Comme la distance entre Fort-de-France et Anses-d'Arlet est trop faible pour former une étape complète, les organisateurs lui ont ajouté un détour vers le Lamentin, au fond de la Baie de Fort-de-France, et une boucle autour du Rocher du Diamant, quelques milles plus bas.
Pour la première fois, nous sommes ancrés assez près de la ligne de départ pour assister aux derniers préparatifs. Pendant que Gérard part avec l'annexe récupérer Miguel, le fils de Raymond Marie qui nous accompagne aujourd'hui avec sa fille, nous regardons les équipiers et les suiveurs s'activer autour des yoles, en vérifier l'état, déplier les voiles, pousser les barques à l'eau, y planter les mats, etc.
Il faut dire que chaque yole est accompagnée pendant la course d'un "canot suiveur" motorisé qui transporte des équipements de rechange et repêche les équipiers tombés à l'eau (fréquent). Ses occupants font partie de l'équipe et prennent part aux préparatifs.
Une demi-heure avant le départ, nous partons nous placer au centre de la Baie, pour avoir une bonne vue sur la première partie de la course du jour. La première heure ressemble aux journées précédentes, quelques yoles de tête luttant de très près pour la première position. Encore une fois, des grains fréquents accompagnés de pluie compliquent la navigation.
Après la Pointe-du-Bout, deux incidents changent profondément la situation: en premier lieu, Joseph Cottrell, qui menait depuis le début de la semaine, chavire et perd un bonne demi-heure à écoper et à se remettre en route, d'autant plus qu'elle a fait l'erreur de vouloir repartir trop vite avec une trop grande voile.
Deuxièmement, Mirsa, qui jusqu'ici était troisième au classement général, parvient à échapper au peloton. Elle double en solitaire le Rocher du Diamant et remonte franchir la bouée d'arrivée des Anses-d'Arlet avec près d'un quart d'heure d'avance sur tout le reste. Une performance spectaculaire qui modifie la donne. Désormais, plutôt qu'un peloton de tête étroitement groupé dont les membres se surveillent avec une certaine prudence, il y a un favori clair après lequel tous les autres devront courir en prenant tous les risques... et en espérant qu'il fera une erreur à son tour.
Pour marquer l'événement, je déniche sur mon iPod un vieux succès de Nino Ferrer, "Satané Mirza", que nous faisons jouer à tue-tête sur la sono du Bum, au grand étonnement des voisins...
Nous allons jeter l'ancre à Grande-Anse, un mouillage plus vaste et mieux protégé que l'Anse-d'Arlet proprement dite. Là, après un bon repas à bord, Raphaëlle nous quitte malgré nos objurgations: elle doit recevoir des invités vendredi, et comme toute bonne Antillaise, tient absolument à ce que sa maison soit impeccable et tous les préparatifs réglés au petit poil avant qu'ils arrivent. Impossible de la faire changer d'idée.
Miguel et sa fille débarquent eux aussi, promettant de se joindre à nous dimanche pour l'étape finale. Avec seulement Charles à bord, nous nous sentons tout seuls!
La quatrième étape reprend une partie du parcours d'hier, des Anses-d'Arlet au Rocher du Diamant, et se termine par une régatte à trois bouées dans la Baie du Diamant. Joseph Cottrell se débat comme un beau diable pour rattraper son retard, mais c'est une autre yole, Rosette, qui anime le gros de la course... avant de chavirer misérablement (elle avait fait la même chose la veille) et de se retrouver reléguée loin derrière au classement cumulatif.
Cette fois encore, plusieurs grains menacent sans vraiment nous tremper. Une fois la passe du Rocher franchie, Gérard a rapidement positionné le Bum chromé le long de la mangrove devant la crique de la Cherry, d'où nous pouvons suivre l'ensemble des péripéties. Sitôt les premières yoles arrivées à la bouée finale sur la plage du Diamant, nous nous hâtons de trouver une bon mouillage à l'embouchure de la crique, en face du Novotel Diamond Rock. Juste à temps d'ailleurs, car nous sommes suivis de peu par les trois-quarts de la flotte des spectateurs, dont plusieurs n'arrivent pas à trouver place et doivent repartir vers des mouillages moins avantageux.
C'est au tour de Charles de nous quitter: il n'a que quelques kilomètres à faire pour rentrer chez lui, au-dessus du bourg du Diamant. Dès le matin suivant, il est remplacé par plusieurs membres de la famille de Gérard, dont sa maman Mathilde qui arrive avec un plantureux colombo de poulet pour le lunch, et par la nièce de Raymond Marie, Chantal, et sa copine Virginie. S'y ajoute une invitée surprise, Nathalie, jeune amie française de Gérard, qui devait nous accompagner pour une seule journée mais qui finira par faire le reste du Tour à bord.
L'étape d'aujourd'hui, presque en ligne droite à travers le front sud de la Martinique, prend la forme d'un long bras de régatte classique où les concurrents jouent au chat et à la souris, sans prendre d'avantage décisif. C'est finalement l'outsider marinois, Brasserie Lorraine, qui en profite pour se donner une légère avance qu'elle conserve de justesse sur Joseph Cottrell à l'arrivée sur la plage de sainte-Anne. Comme il s'agit d'un favori local (elle est basée au village voisin), cette victoire est bruyamment célébrée sur le front de mer et sur la flotte spectatrice -- le Bum chromé ne cédant pas sa place, chargé qu'il est de Marinois bon teint!
Plutôt que de mouiller au large de Sainte-Anne, nous décidons de rentrer au bercail de la Marina du Marin toute proche, histoire de faire un tour sur le plancher des vaches, de renouveler les provisions, de remplir les réservoirs d'eau presque vide et de recharger les batteries.
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