obama? Le danger est là, mais il y a quelques différences. Trump est bien plus retors qu'Obama, il n'hésitera pas à mentir, à magouiller et à faire du chantage pour arriver à ses fins — il a fait ça toute sa vie. Deux, il ne doit rien à personne et en revanche, les Républicains lui en doivent un paquet. À Washington, capitale mondiale du troc d'influences et des combines sous la table, ça compte. Trois, les Républicains étaient unis contre Obama, alors que Trump pourra probablement jouer sur leurs divisions et leurs désaccords, quitte même à conclure des ententes avec des minorités démocrates ponctuelles, par exemple pour préserver des bouts de l'héritage d'Obama; rien ne dit qu'il acceptera de jouer le jeu de façon conventionnelle comme l'a (trop) fait son prédécesseur — regardez comment il a tourné tout le monde en bourrique depuis le début des primaires jusqu'à maintenant. Enfin, il peut compter, pour quelques mois du moins, sur une clientèle qui, ayant voté pour lui, n'a plus rien à perdre. Après réflexion, ça risque d'être intéressant, quoique les résultats ne seront sans doute pas ce que nous espérions! La nomination d'un juge à la Cour suprême devrait être son premier vrai test.

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