23 février 2014

Les kangourous, enfin...

Kangaroo Island, nous ne l'avons vue que du large — Azur ressentant le ressac de ses expéditions récentes et la houle qui faisait tressauter les navettes qui nous emmenaient à terre ayant un effet dissuasif. De toute façon, il semble que les marsupiaux dont l'île porte le nom en sont presque disparus.
Adelaide, le lendemain, a été plutôt sympathique, avec pour nous un défaut: le paquebot était resté accosté au port extérieur, à une trentaine de km du centre-ville (40 minutes d'autobus et de banlieue autoroutière, ou 30 de taxi et d'autoroute pure laine).
Nous y sommes quand même allés passer une demi-journée, qui nous a réservé une agréable surprise. Dans le centre piétonnier et intensément commercial, c'était le début du mois du Fringe Festival, le grand évènement culturel de l'année, qui attire tout ce que l'Australie abrite d'artistes «alternatifs» à divers degrés. À tous les coins de rue et dans le moindre café et bar le long de Rundle Mall officiaient chanteurs folk, prestidigitateurs, harpistes celtiques, sitharistes presque indiens...
Une rue plus haut, sur North Terrace, je me suis attardé à causer avec «l'homme aux pigeons», un personnage barbu qui trouve plaisir à se faire recouvrir tous les après-midis d'une épaisse couche d'oiseaux qu'il nourrit de popcorn et de croustilles. Azur, pendant ce temps, avait lié connaissance avec un gentil couple de retraités Avignonnais venus rendre visite à leur fils, résident de Melbourne, et qui en profitaient pour faire le tour du pays en camping-car.
Je l'ai laissée en leur compagnie pendant que j'allais parcourir l'extraordinaire collection d'objets et d'oeuvres d'art aborigènes que présente le South Australia Museum. On reste baba devant l'ingéniosité dont ce très ancien peuple (sans doute le seul au monde à avoir occupé le même territoire pendant 40 000 ans et plus) a fait preuve pour vivre en parfaite harmonie avec une terre hostile et désertique. Deux étages de pur plaisir.
Sans compter une dimension artistique remarquable, dont le clou est une série d'humbles portes d'école en bois datant des années 80, magnifiquement peintes de sables de couleur et d'acryliques pour représenter le «monde des rêves» qui, dans la croyance aborigène, constitue la seule authentique réalité.
Azur m'ayant retrouvé dans le hall du Musée, nous sommes passés à la boutique acquérir un très joliment décoré boomerang — tourisme oblige!
Une déception au départ d'Adelaide le lendemain: j'ai reçu un courrier de Yestin, l'ancien copain de ma nièce Geneviève, à qui ma soeur Marie venait d'écrire que nous étions de passage dans son pays. Il nous invitait chaleureusement à lui rendre visite... à Geelong, qu'il habite et où nous avions fait escale quatre jours plus tôt. Ironie du sort, il se trouvait au Yacht Club local au moment même où nous y débarquions: nous nous sommes sans doute ratés de quelques mètres à peine!
Ce qui me fait penser qu'il nous faut contacter Marine, la fille de nos amis Savonet, qui passe six mois en stage de peinture au Vietnam. Elle se trouve complètement dans le nord, à Sa Pa, mais on devrait bien trouver le moyen de se voir quand nous passerons du côté de Haiphong dans trois semaines...
C'est finalement hier à Bunbury qu'Azur (moi aussi, d'ailleurs) a fini par voir et toucher les kangourous dont elle me rabattait les oreilles depuis deux semaines. Nous avons fait leur connaissance, avec celle des autruches et des perroquets, dans un parc animalier bien aménagé pour permettre aux visiteurs d'approcher les animaux. À l'entrée, on nous fournissait un sachet de graines à leur donner à manger — ce qui nous évitait la tentation de les gaver de cacahuètes, chips ou popcorn pas très appropriés à leur régime alimentaire.
Azur a eu droit à un baiser d'une jolie perruche verte et bleue qui l'avait prise en amitié, et à une solide poignée de main d'un kangourou particulièrement gourmet, dont elle a eu un peu de mal à se défaire.
Pour le reste, Bunbury est sans doute typique de ce que l'Australie offre de pire et de meilleur. Imaginez, le long d'un interminable chapelet de dunes en bordure d'océan, une petite ville côtière floridienne qu'on aurait soigneusement récurée avec une brosse à dents et un aspirateur à main, après lui avoir injecté une bonne dose de civisme et de services publics. Tout en préservant précieusement son pesant ennui.
Nous y avons tourné en rond en autocar pendant deux heures, en écoutant la gentille et prolixe Vicky essayer en vain de nous convaincre (et probablement de se convaincre elle-même) que ce qui défilait devant nous était d'un quelconque intérêt. Si bien que lorsqu'elle nous a proposé de nous déposer une demi-heure au centre-ville pour y flâner ou magasiner, le vote a été quasi unanime: «On rentre à bord du bateau!»

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