14 juin 2016

Le placard politicien

Tout ce que je lis et entends sur le tueur d'Orlando montre clairement que ses motivations relèvent bien plus des préjugés sexuels que du terrorisme islamiste. Son ex-femme, ses amis, même son père sont unanimes sur son faible intérêt pour la religion. Il n'a donc pas été «converti» ni politiquement ni religieusement, il avait déjà tous les ingrédients de son crime (violence, impulsivité, haine des homosexuels, manque de jugement) longtemps avant d'aller chercher sur Internet une justification qui lui convenait.
La conclusion logique à en tirer est qu'Omar Mateen s'est servi de l'Islam et de l'EI pour justifier a posteriori une action inspirée par des motifs qui leur sont essentiellement étrangers (il n'y a pas si longtemps, et s'il avait été d'une autre origine culturelle, il aurait sans doute invoqué le «péché mortel» que constitue l'homosexualité, en particulier pour les chrétiens fondamentalistes américains). Il est même fort possible qu'il ait lui-même été un homo refoulé, si l'on en croit les habitués du bar gay Pulse qui affirment l'y avoir croisé à plusieurs reprises...
L'ennui, c'est que l'État islamique avait tout avantage à monter à bord du train en marche pour profiter de l'énorme visibilité mondiale de l'évènement. Il accrédite ainsi, presque certainement à tort, une thèse qui, en plein coeur d'une campagne électorale où ce thème était déjà trop présent, fait l'affaire de trop de monde... et terrifie les autres au point de leur faire perdre leur sens commun. Donald Trump et les conservateurs ont tout avantage à ne voir que cet aspect; Hillary Clinton et l'establishment démocrate plutôt puritain ne trouvent aucun intérêt à se poser vigoureusement en défenseurs de la communauté marginale des LGBT, et préfèrent de beaucoup jouer la carte d'une tolérance religieuse même peu convaincante.
Les gays sont sans doute sortis du placard, les politiciens pas encore! Je dois faire une exception pour Barack Obama qui, lundi matin, s'est montré étonnamment raisonnable et nuancé sur le sujet. Dommage qu'il soit un bien meilleur «futur ex-président» que président en exercice.

Aucun commentaire: