13 janvier 2017

L'héritage Obama

On peut reprocher à Barack Obama d'avoir manqué d'audace comme Président (je le pense moi-même), mais si on compare les résultats de ses deux mandats et son entourage à la personnalité et à l'équipe de Donald Trump et à son agenda, la réponse est évidente: on va le regretter, et pas qu'un peu. 
En premier lieu, on peut lui en vouloir de n'en avoir pas fait assez, mais rien ce de qu'il a fait ne peut être objectivement blâmé: sa réforme de la santé est imparfaite et trop timide, mais non seulement c'est un progrès énorme sur ce qui existait, mais encore cela ouvre la voie à d'autres améiorations qui pourraient amener un jour les USA au niveau de la plupart des pays civilisés. Comme il le reconnaît d'ailleurs lui-même avec une louable humilité. Le sauvetage de l'économie dans la crise de 2007-2010 a indubitablement laissé la part trop belle aux spéculateurs et aux banquiers, mais il se compare très favorablement à ce qu'ont réalisé les autres nations industrialisées face à la même situation. Ajoutons les mesures en faveur des minorités sexuelles, les tentatives hélas ratées (par la faute des Républicains) de régler les problèmes des immigrants sans papiers et de la libre circulation des armes à feu...
Face à cela, Trump n'offre que des propositions négatives (rappel de l'Obamacare sans véritable solution de remplacement, baisse des impôts pour les riches, croissance massive du déficit, expulsion des immigrants, blocage des Musulmans...) ou des effets d'annonce sans fondement concret (agressivité contre la Chine, élimination rapide de l'État islamique, meilleures relations avec la Russie, 25 millions d'emplois nouveaux...).
La quasi-totalité des membres de l'équipe qu'il veut mettre en place n'ont aucune expérience politique réelle ou se distinguent par un conservatisme borné, beaucoup se trouvant (comme Trump lui-même) en situation flagrante de conflit d'intérêts et d'une éthique personnelle pour le moins douteuse. Le président-élu, roublard et prétentieux, est même vulnérable à un chantage grossier de la part du Kremlin.
En contre-partie, Obama se montre d'une correction et d'une modestie frappantes. Après huit ans à la tête d'une puissance planétaire, il demeure un "gars ben ordinaire" d'une étonnante simplicité, capable de faire un clin d'œil en public à sa femme, de rire de lui-même, d'accepter ses propres imperfections, de s'arrêter poliment pour écouter ce qu'une simple citoyenne dans la foule lui dit. J'ai particulièrement aimé le thème majeur de son discours d'adieu: "Ce qui s'est fait pendant ma Présidence, ce n'est pas moi qui l'ai fait, c'est nous tous." Une phrase pareille dans la bouche d'un Trump ou même d'un Bill Clinton — en-dehors d'une campagne électorale —, c'est inimaginable. Son équipe dirigeante était marquée par son professionnalisme, son caractère idéologiquement modéré (trop, peut-être?), et sa probité personnelle. Il est notable qu'aucun de ses membres n'a été, en huit ans, accusé ni même sérieusement soupçonné de prêter flanc au scandale.
À une exception près, hélas: Hillary Clinton. 

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