27 octobre 2010

Un anniversaire hongrois

(23 octobre 2010) Non seulement Budapest est à la hauteur de toutes nos attentes, mais encore l'escale coïncide avec la seule vraie percée de soleil depuis notre départ… et le restaurant choisi pour mon anniversaire est une trouvaille de premier ordre!
Le Swiss Sapphire accoste en plein centre- ville du côté Pest, avec une vue imprenable sur la falaise spectaculaire de Buda en face et le Pont de Chaînes un peu plus loin, et deux minutes de marche pour accéder au quartier le plus vivant.
Il faut nous lever avec les poules pour entreprendre la visite guidée des deux parties de la capitale, mais même Azur ne s'en plaindra pas. Ce ne sont pas tellement les monuments eux-mêmes qui nous charment, mais la grâce étonnamment détendue (surtout connaissant le nombre d'invasions et de bombardements subis depuis des siècles) de l'ensemble, contrastant avec le goût évident des Hongrois pour le panache guerrier et les morceaux de bravoure baroques.
Une image concrétise pour nous cette dualité unique: la bande de superbes chefs (et sans doute brigands) magyars du 9e siècle statufiés au centre de la "Place des Héros"… et juste derrière eux un délicieux parc abritant le Musée de l'Agriculture, un étang à gondoles et une patinoire pour enfants!
Autre exemple: ce malicieux lutin de bronze perché sur la rambarde qui fait face au solennel (et fortifié) Palais Royal de l'autre côté du Danube. La grande et très belle avenue Andrassy pimente sa succession de façades hausmanniennes de délicieux édifices Art Nouveau parés de nymphes, de fleurs et de plantes fantasques.
Pour ne rien gâcher, la visite fait une pause-déjeûner au raffiné Café Gerbeau… où, nous dit-on, ont été complotées au moins la moitié des révolutions qui ont secoué le pays depuis un siècle et demi.
L'après-midi, la visite guidée du Palais Royal nous paraît un peu répétitive: dorures, colonnes, glaces… en fin de compte rien ne ressemble plus à un palais qu'un autre palais, si somptueux soient-ils! Nous nous glissons hors du groupe pour une pâtisserie dans un café-glacier sur la place voisine. J'accompagne mon espresso d'une "Marzipan Likör" qui ressemble à un Bailey's, mais avec un arrière-goût d'alcool de cerises. Autour de nous, les accents totalement incompréhensibles de la langue magyare ajoutent à un agréable dépaysement. J'ai fini par deviner que "Etterem" veut dire "Restaurant", que "Sorhaz" égale "Brasserie…" - "'Kustenem' beaucoup pour la leçon de langues", me coupe Azur.
Vendredi, pour mon anniversaire, nous nous rendons au parc municipal (qui fait un peu penser au Retiro de Madrid), où se trouve le plus célèbre et probablement le meilleur restaurant de Hongrie, Gundel's.
Coup de chance, c'est la saison de la chasse, le menu abonde donc en gibier, spécialité de la maison. Azur a droit à un jambon de cerf suivi d'un ragoût de sanglier, moi à un foie de canard sauvage, puis un rôti de chevreuil au chou braisé. Avec un beau rouge corsé du nord du pays, et un précieux tokay 6-puttyonos 1983 d'une éclatante couleur orangée avec le dessert au chocolat. Le cognac pris au retour à bord en est presque un anti-climax.
Le Swiss Sapphire reprend le large à la tombée de la nuit, tout le monde est sur le pont-promenade pour un dernier coup d'oeil sur le lumineux panorama de Budapest illuminée des deux côtés du Danube. Nous la regardons disparaître dans notre sillage avec un pincement au coeur.

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