08 janvier 2009

De Barcelone à l'hiver languedocien

"Quand il neige sur Montpellier..." (air connu), tout le monde est surpris, nous les premiers. Ça fait 20 ans, nous dit-on, qu'on n'a pas vu pareille chose dans le coin. Trois grains de neige, passe encore, mais une vraie tempête -- enfin, n'exagérons pas, 10 cm et des poussières! -- , c'est rare. De quoi saupoudrer de blanc les palmiers et les haies de laurier rose sous notre terrasse et couvrir d'une jolie couche immaculée les voitures du parking et les toits de tuiles en face de chez nous.

J'étais parti faire les courses peu après midi, il faisait frisquet sans plus. Mais lorsque je suis ressorti d'Inno avec mon sac à roulettes bien chargé (Azur m'avait supplié, avec raison, de faire des provisions pour au moins quatre ou cinq jours), le froid était nettement plus sec et de fines paillettes de neige voletaient autour du tram bleu à la station Antigone.
Le temps d'arriver à la maison, c'était une vraie chute de neige, et de vrais flocons avaient remplacé les paillettes. D'en haut, un rideau gris-blanc voilait le paysage, certainement la première fois que ça arrive depuis que nous sommes installés ici il y a plus de quatre ans.
Il paraît d'après la chaîne météo que c'est encore bien pire à Marseille, dont l'aéroport est fermé et dont les écoliers sont en congé pour cause de bordée! Dans les garrigues derrière, on prévoit 30 cm et jusqu'à 70 sur les monts du Massif central et les contreforts des Alpes et des Pyrénées. C'est les skieurs qui sont contents! Ça serait arrivé un peu plus tôt, on aurait eu un Noël blanc. Dommage...
Cela dit, la fin du séjour à Barcelone s'est plutôt bien passée, mais paresseusement. Nous n'avons pas visité la moitié des choses que nous voulions voir -- notamment l'intérieur de la Sagrada Familia, et je suis allé seul admirer l'incroyable Palau de la Musica Catalana et jeter un coup d'oeil bien trop rapide au Musée d'art contemporain, avec ses splendides collections Miró et autres artistes catalans du siècle dernier.
Un seul repas exceptionnel, dans un autre haut-lieu de la gastronomie locale, El Gran Café, au centre de la vieille ville: superbe tortilla en entrée (ça se dit "truita" en catalan, curieux!) puis une délicieuse perdrix rôtie sur un lit de mousseline de pommes de terres légèrement gratinées. La partie la plus fascinante du repas, pris à la mezzanine de la belle brasserie style art nouveau "boiseries sombres, dorures, miroirs et vitraux", a cependant été de contempler sous nos pieds une mignonne niňa de trois ou quatre ans qui engloutissait avec un plaisir communicatif une immense platée de fruits de mer gratinés et de frites, refusant toute offre d'aide de sa mère ou de son grand frère. Et réclamant à grands cris son dessert une fois son assiette dûment nettoyée. Lorsque Azur n'a pu résister à l'envie d'aller la féliciter en sortant, au lieu de nous serrer la main, elle nous a tapé dans la paume avec l'aplomb et la vigueur d'un joueur de foot!
La veille du départ, nous avons gravi les flancs du Tibidabo jusqu'au bar Mirablau, qui offre sans doute une des plus belles vues de la ville du haut de ses fenêtres panoramiques. Seul problème, le barman ne voulait rien savoir de faire venir un taxi pour nous ramener au centre-ville. Qu'est-ce qu'il fait, alors, lorqu'il a des clients saouls? Il les jette en bas du cap? Il a fallu galoper une centaine de mètres à pied pour attraper un "Tibibus" qui, après une courte descente, nous a déposés à une station de taxis.
Mais c'était la soirée des Rois, célébrée ici avec une ferveur comparable à celle des Francofolies ou du Festival de Jazz à Montréal. Autant dire que tout le centre autour des ramblas était interdit aux véhicules. Donc le taxi nous a largués sur la Gran Via près de l'Universitat et nous avons eu droit à une balade plutôt agréable d'une petite demi-heure à travers une foule festive pour nous rendre jusqu'au Méridien.
En parallèle, l'échange de plus en plus absurde avec la SNCF au sujet des billets de train s'est terminé aussi mal qu'il avait commencé: on acceptait généreusement d'annuler les billets qu'on était incapable de me livrer... à condition que je paie une pénalité de 11,60 euros! Pas question, et je devrai sans doute les menacer d'une poursuite pour leur faire comprendre le bon sens... après avoir transmis l'histoire au Canard enchaîné, qui devrait s'en amuser: l'idée que nous aurions dû faire 1000 km (Madrid aller-retour) pour récupérer des billets pour un trajet de 400 km me paraît bien assez loufoque pour ça.
Heureusement, une fois achetés deux billets pour exactement le même train sans la moindre difficulté auprès d'une agence de voyages sur la Rambla, le voyage de retour, un peu plus de quatre heures sur un "talgo" franco-espagnol très confortable s'est bien passé. Il y avait même, cette fois, un wagon-bar-snack bien fourni en bocadillos, nous avions comme voisines deux dames volubiles qui ont lié conversation avec Azur, et l'arrivée a été d'une ponctualité parfaite.

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