04 novembre 2016

Du pour et du contre

Ce qui se passe dans cette dernière semaine de la campagne présidentelle américaine rappelle trois grandes vérités du jeu démocratique:
1- Il est toujours dangereux de mettre de l'avant un candidat peu méritant, avec la douteuse conviction qu'une meilleure machine électorale et un barrage de publicité vont empêcher les citoyens naïfs de s'en rendre compte. Cette fois-ci, les deux grands partis, Républicains aussi bien que Démocrates ont joué à la roulette russe à cet égard. Et tous deux sont en danger d'en payer le prix.
2- Il est vrai que les électeurs ont plus tendance à voter "contre" que "pour"... mais leur engagement est alors plus fragile, et la certitude qu'ils iront effectivement voter est plus faible... Les Républicains ont été victimes de cette erreur dans les primaires, où ils ont compté à tort sur un sentiment anti-Trump pour se débarrasser de ce candidat gênant. Les Démocrates ont fait l'erreur encore plus grave de se fier à la cote négative du candidat républicain dans la phase finale de l'élection, alors que l'appui positif à Mme Clinton était au mieux tiède. Ils ont oublié que l'adhésion inconditionnelle à Donald Trump, justifiée ou pas, était bien plus ferme. C'est ce qui explique que les révélations des dernières semaines, qui sont bien plus graves contre Trump, sont moins dommageables à ce dernier.
3- Dans la foulée de la disruption majeure qu'avait constitué en 2008 l'ascension au pouvoir du mulâtre de centre-gauche Barack Obama, la phase primaire a clairement démontré dans la masse citoyenne américaine un mouvement accru vers la contestation des élites politiques traditionnelles et plutôt conservatrices: dans les deux camps, pour la première fois en trois-quarts de siècle, les anti-establishment étaient plus nombreux que les pro. Or, dans la phase finale, les deux partis ont agi comme si ce phènomène n'existait pas. Ils doivent aujourd'hui faire face à un puissant ressac, imprévu et quasi incontrôlable, qui jouera principalement contre les Démocrates et Mme Clinton.
Il faut cependant être conscients du fait que, si jamais Donald Trump l'emporte, ce sont probablement les Républicains qui feront face aux pires dangers de dérive et même de scission...

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