09 novembre 2012

Radotages politiques...

Il y a longtemps que je n'avais laissé écouler autant de temps sans rafraîchir le blogue. Ce n'est pas qu'il ne se soit rien passé depuis la fin mai, je dirais presque au contraire. C'est plutôt un mélange de paresse, le manque d'images à partager (j'ai presque délaissé la photo ces derniers mois) et l'influence pernicieuse de Facebook, où je retrouve de plus en plus facilement et fréquemment les parents et les amis dans des discussions impromptues bien plus tentantes que l'écriture en solitaire.

Comme plusieurs autres fois, c'est la politique qui m'y ramène, et il va vous falloir un peu de patience pour traverser les presque six mois de radotage qui suivent. 
Parlons de la France d'abord, où nous nous prélassons ces jours-ci. Comme j'aurais dû m'y attendre, les Imprévisibles Gaulois s'avèrent vite insatisfaits de leur nouveau Président, après l'avoir élu sans grand enthousiasme. Que voulez-vous, ils voulaient en réalité un Mélenchon mais, faute d'audace, ils ont choisi un Hollande... et ils regrettent aujourd'hui qu'il ne soit pas le tribun de gauche flamboyant et audacieux qu'ils souhaitaient, dont ils avaient peut-être même besoin, et que ce brave François serait bien incapable d'être même s'il en avait envie. Il fait pourtant ce qu'il peut -- mais il est victime à la fois de son tempérament pépère et des attentes que malgré ses irritants le "style Sarkozy", brouillon mais hyperactif, avaient créées chez ses concitoyens.
En quatre élections sur deux continents ce dernier semestre, nous aurons eu la décourageante démonstration que la  politique est bien "l"art du possible" -- et rien de plus.
Après la présidentielle, nous avons vécu entre Montpellier et Paris les législatives françaises, qui ont simplement confirmé (par-delà un brouhaha médiatique excessif) le retour aux bonnes vieilles habitudes et l'emprise que les notables hexagonaux conservent sur le système. La plupart de ces braves gens se sont fait réélire sans grande difficulté (y compris la quasi-totalité des ministres sarkozyens) et se sont illico remis à se chamailler tant à gauche qu'à droite autant pour leur place dans leurs partis respectifs que pour le maintien de leurs privilèges, notamment  le "cumul des mandats" chez ceux de gauche. Sans la moindre préoccupation autre qu'oratoire pour la crise majeure que vivent leur pays et leur continent. Merdre, dirait le Père Ubu.
Traversant l'Atlantique, nous nous sommes retrouvés plongés dans la campagne électorale québécoise, où comme prévu la population s'est résignée à se débarrasser des Libéraux de Jean Charest pour les remplacer par des Péquistes sans grand attrait, il faut le dire. Résignation est bien le mot qui convient, quand on voit à quel point l'usure du pouvoir, les magouilles éhontées, la gestion atroce du dossier étudiant (qui a provoqué ce qui frôlait le soulèvement populaire) lui donnaient de causes pour expulser violemment et sans appel un régime épuisé et pourri... et à quel point le résultat a été serré et les sortants ont conservé une place privilégiée sur l'échiquier. 
Un peu comme en France, je soupçonne qu'une majorité de Québécois auraient au fond voulu une Françoise David résolument de gauche et qu'ils se sont contentés d'une Pauline Marois timidement social-démocrate... mais plus "respectable" en termes bourgeois. 
Ne me parlez pas du pseudo-libéral François Legault, je prévois (et j'espère de tout coeur) qu'il n 'aura été qu'un épiphénomène à la Mario Dumont. La seule chose valable qu'il ait apportée, c'est que son succès relatif aura confirmé une nouvelle polarisation gauche-droite de l'électorat qui s'était d'abord manifestée par la percée des Néo-démocrates à l'élection fédérale, et qui est légèrement renforcée par la pérennisation de la présence de Québec Solidaire à l'Assemblée nationale. Cette division avait jadis existé aux beaux jours du PQ, mais elle avait été occultée par l'omniprésence du clivage nationaliste et la dérive à droite des successeurs de René Lévesque.
Enfin, j'ai passé la dernière nuit de mardi à mercredi (décalage horaire oblige) rivé dans mon fauteuil à suivre, tantôt sur CNN, tantôt sur les chaînes françaises d'info continue, une élection américaine qui se sera révélée moins imprévisible et moins serrée qu'on ne l'aurait cru ces dernières semaines. Est-ce un moindre mal ou une bonne surprise? Il faudra attendre quelques mois pour être fixés, mais je penche vers la première hypothèse.
Qu'Obama ait été reporté au pouvoir ne peut qu'être un soulagement quand on constate la catastrophe qu'aurait été l'élection d'un Mitt Romney qui, s'il n'est pas le crypto-extrême-droitiste que beaucoup prétendent, est au mieux un ambitieux vaniteux sans autre idéologie que le pouvoir et sans le moindre projet pour sortir les USA de l'ornière... tout en menaçant de mettre maladroitement le feu à une planète éminemment combustible. À tout le moins, seront préservés les acquis du futur régime d'assurance-santé et d'une économie modestement tournée vers la création d'emplois -- ce dont l'Europe aurait immensément avantage à s'inspirer.
Mais pour le reste, que nous réserve le "nouvel Obama" ressuscité mercredi? Le même mélange de bonne volonté et de pusillanimité dont il a fait preuve depuis quatre ans, ou une fermeté dans l'intention que lui permettrait son statut de président non-rééligible? J'ai bien  peur que la combinaison de sa tendance au compromis, de la réélection d'une Chambre d'opposition en bonne partie contrôlée par des sectaires stupides et des pressions d'élus démocrates qui, eux, seront fortement motivés par la pensée de leur éventuelle réélection ne soit trop forte à la longue pour les bonnes intentions qu'il manifeste ces jours-ci.
Un dernier radotage politique, sur la Chine cette fois. Derrière les joutes de personnalités qui sont tout ce que la presse occidentale semble percevoir dans la tenue du 18e Congrès du Parti communiste, je vois deux tendances fortes s'y dessiner. 
La première est une réorientation de l'économie vers la consommation intérieure, qui fait d'autant plus preuve de sens commun que la Chine semble vouloir s'y atteler au moment où (contrairement aux puissances industrielles occidentales) elle en a clairement les moyens sans s'endetter. Si elle le fait, je soupçonne qu'elle deviendra encore plus vite que nous le croyons la première puissance mondiale, cette fois en tant que le plus grand marché de consommation plutôt que (ou en même temps que?) la plus grande machine de production.
La seconde tendance est un mouvement graduel et soigneusement réfléchi -- malgré des apparences un peu cahoteuses -- vers un style de démocratie qui pourrait bien être de plus en plus différent du nôtre. Le principal indice en est un début de lutte contre la corruption qui se ferait en commençant par le bas... ce qui devrait entraîner une modification des institutions dans le même sens. Une évolution qui est non seulement naturelle et prometteuse, mais qui permet au Parti de conserver pour un temps (disons une génération ou un peu plus) une mainmise sur le pouvoir central qui me paraît une nécessité si on veut éviter  de brusques désordres catastrophique pour le pays, le continent... et probablement le reste du monde aussi.
La suite à venir d'ici quelques heures?

Aucun commentaire: