09 novembre 2020

Un après-Trump sans Donald?

La quasi-totalité des commentateurs, en particulier aux USA, supposent qu'à l'image des politiciens traditionnels, le futur ex-président américain va continuer à jouer un rôle important dans la politique et en particulier dans son parti actuel en tant que «faiseur de rois». Je soupçonne que la réalité sera bien différente.

En premier lieu, l'«attention span» de Donald Trump est notoirement restreint, à la fois dans le temps et dans la portée: il ne s'intéresse vraiment qu'à ce qui l'affecte directement, et encore seulement jusqu'à ce qu'un autre sujet pique son intérêt. J'ai de la difficulté à l'imaginer maneuvrant à long terme pour maintenir ou regagner une majorité au Congrès ou dans un Capitole d'état ou pour faire élire ou réélire tel ou tel sénateur ou représentant, une fois qu'il n'aura plus besoin de l'appui de ces gens pour poursuivre son propre agenda (principalement d'affaires).

Deuxièmement, Trump est loin d'être un idéologue à la pensée cohérente et structurée – il a passé toute sa vie à changer d'idée (et de parti) chaque fois que cela faisait son affaire. Absolument rien n'indique que cette attiude bien ancrée a été transformée par son expérience présidentielle. 


Troisièmement, combien de tmps lui faudra-t-il, une fois que les ténors républicains auront accepté la réalité de l'élection de Joe Biden, pour considérer cela comme une trahison massive à son égard et pour en vouloir autant au GOP qu'il en veut aujourd'hui aux démocrates? 


Enfin, entre la nécessité de reprendre ses complexes magouilles financières pour maintenir en vie son chancelant empire immobilier et médiatique et celle de faire face aux multiples menaces judiciaires que lui ont mérité ses magouilles passées, que lui restera-til comme temps et comme énergie pour revenir aider ses alliés politiques actuels dont il n'aura plus vraiment besoin?


Ce sont ces constats qui me font considérer bien plus probable l'éventualité d'un retrait à peu près total du président actuel de la scène politique, laissant orphelins ses «amis» républicains qui n'en croiront pas leurs yeux. Le seul doute qu'il me reste à cet égard est l'éventualité que, par dépit, il s'implique une dernière fois dans le jeu électoral en 2022, probablement pour «punir» sélectivement ceux des deux partis envers qui il aura gardé une tenace rancune. Mais l'idée qu'il remette ça comme candidat présidentiel en 2024 (à l'âge de 78 ans et après avoir perdu une fois) me paraît bien farfelue.

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