Il était 9h30 dimanche matin quand nous avons finalement décollé du ponton pour pointer vers le sud et Sainte-Lucie. Tel que prévu, Gérard emmenait avec lui sa fille Pauline, qui en est à ses derniers jours de vacances en Martinique avant de rentrer chez sa mère en France.
Contrairement aux prévisions pusillanimes de la météo, nous avons senti en doublant la Pointe des Salines que nous allions avoir du vent. Effectivement, toute la descente sur Sainte-Lucie s'est faite sous grand-voile et génois à 8 noeuds ou presque, avec une brise de nord-est qui descendait rarement sous les 18 noeuds.
Tout le monde était juché sur le skybridge, Geneviève bombardait de questions Gérard qui répondait toujours avec patience, souvent avec plaisir: il adore qu'on s'intéresse à la mer, à la voile et à son métier.
Yves (qui a rapidement acquis le sobriquet de "Yves Number Two" pour nous distinguer) était plutôt fasciné par l'électronique de bord, et c'est donc surtout moi qui étais la cible de ses interrogations: lecteur de cartes numériques, radar, radios VHF et ondes courtes, téléphone Iridium, accès Internet par radio et par satellite, ordinateur de bord, sondeur, anémomètre, etc. tout y a passé.
Étant donné le bon air qui soufflait même rendus sous le vent de la côte sainte-lucienne, nous avons décidé de descendre le plus loin possible et de mouiller à l'extrême-sud de l'île, afin d'atteindre les Grenadines dès lundi. Mais en arrivant en vue des Deux Pitons, nous n'avons pu résister à la tentation d'un des sites les plus spectaculaires des Petites Antilles.
Gérard s'est donc activé sur la VHF et le cellulaire jusqu'à réveiller son copain Johnson, "boat-boy" émérite, qui faisait la sieste. Il nous a donné rendez-vous au petit mais délicieux mouillage entre les Pitons, où il nous a attachés à une bouée avant de nous prendre à son bord en route vers la petite ville voisine de Soufrière.
Je ne reviendrai pas sur les charmes somnolents de celle-ci, ni sur la spectaculaire excursion à l'intérieur du volcan qui la domine, puisque nous avons déjà vécu ça l'an dernier.
Mais Geneviève, Yves et Pauline, qui en étaient à leur première expérience, ont été bluffés par le bain de soufre où s'ébattaient une bande de gamins locaux (pas de touristes à cette saison) et la promenade le long des fumerolles et des flaques de lave. Pauline a même rempli une bouteille d'eau grise de soufre pour épater ses copines et son institutrice de retour à Frontignan.
Johnson nous avait déniché un gigantesque taxi capable d'accueillir une quinzaine de personnes, dont le chauffeur James nous a ensuite déposés à l'entrée de Dasheen's, le remarquable restaurant de l'auberge de luxe Ladera, située exactement à mi-chemin entre les deux Pitons. Ceux dont c'était le premier passage ici ont goûté avec délices au "Ladera Punch", une concoction originale à base de thé de citronelle, rhum et jus tropicaux, encore meilleure quand on la boit face au splendide coucher de soleil qui s'étale juste derrière les vertigineux sommets dont les bases plongent directement dans la mer à nos pieds.
James et son super-taxi sont venus nous récupérer après un très bon souper pour redescendre, par une cahoteuse route à flanc de montagne, jusqu'à la plage privée sur laquelle nous attendait Johnson. Entre-temps, le vent de terre habituel à cet endroit s'était entièrement calmé, et nous avons eu calme plat pour la première nuit au mouillage.
Heureusement, dès que nous sommes sortis de la zone des Pitons tôt lundi matin, le vent a repris, d'abord modeste plus de plus en plus ferme, pour nous accorder une seconde excellente journée de voile à travers le Canal de Saint-Vincent puis le long de cette île.
En cours de route, nous avons bien sûr pointé à nos passagers le site du tournage de "Pirates des Caraïbes", puis la forteresse Saint George qui domine la capitale Kingstown (et qui ressemble comme une soeur à la Citadelle de Québec). Nous avons amplement eu le temps de nous rendre dans la rade de Bequia avant la tombée du jour, pour une rapide mais rafraîchissante baignade avant un bon repas.
Comme la douane était fermée depuis longtemps, ce n'est qu'au matin que Gérard, accompagné de Geneviève et d'Yves, s'est rendu à terre accomplir les formalités et faire un petit marché de pain, fruits et légumes frais.
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