04 juin 2020

COVID-19 et voyages

Un phénomène risque d'affecter la vie sociétale, dû à la pandémie de COVID-19: la brusque et profonde rupture dans les voyages internationaux, en particulier dans les airs et sur les mers. Déjà, les menaces terroristes des deux dernières décennies avaient compliqué les choses à cet égard, imposant de dérangeantes et coûteuses mesures de sécurité dans les aéroports et les gares, à bord des avions de ligne; la piraterie en haute mer et l'insécurité à terre forçaient les compagnies de croisière à éviter certains itinéraires, à annuler un nombre croissant d'escales populaires en Afrique, en Asie, en Amérique latine. Mais cela n'était rien comparé à la paralysie quasi totale de la circulation aérienne et au maintien à quai de la flotte de plus en plus imposante des navires de passagers de toutes tailles depuis la fin mars 2020.
Même avec une reprise timide des transports aériens, la réduction drastique du trafic passager pousse les grandes lignes internationales au bord de la faillite, obligeant les gouvernements à les inonder de secours d'urgence, quand ce n'est pas à envisager leur nationalisation. Au moins jusqu'à ce qu'un vaccin efficace et économique soit développé, testé et produit en grandes quantités, les mesures de distanciation sociale nécessitées par la contagion extrême réduisent la capacité d'accueil des appareils et le confort des trajets, même là où la clientèle retrouve le goût du voyage, ce qui est encore loin d'être évident. Pendant ce temps, les croisières commencent à peine à envisager un retour à ce qui ne sera peut-être jamais une véritable normale, dû aux conditions de proximité forcée qu'impose l'aménagement courant des paquebots. Certains pays, comme le Canada, ont même complètement interdit les activités de croisière pour le reste de l'année 2020.
L'effet n'est pas que strictement économique. Bien sûr, le manque à gagner est sérieux, mais on ne peut pas négliger l'élimination presque complète, et pour une durée inconnue, des effets sociaux et culturels du tourisme et des vacances à l'étranger qui, pour un nombre croissant de citoyens ordinaires des pays riches et des classes aisées des moins riches, devenait une pratique courante. Il en découlait des échanges multipliés et parfois libérateurs à travers les cultures, les langues, les moeurs des habitants de la planète, résultant souvent en des réseaux durables d'amitiés à travers les frontières et les océans (Azur et moi pouvons en témoigner, ayant plusieurs fois eu ce plaisir qui, dans quelques cas, dure encore). Sans compter les effets plus directement financiers d'un tourisme d'affaires devenu florissant.
Même une fois la contagion maîtrisée et les remèdes rendus disponibles à la pandémie en cours, combien faudra-t-il de temps pour retrouver la mobilité insouciante qui est indispensable à la reprise de ce mouvement de populations?

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