28 août 2007

Montpellier, un poème

(25/07/07] De ce mois à Montpellier, trois incidents se détachent:
a) Notre calme quartier vert, à la limite d'Aiguerelles et du nouveau quartier de Port Marianne, s'est transformé en chantier bruyant et poussiéreux (photo) depuis quelques mois. C'est surtout dû à la construction de la nouvelle mairie de Montpellier, qui sera bientôt notre voisine d'en face. Elle s'élèvera sur le terrain vague, jadis envahi de lauriers fleuris de toutes les couleurs, qui séparait de l'avenue le quartier habité par les Harkis, au sujet duquel l'ex-maire et président de l'Agglo Georges Frêche a eu avec ces derniers des mots violents et fort médiatisés l'hiver dernier. Heureusement, la mairie ne nous cachera pas trop le gracieux jet d'eau et les palmiers du bassin Jacques Coeur, qui m'avaient inspiré il y a trois ans ce sonnet dans le genre classique:

Les palmiers tout ensoleillés
Jouent à l'été en plein automne
Novembre nous a fait l'aumône
D'un temps qui ressemble à juillet

Le jet d'eau s'est éparpillé
Au coeur du bassin qui frissonne
Le Lez flirte avec Antigone
Des cygnes s'en vont y mouiller

Tout bleu, d'arondes émaillé
Un tramway s'est entortillé
Au dédale des rues piétonnes

Vieilles folies, fraîches colonnes
Le ciel est doux, la vie est bonne
L'hiver oublie-t-il Montpellier?

Note explicative pour les celles et ceusses qui ne connaissent pas la ville: le Lez est le « fleuve » minuscule, généralement paisible comme un miroir, mais parfois féroce en périodes d'inondation, qui arrose Montpellier. Il côtoie en particulier le nouveau quartier Antigone, dessiné par l'architecte catalan Ricardo Bofil et caractérisé entre autres par de nombreuses rangées de colonnes classiques blanches. Le centre-ville de Montpellier est entièrement piétonnier (1 km carré), traversé uniquement par des tramways bleus (photo) décorés d'hirondelles blanches, emblèmes de la ville. Les « folies » sont de luxueux châteaux construits autour de la ville par la riche aristocratie et bourgeoisie commerçante et terrienne, notamment vigneronne, aux XVIIe et XVIIIe siècles.
b) C'est la première fois que nous fêtons ici le 14 juillet, et nous sommes gâtés: le feu d'artifice traditionnel est tiré depuis les bords du bassin, juste en face de nos fenêtres. Dès 21 heures, tous les espaces dégagés sont envahis de badauds et de fêtards, les rues sont barrées par les policiers, les transports publics cessent de rouler. À 22 heures, le spectacle commence, et il est somptueux (photo), d'autant que le temps clair et sec favorise les artificiers. Nous sommes assis face à la fenêtre de notre chambre, et battons des mains comme des gamins.
c) Cinq jours plus tard, c'est au Tour de France de venir nous rendre visite. La folle cavalcade débouche de l'Avenue de la Mer juste en face de chez nous et dévale, à travers le Pont Zucarelli, vers l'avenue Antonelli. Pendant qu'Azur contemple le phénomène du confort de son 5e étage, je me précipite en bas, caméra en main, juste à temps pour voir le peloton contrôlé par Rasmussen prendre le virage devant la maison. La surprise, pour moi qui n'ai jamais vu le Tour en direct, c'est combien peu de temps ça dure: à peine cinq minutes entre l'apparition des motards qui précèdent les coureurs et le passage des derniers traînards et des voitures d'équipe (photo). Évidemment, le plaisir que nous en tirons sera ébréché rétroactivement par la cascade de scandales au dopage révélés au cours des prochains jours, en particulier le départ honteux du maillot jaune danois Rasmussen, qui était devenu mon favori depuis ses performances extraordinaires dans les Alpes. Blah. Et dire que nous partons pour le Danemark, ça va être joyeux!

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