(25/05/2007) La matinée aux Saintes s'est dissipée dans une agréable flânerie dans le bourg: jus d'ananas frais délicieux dans un café près du quai dont la patronne fait de la peinture à l'acrylique dynamique et colorée, petites courses au marché, visite inutile à l'Office de Tourisme (fermé hors-saison), journaux. Retour à bord vers midi et en route pour Deshaies, au nord de la Guadeloupe, où nous passerons la nuit, et d'où nous repartirons à la première heure pour la longue traversée vers le Nord. Le trajet inhabituel que nous avons choisi pour aller de la Guadeloupe vers Saint-Martin en passant sous le vent de Montserrat, Nevis et St. Kitts, devait nous réserver plusieurs agréables surprises.
Montserrat, île catastrophée depuis l'éruption de 1995 et couronnée d'un volcan actif qui envoie encore régulièrement des signaux menaçants, présente une vision extraordinaire, apocalyptique que nous ne serons pas près d'oublier. Cela, d'autant plus que par accident nous l'aurons contemplée de bien plus proche qu'il n'est ordinairement permis... ou prudent de le faire.
Suite à une erreur d'échelle dans la lecture de la carte électronique et au fait que notre carte "papier" trop ancienne n'indiquait pas la zone d'exclusion de deux milles décrétée autour du sud de l'île, nous nous sommes approchés à moins d'un mille de la partie sinistrée. De là, les coulées de lave beige et noire et les couches de cendre gris jaune, qu'un vent tournoyant soulevait fréquemment en mini-tornades, se paraient d'une réalité tragique et grandiose dont les photos et les vidéos vues précédemment ne donnaient qu'une faible idée. Lorsque nous nous sommes rendus compte de notre erreur de navigation, nous avons cédé à la tentation compréhensible de longer quelques minutes la côte sud-ouest avant de gagner le large, d'autant que la bonne brise venant du sud-est réduisait à presque rien le principal danger, celui d'une pluie de cendres brûlantes.
Après ces paysages désolés, le cône vert de Nevis, qui s'est graduellement dévoilé à travers une persistante "brume de sable", offrait un contraste rassurant. Nous avons choisi le mouillage du sud, près de la petite ville de Charlestown, de préférence à celui, plus populaire, face au complexe hôtelier de luxe Four Seasons. En conséquence, nous ne partagions les eaux légèrement houleuses de la baie qu'avec un vieux cargo rouillé (sans doute échoué là par quelque ouragan), quelques barques de pêche et une colonie des pélicans les moins farouches que nous ayons jamais rencontrés. Ces oiseaux quasi-préhistoriques nous fascinaient: la plupart du temps dressés comme des idoles étrangement hiératiques sur les canots de pêche, ils partaient soudain dans un gracieux vol plané en rase-mottes à quelques pouces à peine de la surface de l'eau, pour s'élever brusquement de trois coups d'aile, faire un ou deux cercles à plus haute altitude, replier leurs ailes en forme d'ailettes de bombe de la 2e guerre mondiale et plonger à une vitesse vertigineuse, laissant derrière eux une gerbe d'écume haute et compacte. Ils ressortaient le plus souvent avec un petit poisson, qu'ils s'empressaient d'enfouir dans la poche qui pend sous leur long bec; parfois, s'ils tardaient trop, une mouette effrontée venait se percher sur leur tête pour picorer la proie qu'ils avaient encore en travers de la bouche!
Samedi matin, nous avons débarqué en ville pour remplir les formalités (les douaniers locaux ne rigolent pas, heureusement les flics sont un peu moins rigides) puis visiter. Charlestown est à peine plus qu'un village, mais son calme un peu paresseux, ses nombreuses zones ombrées coquettement aménagées et l'abondance de vieilles constructions de pierre au milieu de maisonnettes de style "gingerbread" peintes de couleurs vives lui donnent un charme unique et une personnalité bien à elle.
Un tour de l'île en taxi (en une heure à peine, Nevis est assez petite) a révélé un paysage antillais plus classique, et le fait que la chape de verdure qui de loin semble luxuriante cache une terre assez sèche, où l'eau est visiblement une ressource précieuse. La visite s'est terminée par un délicieux lunch local dans un petit resto recommandé par notre chauffeur de taxi: planteur abondant et costaud, excellents "crabcakes", poisson grillé ou frit pour les uns, cari de chevreau (succulent) pour les autres, arrosé de bière locale Stag tout à fait buvable et d'un vin blanc plutôt moyen.
L'île "capitale" du petit pays (environ 200 km carrés, 17 000 habitants), St. Kitts, est à deux milles à peine de Nevis, son port principal, Basseterre, à moins de deux heures de voile de Charlestown. Nous y sommes arrivés peu avant le coucher de soleil samedi, pour nous amarrer tant bien que mal dans une minuscule marina d'une trentaine de places, dont à peine une demi-douzaine occupées par des visiteurs étrangers.
Heureuse coïncidence, nos voisins étaient un couple de Québécois qui travaillent à St-Barth et habitent sur un monocoque de 32 pieds, le Marquise, avec un copain français originaire de Nancy. Le mari, ancien comédien reconverti en marin passionné et poseur de systèmes électriques, a vécu quelques années en Martinique et a plusieurs amis communs avec Gérard; la femme était affamée de nouvelles fraîches du Québec. La conversation, lorsqu'ils sont venus prendre un punch à bord en début de soirée, a donc été assez animée et s'est terminée par une pressante invitation à venir les voir à St-Barth. Sans doute à notre prochaine virée dans le Nord.
Azur, somnolente, a décidé de rester à bord se reposer, tandis que Gérard et moi, plus aventureux, descendons dans le centre de Basseterre. Après des efforts infructueux pour trouver un bar sympa, nous aboutissons sur la place du marché, fort animée en milieu de soirée. Gérard demande
à deux jeunes qui flânent là où nous pourrions aller pour écouter de la bonne musique et prendre un verre.
Ils connaissent, mais c'est en-dehors de la ville et pas facile à trouver, il faudrait qu'ils nous y emmènent eux-mêmes dans leur voiture. Quoique un peu méfiants, nous décidons d'accepter; après tout, qu'est-ce qui peut nous arriver dans une île grande comme ma poche, reconnue de plus pour son caractère pacifique et bon enfant? La voiture suit d'abord la côte vers le sud, puis prend la route de l'intérieur et s'engage bientôt dans un petit chemin cahoteux avant de bifurquer sur ce qui est à peine plus qu'un sentier de terre battue. Nous nous regardons d'un air interrogatif, quand même un peu inquiets.
Tout-à-coup, le sentier débouche sur un grand champ en bordure de mer, du côté Atlantique, où sont rassemblés des centaines de gens face à un gigantesque système de son tonitruant alimenté par un groupe électrogène monté sur un camion. Parsemés en périphérie de la foule, des stands improvisés vendent des sodas, de la bière, du rhum et des friandises diverses. Directement devant les haut-parleurs, une douzaine de danseurs s'agitent... parmi lesquels une bonne moitié de gamins âgés de quatre ou cinq à une dizaine d'années. Il y en a même un qui danse en vélo, sautillant sur sa roue arrière au rythme des tambours.
Nous éclatons de rire: nous attendant plus ou moins à tomber dans un coupe-gorge ou un tripot interlope, nous nous retrouvons participants dans ce qui est pratiquement une fête familiale! Nous prenons une bière en écoutant le reggae d'un orchestre live (et pas mauvais du tout), objets de la curiosité plutôt amicale de nos voisins. Il doit y avoir là 300 personnes ou plus de tous âges, du bébé dans un châle sur le dos de sa maman jusqu'à l'arrière-grand-mère qui bat le tempo de ses deux pieds nus, en passant par une escouade de flics plutôt joviaux qui s'assurent que le tout (y compris la consommation quasi ouverte de mari) se déroule dans des bornes raisonnables.
Après une bonne heure de musique, nous décidons de rentrer à bord. Nous achetons une bouteille de rhum-coco local à un prix défiant toute concurrence, et nos guides nous ramènent bien gentiment à la marina, prenant en stop en cours de route une belle grande danseuse de reggae qui se serre entre nous sur le siège arrière et nous quitte sans le moindre regret pour aller rejoindre son copain avec lequel elle causait par téléphone tout le long du chemin.
Notre rencontre avec la fièvre du samedi soir, version St. Kitts, se termine par des nuggets de KFC tout à fait standards, dégustés avec un coca et un fanta à notre retour à bord. Malheureusement, la rentrée au port d'un cata d'excursion chargé de fêtards particulièrement bruyants réveille Marie-José, qui ne voudra jamais croire que notre excursion s'est déroulée de manière aussi innocente!
Le matin suivant, nous donnons un coup de main au copain québécois qui appareille au lever du soleil pour Saint-Barth, où il reprend le boulot lundi. Puis, comme nous devons partir nous-mêmes, nous allons en citoyens respectueux des lois pointer aux douanes du port -- fermées le dimanche, bien sûr. Une agente d'immigration aux amples proportions nous précise qu'il faut prendre un taxi jusqu'à l'aéroport pour nous mettre en règle... puis avec un sourire complice, nous indique le seul marché ouvert aujourd'hui "au cas où vous voudriez partir rapidement"... Le message est clair: nous allons faire de petites courses au C&C du front de mer (notre rhum-coco s'y vend le triple du prix payé hier soir), puis mettons les voiles pour Saint-Martin vers 10h, dans la plus stricte illégalité. D'ici que nous revenions dans les parages, les douaniers auront eu le temps de nous oublier... du moins on l'espère.
Splendide journée en mer, avec un bon vent de trois-quarts arrière (l'idéal pour un cata comme le nôtre) qui nous permet de filer à près de 9 noeuds de moyenne, laissant Statia et Saba par babord et contemplant de loin Saint-Barth par tribord, puisque la brume est enfin levée. Deux mouettes nous accompagnent tout au long du chemin, apparemment plus occupées à jouer autour de nos voiles qu'à pêcher les poissons volants qui, pourtant, ne cessent de croiser notre route en essaims de plusieurs douzaines d'individus. Il fait encore grand jour quand nous doublons la pointe de la Falaise des Oiseaux de Saint-Martin pour nous diriger, à travers un quasi-embouteillage de voiliers et de bateaux à moteur de toutes sortes, vers la nouvelle Marina de Fort-Louis, où nous avons réservé un espace d'accostage.
Les bureaux de la capitainerie étant fermés, nous devons explorer les pontons pour trouver un emplacement libre où nous brancher sur un point d'eau (pas critique) et une prise électrique (ça l'est). Lorsque nous en dénichons un, le hasard fait qu'il est immédiatement voisin du "Lys d'Ô", le yacht à moteur d'un copain de collège, Gilles Blondeau, que nous avions croisé il y a deux semaines à l'aéroport de la Guadeloupe!
Le repas, retardé jusqu'à notre arrivée, consiste en une entrée de jabugo suivie d'un cassoulet en boîte qu'Azur a trafiqué pour lui donner un petit goût "maison" fort agréable, surtout accompagné d'un vigoureux vin portugais qui traînait dans nos réserves depuis l'arrêt à Porto en juillet dernier. Et pour finir une bouchée de cheddar de St. Kitts, très acceptable, et des glaces chocolat et nougat qui nous restaient de la Martinique. Dur-dur,la vie de marin.
Montserrat, île catastrophée depuis l'éruption de 1995 et couronnée d'un volcan actif qui envoie encore régulièrement des signaux menaçants, présente une vision extraordinaire, apocalyptique que nous ne serons pas près d'oublier. Cela, d'autant plus que par accident nous l'aurons contemplée de bien plus proche qu'il n'est ordinairement permis... ou prudent de le faire.
Suite à une erreur d'échelle dans la lecture de la carte électronique et au fait que notre carte "papier" trop ancienne n'indiquait pas la zone d'exclusion de deux milles décrétée autour du sud de l'île, nous nous sommes approchés à moins d'un mille de la partie sinistrée. De là, les coulées de lave beige et noire et les couches de cendre gris jaune, qu'un vent tournoyant soulevait fréquemment en mini-tornades, se paraient d'une réalité tragique et grandiose dont les photos et les vidéos vues précédemment ne donnaient qu'une faible idée. Lorsque nous nous sommes rendus compte de notre erreur de navigation, nous avons cédé à la tentation compréhensible de longer quelques minutes la côte sud-ouest avant de gagner le large, d'autant que la bonne brise venant du sud-est réduisait à presque rien le principal danger, celui d'une pluie de cendres brûlantes.
Après ces paysages désolés, le cône vert de Nevis, qui s'est graduellement dévoilé à travers une persistante "brume de sable", offrait un contraste rassurant. Nous avons choisi le mouillage du sud, près de la petite ville de Charlestown, de préférence à celui, plus populaire, face au complexe hôtelier de luxe Four Seasons. En conséquence, nous ne partagions les eaux légèrement houleuses de la baie qu'avec un vieux cargo rouillé (sans doute échoué là par quelque ouragan), quelques barques de pêche et une colonie des pélicans les moins farouches que nous ayons jamais rencontrés. Ces oiseaux quasi-préhistoriques nous fascinaient: la plupart du temps dressés comme des idoles étrangement hiératiques sur les canots de pêche, ils partaient soudain dans un gracieux vol plané en rase-mottes à quelques pouces à peine de la surface de l'eau, pour s'élever brusquement de trois coups d'aile, faire un ou deux cercles à plus haute altitude, replier leurs ailes en forme d'ailettes de bombe de la 2e guerre mondiale et plonger à une vitesse vertigineuse, laissant derrière eux une gerbe d'écume haute et compacte. Ils ressortaient le plus souvent avec un petit poisson, qu'ils s'empressaient d'enfouir dans la poche qui pend sous leur long bec; parfois, s'ils tardaient trop, une mouette effrontée venait se percher sur leur tête pour picorer la proie qu'ils avaient encore en travers de la bouche!
Samedi matin, nous avons débarqué en ville pour remplir les formalités (les douaniers locaux ne rigolent pas, heureusement les flics sont un peu moins rigides) puis visiter. Charlestown est à peine plus qu'un village, mais son calme un peu paresseux, ses nombreuses zones ombrées coquettement aménagées et l'abondance de vieilles constructions de pierre au milieu de maisonnettes de style "gingerbread" peintes de couleurs vives lui donnent un charme unique et une personnalité bien à elle.
Un tour de l'île en taxi (en une heure à peine, Nevis est assez petite) a révélé un paysage antillais plus classique, et le fait que la chape de verdure qui de loin semble luxuriante cache une terre assez sèche, où l'eau est visiblement une ressource précieuse. La visite s'est terminée par un délicieux lunch local dans un petit resto recommandé par notre chauffeur de taxi: planteur abondant et costaud, excellents "crabcakes", poisson grillé ou frit pour les uns, cari de chevreau (succulent) pour les autres, arrosé de bière locale Stag tout à fait buvable et d'un vin blanc plutôt moyen.
L'île "capitale" du petit pays (environ 200 km carrés, 17 000 habitants), St. Kitts, est à deux milles à peine de Nevis, son port principal, Basseterre, à moins de deux heures de voile de Charlestown. Nous y sommes arrivés peu avant le coucher de soleil samedi, pour nous amarrer tant bien que mal dans une minuscule marina d'une trentaine de places, dont à peine une demi-douzaine occupées par des visiteurs étrangers.
Heureuse coïncidence, nos voisins étaient un couple de Québécois qui travaillent à St-Barth et habitent sur un monocoque de 32 pieds, le Marquise, avec un copain français originaire de Nancy. Le mari, ancien comédien reconverti en marin passionné et poseur de systèmes électriques, a vécu quelques années en Martinique et a plusieurs amis communs avec Gérard; la femme était affamée de nouvelles fraîches du Québec. La conversation, lorsqu'ils sont venus prendre un punch à bord en début de soirée, a donc été assez animée et s'est terminée par une pressante invitation à venir les voir à St-Barth. Sans doute à notre prochaine virée dans le Nord.
Azur, somnolente, a décidé de rester à bord se reposer, tandis que Gérard et moi, plus aventureux, descendons dans le centre de Basseterre. Après des efforts infructueux pour trouver un bar sympa, nous aboutissons sur la place du marché, fort animée en milieu de soirée. Gérard demande
à deux jeunes qui flânent là où nous pourrions aller pour écouter de la bonne musique et prendre un verre.
Ils connaissent, mais c'est en-dehors de la ville et pas facile à trouver, il faudrait qu'ils nous y emmènent eux-mêmes dans leur voiture. Quoique un peu méfiants, nous décidons d'accepter; après tout, qu'est-ce qui peut nous arriver dans une île grande comme ma poche, reconnue de plus pour son caractère pacifique et bon enfant? La voiture suit d'abord la côte vers le sud, puis prend la route de l'intérieur et s'engage bientôt dans un petit chemin cahoteux avant de bifurquer sur ce qui est à peine plus qu'un sentier de terre battue. Nous nous regardons d'un air interrogatif, quand même un peu inquiets.
Tout-à-coup, le sentier débouche sur un grand champ en bordure de mer, du côté Atlantique, où sont rassemblés des centaines de gens face à un gigantesque système de son tonitruant alimenté par un groupe électrogène monté sur un camion. Parsemés en périphérie de la foule, des stands improvisés vendent des sodas, de la bière, du rhum et des friandises diverses. Directement devant les haut-parleurs, une douzaine de danseurs s'agitent... parmi lesquels une bonne moitié de gamins âgés de quatre ou cinq à une dizaine d'années. Il y en a même un qui danse en vélo, sautillant sur sa roue arrière au rythme des tambours.
Nous éclatons de rire: nous attendant plus ou moins à tomber dans un coupe-gorge ou un tripot interlope, nous nous retrouvons participants dans ce qui est pratiquement une fête familiale! Nous prenons une bière en écoutant le reggae d'un orchestre live (et pas mauvais du tout), objets de la curiosité plutôt amicale de nos voisins. Il doit y avoir là 300 personnes ou plus de tous âges, du bébé dans un châle sur le dos de sa maman jusqu'à l'arrière-grand-mère qui bat le tempo de ses deux pieds nus, en passant par une escouade de flics plutôt joviaux qui s'assurent que le tout (y compris la consommation quasi ouverte de mari) se déroule dans des bornes raisonnables.
Après une bonne heure de musique, nous décidons de rentrer à bord. Nous achetons une bouteille de rhum-coco local à un prix défiant toute concurrence, et nos guides nous ramènent bien gentiment à la marina, prenant en stop en cours de route une belle grande danseuse de reggae qui se serre entre nous sur le siège arrière et nous quitte sans le moindre regret pour aller rejoindre son copain avec lequel elle causait par téléphone tout le long du chemin.
Notre rencontre avec la fièvre du samedi soir, version St. Kitts, se termine par des nuggets de KFC tout à fait standards, dégustés avec un coca et un fanta à notre retour à bord. Malheureusement, la rentrée au port d'un cata d'excursion chargé de fêtards particulièrement bruyants réveille Marie-José, qui ne voudra jamais croire que notre excursion s'est déroulée de manière aussi innocente!
Le matin suivant, nous donnons un coup de main au copain québécois qui appareille au lever du soleil pour Saint-Barth, où il reprend le boulot lundi. Puis, comme nous devons partir nous-mêmes, nous allons en citoyens respectueux des lois pointer aux douanes du port -- fermées le dimanche, bien sûr. Une agente d'immigration aux amples proportions nous précise qu'il faut prendre un taxi jusqu'à l'aéroport pour nous mettre en règle... puis avec un sourire complice, nous indique le seul marché ouvert aujourd'hui "au cas où vous voudriez partir rapidement"... Le message est clair: nous allons faire de petites courses au C&C du front de mer (notre rhum-coco s'y vend le triple du prix payé hier soir), puis mettons les voiles pour Saint-Martin vers 10h, dans la plus stricte illégalité. D'ici que nous revenions dans les parages, les douaniers auront eu le temps de nous oublier... du moins on l'espère.
Splendide journée en mer, avec un bon vent de trois-quarts arrière (l'idéal pour un cata comme le nôtre) qui nous permet de filer à près de 9 noeuds de moyenne, laissant Statia et Saba par babord et contemplant de loin Saint-Barth par tribord, puisque la brume est enfin levée. Deux mouettes nous accompagnent tout au long du chemin, apparemment plus occupées à jouer autour de nos voiles qu'à pêcher les poissons volants qui, pourtant, ne cessent de croiser notre route en essaims de plusieurs douzaines d'individus. Il fait encore grand jour quand nous doublons la pointe de la Falaise des Oiseaux de Saint-Martin pour nous diriger, à travers un quasi-embouteillage de voiliers et de bateaux à moteur de toutes sortes, vers la nouvelle Marina de Fort-Louis, où nous avons réservé un espace d'accostage.
Les bureaux de la capitainerie étant fermés, nous devons explorer les pontons pour trouver un emplacement libre où nous brancher sur un point d'eau (pas critique) et une prise électrique (ça l'est). Lorsque nous en dénichons un, le hasard fait qu'il est immédiatement voisin du "Lys d'Ô", le yacht à moteur d'un copain de collège, Gilles Blondeau, que nous avions croisé il y a deux semaines à l'aéroport de la Guadeloupe!
Le repas, retardé jusqu'à notre arrivée, consiste en une entrée de jabugo suivie d'un cassoulet en boîte qu'Azur a trafiqué pour lui donner un petit goût "maison" fort agréable, surtout accompagné d'un vigoureux vin portugais qui traînait dans nos réserves depuis l'arrêt à Porto en juillet dernier. Et pour finir une bouchée de cheddar de St. Kitts, très acceptable, et des glaces chocolat et nougat qui nous restaient de la Martinique. Dur-dur,la vie de marin.
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