24 mars 2024

Un dimanche comme les autres?

Un dimanche bien ordinaire, où Montréal continue sa valse-hésitation entre l’hiver et le printemps. Le menu de la salle à dîner du LUX est sans intérêt (comme trop souvent), idem celui de la télé. Grand Prix vroum-vroum en Australie, embrouilles financières de Trump sur CNN, 3e manche d’un tournoi de tennis so-so à Miami. Mais pendant que je regarde le Torontois Shapovalov se battre lui-même face à ché-pus-qui, on annonce la venue d’un de mes vieux favoris, l’Écossais Andy Murray contre un jeune tchèque en pleine ascension, Tomas Machac. Mieux que rien. Un regard dans l’armoire aux provisions s’accroche sur un paquet de lasagnes vertes qui doivent traîner là depuis des années. Mieux que rien, bis. Avec une sauce alfredo en bocal, quelques tranches de mozzarella, un rien de jambon et d’ail et une couche de parmesan râpé pour gratiner, pourquoi pas?

Pendant que la lasagne niaise dans le four (200°C, 25 minutes), je sirote un deuxième gin-tonic, un oeil blasé sur Miami qui transpire sous un ciel grisonnant. Et tout-à-coup, ça devient palpitant. Murray et le tchèque s’échangent des coups fumants avec un acharnement superbe – et presque pas d’erreurs, ce qui est rare de nos jours. Le temps que ça sente drôlement bon dans la cuisine, ils ont chacun gagné une manche serrée (7-5). Ce qui aurait dû être rivalité de routine se transforme en un superbe pas-de-deux d’une étrange harmonie qui me rappelle la grande époque des McEnroe, Navratilova, Federer et cie. 

Je profite de l’entre-acte pour sortir le plat du four et le transférer dans une assiette déposée sur un plateau de bambou avec un verre de rouge… Retour au match, où le Tchèque, astucieux et plus énergique, mène 5-2 contre un Andy quasi quadragénaire qui serre les dents dans une grimace opiniâtre: la fin est proche. Mais oups et double oups! La première fourchettée de lasagne qui a bien oublié sa date de péremption est un pur délice fondant d’une douceur toute florentine, tandis que le tennisman écossais «vintage» se découvre une seconde jeunesse et multiplie les coups d’éclat – imité par son jeune rival un moment décontenancé. Le temps de déguster religieusement mon chef-d’oeuvre culinaire improvisé, ils en sont à 6-6 au bris d’égalité du 3e set d’un des meilleurs affrontements que j’ai vus depuis le mémorable Wimbledon  de 2009. Murray perd à la fin… mais c’est inévitable pour un chant du cygne, non?

Un dimanche comme les autres? Pantoute!

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