15 juillet 2009

Petites fêtes languedociennes

(25 juin 2009) Le retour à Montpellier s'est passé sans incident... sauf que nous sommes rentrés un peu plus tôt que prévu, si bien que la brave Ingrid n'avait pas eu le temps de mettre la maison en état. Elle est arrivée en même temps que nous, et s'est empressée de tout dépoussiérer et de remplir le frigo.
Quelques jours plus tard, c'était la soirée de départ de vacances du Club de Presse de Montpellier, qui avait lieu cette année dans un endroit assez particulier: la ferronnerie d'art de Pescatore, au milieu des bâtiments industriels du Parc Aquatechnique de Sète, en bordure de Méditerranée. Le ferronnier a transformé sa maison et son atelier en un original espace d'exposition pour ses curieux et souvent beaux meubles et ornements de fer forgé, et l'endroit sert en même temps de centre de réunion pour des associations. D'autant plus frappant que cela ménage un espace vert et ocre, artisanal et convivial, au beau milieu d'une zone grise bétonnée, tristement industrielle et anonyme.
Le groupe de journalistes et relationnistes languedociens était éparpillé en grappes animées entre un joli parc, le pourtour de la piscine où jouait un orchestre de jazz, une terrasse ouverte sur la cuisine familiale et une salle de conférence fermée à l'étage, à laquelle on accédait par un escalier en colimaçon.
Tout en parlant métier, on dégustait tielles sétoises (tourtes de seiche chaudes), brandade, truite fumée et surtout d'énormes et savoureuses huîtres creuses de Bouzigues que nous ouvrait le producteur lui-même, le tout arrosé d'un picpoul de pinet, d'un muscat sec ou d'un grès de Montpellier. Comme j'étais venu à Sète en train, et que la gare était fermée au moment du retour, c'est un professeur de littérature, aussi collaborateur du journal satirique local, qui m'a ramené à Port-Marianne par le chemin des écoliers. Il avait roulé sa bosse à travers le monde (notamment enseignant en Caroline du Nord pendant quelques années) et avait des opinions -- plutôt conservatrices mais intelligentes -- tranchées sur un paquet de sujets, comme la guerre en Afghanistan et l'avenir des gauches européennes; la conversation s'est donc prolongée pendant pas loin d'une heure dans sa voiture stationnée devant chez nous...
En fin de semaine suivante, intermède martini-quais: Chantal, la nièce de Raymond Marie qui avait fait avec nous une partie du Tour des Yoles l'an dernier, était de passage à Montpellier pour voir sa fille Erica, qui étudie ici. Nous avons profité du beau temps pour aller déguster avec elles un gigantesque plateau de fruits de mer face à la marina de Palavas, à l'Artimon.
Deux ou trois jours plus tard, nous avons appris dans l'Hérault du Jour (quotidien "alternatif" de la région) la mort récente du guitariste gitan Hyppolite Baliardo, frère cadet de Manitas de Plata. Nous l'avions rencontré quand il avait joué pour nous à une fête en l'honneur de l'ami Jean-Pierre Dréan dans un mas camarguais il y a quatre ou cinq ans. Cela nous a incités à appeler son vieux copain Dréan... et en conséquence nous nous sommes retrouvés deux jours plus tard avec lui sur la route du Grau-du-Roi pour une virée à Aigues-Mortes et sur le canal du Rhone.
Lorsque j'ai suggéré de prolonger la visite de la cité médiévale fortifiée par un lunch au vieil Hôtel Saint-Louis, dont nous gardions le meilleur souvenir depuis 25 ans, je suis bien tombé: les patrons actuels sont des amis de Dréan, qui nous ont accueillis à bras ouverts, nous ont plantureusement servi une excellente cuisine régionale, et sont venus s'attabler avec nous pour le digestif.
Puis nous sommes sortis des murailles pour nous embarquer sur la Pescalune, une péniche transformée en bateau-mouche dont le patron était (évidemment!) un autre ami de Dréan. La sympathique balade d'une heure et demie sur les canaux voisins a été marquée par une escale devant les manoeuvres d'une manade camarguaise, commentées en direct depuis la rive par le gardian en chef tandis que son adjointe effectuait le gros des opérations de séparation et de guidage des petits taureaux noirs et vifs, de l'enclos en bord de canal à une route derrière.
Le lendemain midi, dernier lundi de notre séjour à Montpellier, Jean-Pierre est revenu se joindre à nous pour un déjeûner chez les amis du Verdi avec nos voisins du dessous, les Chantefort, dont la fille montréalaise Caroline et son mari Miguel se trouvaient ici avec leur bébé de quelques mois.
Nous avions commandé l'inimitable osso bucco de Mimo, servi sur un risotto jaune et arrosé d'un puissant amarone di Saronno, dont tout le monde s'est délecté. Le repas a été égayé par les nombreux souvenirs de Dréan, conteur émérite et amusant, qui en cinquante ans de vagabonder d'un continent à l'autre, a connu tout le monde et son père...

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