Jeudi, au lendemain de l'enterrement, nous sommes partis nous installer à bord du Bum chromé pour une semaine de vacances imprévues. Il fait une chaleur écrasante, à peine tempérée par quelques souffles d'alizés au niveau de la marina. Nous nous consolons au moyen d'une savoureuse salade de langouste chez Ti-Toques. Seul véritable problème, la jambe de Marie-José qui la fait toujours souffrir, mais une visite au kinésithérapeute local lui fait le plus grand bien.
Ce qui fait que samedi, aux petites heures, nous quittons le ponton et hissons les voiles pour trois jours de bonheur en mer. Le programme, que nous suivrons presque à la lettre, est un tour de la Martinique en partant par la Côte Atlantique, la moins connue et la plus venteuse. Même si le vent du nord-est ne nous aide pas beaucoup (il faut faire du "près serré" une bonne partie du chemin, ce qui n'est pas l'allure idéale pour un cata comme le nôtre), nous progressons tout doucement au large de la Table du Diable, de la Baie des Anglais puis des récifs coraliens du Vauquelin. Arrivée vers les 14h30 sur les merveilleux Fonds blancs de Saint-François, où nous jetons l'ancre pour une baignade et un lunch de côtes d'agneau sur barbecue. Le repas se prolonge en sieste, et la sieste en mouillage pour la nuit: il est trop tard, de toute façon, pour doubler la presqu'île de la Caravelle et pénétrer de nuit dans la baie de Trinité, qui peut réserver de mauvaises surprises.
Dimanche, tout va nettement mieux. Non seulement une bonne brise nous permet de contourner à près de huit noeuds de moyenne la côte nord-atlantique jusqu'à Grand-Rivière, pointe extrême de l'île, mais les lignes que Gérard a lâchées derrière les deux coques ne cessent de siffler: en moins de deux heures, nous avons en réserve sous la trappe d'échelle de plongée deux jolis thons et deux barracudas, qui assureront abondamment nos repas d'aujourd'hui et de demain. De plus, le temps est superbe et la Montagne Pelée, habituellement voilée de nuages opaques, se dresse dégagée dans toute sa splendeur (photo).
Au large du Prêcheur, un scooter-des-mers nous croise à toute vitesse, puis revient sur ses pas: - "Vous n'avez pas vu une course de scooters?" - "Non, où ça?" - "Ben, il paraît que c'est en face de Saint=Pierre." - "Dans ce cas, vous lui tournez le dos: Saint-Pierre, c'est la prochaine commune en descendant vers le sud, justement d'où vous êtes venus!" Les deux jeunes hommes semblent peu enclins à nous croire, mais lorsqu'on leur explique que le seul endroit vers le nord où pourrait se tenir une compétition de scooters des mers est l'île de la Dominique, à deux bonnes heures de route (et hors de portée de leur réservoir d'essence), ils finissent par se rendre à l'évidence et rebroussent chemin en pétaradant de plus belle.
Nous les retrouverons une heure plus tard dans le bruyant tohu-bohu d'un grand rassemblement de tout ce que la Martinique compte sans doute de rutilants petits bolides noirs, jaunes, rouges, verts et oranges. Un tracé de régate a été dessiné au moyen de bouées jaunes au large du quai de Saint-Pierre, bloquant presque entièrement l'accès au mouillage -- au grand déplaisir de Gérard, pourtant grand amateur de courses de toutes sortes. Nous finissons par trouver à nous caser un peu plus loin en amont du grand bourg, là où le bord de mer est moins envahi par la fiesta qui accompagne la course. À notre surprise, malgré le hors-saison, le mouillage est très achalandé de voiliers venus de tous les coins du monde. Nous sommes entourés entre autres d'un danois, d'un brésilien et d'un britannique, sans compter un allemand, canadien, un acadien (probable), plusieurs français et quelques amerloques.
Une courte visite à terre pour nous approvisionner tant bien que mal (dimanche de la Pentecôte, tout est évidemment fermé sauf un snack de bord de plage qui n'a ni pain, ni légumes) est suivie d'une savoureuse grillade de thon accompagnée de pâtes à l'ail -- à défaut de riz ou de pommes de terre et malgré la vive opposition d'Azur.
Heureusement, la foire aux scooters prend fin peu après la nuit tombée, et nous pouvons dormir paisiblement au mouillage.
Lundi matin, petites provisions (cette fois, les épiceries sont ouvertes) et départ vers la dernière escale, l'Anse-à-l'Âne, ou nous allons plonger une dernière fois avant un dernier repas de poisson frais. Sitôt sortis de la Baie de Fort-de-France, le vent tombe complètement, et c'est au ronron des moteurs que nous complétons le tour de l'île autour du Rocher du Diamant pour rentrer au Marin.
Les deux jours suivants sont consacrés à de nombreux "milans" téléphoniques et à quelques visites. La copine martiniquaise Léna et son Québécois de mari Jean-Yves viennent faire un tour à bord. Lui a quitté son emploi de moniteur de plongée pour se lancer avec un nouveau patron dans une entreprise d'excursions aux baleines semblable à ce qui se pratique à l'embouchure du Saguenay. Ça démarre plutôt bien, comme nous avons pu le constater lorsque nous avons croisé leur zodiac rempli de clients exubérants lundi midi du côté de Schoelcher.
C'est finalement jeudi en fin d'après-midi que nous mettons fin à cet intermède martiniquais imprévu en reprenant l'avion pour Montpellier via Paris. Avec un petit regret, mais aussi un certain soulagement: il faisait vraiment un peu trop chaud sous les Tropiques à cette saison...
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