25 juin 2016

Oust! les démocrates!

Juncker, Merkel et maintenant Hollande veulent que ces fauteurs de trouble britanniques, horriblement coupables de s'être exprimés démocratiquement face à un chantage à la peur éhonté de toutes les élites européennes (y compris la leur), quittent au plus vite le continent des bien-pensants nés pour un p'tit pain et satisfaits de leur sort. Minute, papillon!
D'abord, l'UE a créé avec son article 50, adopté sans que les peuples soient consultés bien sûr, une véritable course à obstacles pour quiconque veut effectuer une sortie du club. À peu près la seule chose qu'elle a négligée est d'imposer un délai ultra court à la demande de divorce. Sachant qu'ils seront sous pression constante une fois cette formalité remplie, pourquoi les Anglais ne prendraient-ils pas un court répit pour reprendre leur souffle et se préparer à une étape suivante pénible et complexe?
Sans doute le délai prolongera-t-il l'incertitude financière dont on a vu hier les premières manifestations. Et puis? Les Britanniques vont en souffrir au moins autant que les Européens... et ces derniers, disons-le, ont bien couru après. Dans le cas présent, ce n'est certes pas l'Albion qui est perfide! De plus, si, la débandade de l'euro et des bourses continentales devait se poursuivre (bien possible, puisque tous ces braves Eurodéfenseurs n'avaient pas pensé une seconde à se prémunir contre cela), la pression pour se montrer conciliant s'exercera bien plus sur Bruxelles que sur Londres, qui elle avait prévu le coup. Donc, avantage vraisemblable aux Rosbifs.
Enfin, la vraie raison de la hâte des Eurodictateurs est claire: ils voudraient que la négociation initiale soit menée du côté anglais par leur complice et ami David Cameron, diminué en plus par son humiliante défaite, plutôt que par un successeur Eurosceptique fier de sa victoire et bien moins enclin à accepter toutes les conditions de l'autre camp. Cameron a bien des défauts, mais son réflexe démocratique et patriotique est irréprochable sur ce point quand il insiste pour passer la main de façon ordonnée avant le début des pourparlers.
Dernière note à portée plus générale. Expliquez-moi pourquoi lorsqu'un peuple vote «dans le bon sens» de ce que veulent les élites, il est toujours démocrate, et quand il ose s'affirmer face aux classes dirigeantes, il est immanquablement manipulé par d'affreux démagogues mensongers. Curieux, cette coïncidence, non?

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